Belgique

Les hôpitaux ne seront plus dans le rouge en 2024 grâce à la baisse des prix de l’énergie.

Le déficit des 80 hôpitaux analysés est de 42 millions d euros, représentant une perte de 0,2% du chiffre d affaires. Sur ces 80 hôpitaux, 37 présentent un déficit, tandis que 25 affichent un léger bénéfice de moins de 1% du chiffre d affaires.


Belfius a publié son analyse annuelle sur la santé financière des hôpitaux en Belgique. Le rapport indique que bien que les finances s’améliorent, elles demeurent en zone rouge. Le déficit global des 80 hôpitaux étudiés s’élève à 42 millions d’euros, ce qui représente une perte de 0,2% du chiffre d’affaires. Ce chiffre montre un redressement par rapport à une perte de 174 millions d’euros en 2023 et de 150 millions d’euros en 2022.

Belfius explique ce retour progressif vers l’équilibre par une augmentation modérée des coûts (+ 5,8%) comparativement à l’évolution du chiffre d’affaires (+ 6,3%).

Ces résultats sont globaux et prennent en compte l’ensemble des hôpitaux. En effet, parmi les 80 établissements, 37 affichent un déficit, 25 génèrent un léger bénéfice de moins de 1% du chiffre d’affaires, tandis que seuls 18 d’entre eux dépassent un bénéfice de 1%.

**Des recettes en hausse de 6,3%**

Les revenus d’un hôpital proviennent principalement de trois sources :

1. Les honoraires, correspondant aux prestations médicales que le patient (ou sa mutuelle) paie pour chaque acte médical. Cette source représente près d’un tiers du chiffre d’affaires (36,5%) et a augmenté en 2024 de 8,3%, en grande partie en raison d’une indexation des honoraires de 6,05% effective depuis le 1er janvier 2024.

2. Le Budget des Moyens Financiers (« BMF »), qui intègre le financement par l’État des hôpitaux, notamment pour les soins infirmiers et le personnel non médical. Cette source a peu progressé en 2024 par rapport à l’année précédente (+ 2,5%), étant largement influencée par une inflation maîtrisée l’année dernière, contrairement aux années précédentes. Ce financement constitue la deuxième source de revenus des hôpitaux, représentant environ 35% de leur chiffre d’affaires.

3. Les revenus des produits pharmaceutiques, qui représentent un peu plus de 20% du chiffre d’affaires, ont également fortement augmenté en 2024 (+ 8,5%). Cette augmentation reflète une tendance générale à la hausse des coûts d’achat des médicaments, avec une augmentation de 10% sur les trois dernières années.

Au total, le chiffre d’affaires des hôpitaux a augmenté de 6,3% en 2024 par rapport à l’année précédente, et même de 6,5% si l’on prend en compte uniquement les produits d’exploitation.

**Des dépenses qui augmentent moins que les recettes**

Le principal poste de coût des hôpitaux est constitué par les charges de personnel (44,6% du chiffre d’affaires). L’inflation, ayant été faible, a permis de limiter la hausse de ce poste à 4,6%. Cette augmentation est en grande partie due à l’inflation et aux revalorisations barémiques, sans toutefois correspondre à une augmentation du nombre d’employés dans les hôpitaux. Les pénuries de personnel, déjà constatées auparavant, persistent.

Ainsi, les effectifs des hôpitaux n’ont augmenté que de 409 équivalents temps plein par rapport à 2023, sur plus de 110 000 employés au total, tandis que 3 530 postes demeurent vacants, dont la moitié concerne le personnel soignant.

Étant donné cette augmentation limitée des dépenses de personnel, l’évolution globale des dépenses reste contenue (+ 5,8%), inférieure à celle des recettes (+ 6,3%). Néanmoins, les autres postes de dépenses ont eux aussi augmenté : les frais généraux ont progressé de 4,8%, avec des achats de produits pharmaceutiques en hausse de 8,6%.

Notons également une baisse significative des coûts énergétiques : -130 millions d’euros, soit -35%. Cette économie contribue en grande partie à l’amélioration générale des finances des hôpitaux. En effet, la perte est passée de 174 millions d’euros en 2023 à 42 millions d’euros en 2024, soit 132 millions d’euros de pertes évitées.

Belfius observe également une hausse de 7,9% des honoraires des médecins, c’est-à-dire de la part des 100€ que paie un patient à l’hôpital, reversée au médecin.

**Tout va mieux ? Pas si sûr !**

En résumé, les nouvelles ne sont pas entièrement rassurantes. Bien que le déficit ait été réduit à 42 millions d’euros, représentant 0,2% du chiffre d’affaires, cette situation est loin des pertes de 174 millions d’euros en 2023 ou de 150 millions d’euros précédemment. Cela reste, selon les experts de Belfius, « un niveau trop faible pour permettre au secteur d’effectuer les investissements nécessaires et de les protéger contre de nouveaux chocs exogènes ». Il est prévu que l’exercice 2025 soit à son tour déficitaire, marquant la quatrième année consécutive de pertes.

Ces résultats, connus sous le nom de « courants », reflètent donc des activités majoritairement déficitaires. Comme les années précédentes, la situation financière des hôpitaux est soutenue par des événements exceptionnels, notamment des aides liées à la gestion de la pandémie de Covid et des compensations de financement étatique, dont certaines datent de 2016-2017.

Cette année, 289 millions d’euros ont été alloués pour compenser les pertes courantes de 42 millions d’euros. Ainsi, bien que 37 hôpitaux aient présenté un déficit selon leur résultat courant, seulement 16 se trouvent toujours dans le rouge lorsque l’on intègre ces corrections financières.

Pour Belfius, la situation financière des hôpitaux demeure fragile et varie d’un établissement à l’autre. Environ 25% des hôpitaux réussissent à dégager un bénéfice jugé suffisant (1% du chiffre d’affaires ou plus). Les défis à venir sont nombreux et potentiellement problématiques, incluant la pénurie de personnel, le vieillissement de la population, ainsi que des réformes ciblant les honoraires et les produits pharmaceutiques.

Belfius conclut sur les implications politiques qui devront être abordées dans le futur : « Si le secteur hospitalier a pu bénéficier d’importantes interventions financières des pouvoirs publics pendant la crise du COVID-19, les gouvernements doivent maintenant assainir leurs propres comptes publics, un processus qui pourrait affecter directement ou indirectement les soins de santé, en particulier pour les hôpitaux, notamment par le biais de mesures d’économies sur les honoraires, les médicaments ou une éventuelle augmentation de la TVA. »