Les États-Unis soutiendront l’Argentine si Javier Milei remporte les élections.
Javier Milei a été élu fin 2023 sur une promesse de « thérapie choc » contre les dépenses publiques. Le 7 septembre dernier, le parti de Milei a essuyé un cuisant revers lors d’un scrutin régional, perçu comme test en vue des législatives de mi-mandat, le 26 octobre.
Javier Milei est connu pour son style flamboyant. Amateur de heavy metal, économiste d’extrême droite, il apparaît avec des cheveux mi-longs, des favoris, des yeux bleus, et une veste en cuir. En pleine campagne électorale, il faisait la promotion de ses idées en brandissant une tronçonneuse pour symboliser la réduction des dépenses publiques qu’il promettait pour sauver l’Argentine, la troisième économie d’Amérique du Sud en 2023.
Élu à la fin de l’année 2023 avec la promesse d’une « thérapie choc » pour contrer les dépenses publiques, la situation économique a rapidement connu un coup d’arrêt sous l’effet de son austérité radicale.
**La politique de la tronçonneuse de Javier Milei**
La stratégie de Milei a consisté à lutter contre l’inflation en réduisant sévèrement les dépenses publiques et en dévaluant le peso. Il a réussi, durant quelques mois, à ralentir la hausse des prix, réduisant l’inflation mensuelle de plus de 20 % à un taux trois fois inférieur. Cette maîtrise de l’inflation s’est faite par le maintien du peso à un niveau ne reflétant pas la réalité économique argentine. Toutefois, cela s’accompagne d’une situation sociale préoccupante :
– La consommation a chuté
– Le chômage a augmenté de deux points
– Les salaires ont diminué
– La pauvreté a augmenté
– Les aides sociales ont baissé
L’optimisme d’une reprise rapide a rapidement laissé place au pessimisme. L’absence de confiance a engendré une stagnation économique. Un revers a été ressenti lors des élections régionales du 7 septembre dernier, où le parti de Milei a subi une défaite, un test avant les élections législatives de mi-mandat fixées au 26 octobre.
Un nouveau cercle vicieux s’est instauré, avec une chute importante du peso, incitant la Banque centrale à intervenir en puisant dans ses réserves de devises, ce qui a amplifié la panique sur le marché.
**Les États-Unis de Donald Trump volent au secours de l’Argentine**
À la fin septembre, Washington a annoncé une aide de 20 milliards de dollars. Dans la foulée, la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement ont accéléré l’envoi de fonds vers Buenos Aires, s’ajoutant aux 42 milliards de dollars déjà prêtés précédemment par les institutions financières internationales.
Après avoir fragilisé l’Argentine, Javier Milei se retrouve désormais dans une position où il doit demander de l’aide.
**À quoi ressemblera ce plan d’aide ?**
Le soutien américain se décline en deux volets. D’une part, un accord de swap de devises de 20 milliards de dollars permet à la Banque centrale d’Argentine d’acquérir des devises américaines pour soutenir le peso. D’autre part, les États-Unis ont également acheté de la monnaie argentine pour freiner sa dépréciation.
Cette initiative contraste avec la doctrine « America First » de Trump, qui habituellement tend à réduire l’aide internationale.
**Une stratégie politique pour empêcher le retour du péronisme**
Le soutien des États-Unis à l’Argentine répond à un objectif stratégique : éviter le retour des péronistes au pouvoir à Buenos Aires. L’intervention vise à stabiliser les marchés financiers et à soutenir la politique de Milei en vue des élections législatives du 26 octobre. Pour Washington, l’Argentine est un pays crucial, et aider Buenos Aires permet de renforcer son influence dans la région.
Sur le plan économique, les intentions américaines semblent claires : faire de l’Argentine un marché ouvert pour les entreprises américaines, notamment dans les secteurs des hydrocarbures et du lithium.
Cependant, ce plan pourrait susciter des réticences aux États-Unis. L’Argentine demeure un concurrent direct des agriculteurs américains en matière de production de soja, que Buenos Aires vend désormais à la Chine, tirant profit de la guerre commerciale entre Pékin et Washington.
**Quelles contreparties pour les États-Unis ?**
La presse argentine s’interroge sur les éventuelles contreparties américaines à cette aide : l’accès favorisé des investisseurs américains aux ressources argentines comme le lithium et l’uranium, un éloignement de l’Argentine vis-à-vis de la Chine, ou un assouplissement des régulations.
Les États-Unis espèrent que l’Argentine prenne ses distances avec la Chine, cherchant à contrer l’influence de Pékin en Amérique latine, traditionnellement favorable aux États-Unis. Milei a, par ailleurs, démenti que les États-Unis aient conditionné leur aide à la fin de l’accord de devises existant avec la Chine.
Il est à noter que Milei n’obtiendra pas de soutien financier s’il échoue aux élections législatives de mi-mandat. Donald Trump l’a clairement affirmé lors de leur dernière rencontre à Washington : « s’il ne gagne pas, nous partons. »

