Les Etats-Unis envoient un envoyé spécial au Groenland, l’UE soutient le Danemark.
Le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Løkke Rasmussen, a déclaré que la nomination d’un envoyé spécial américain au Groenland était totalement inacceptable et a convoqué l’ambassadeur des États-Unis pour des explications. En janvier dernier, 85% des Groenlandais s’étaient dits opposés à une future appartenance aux États-Unis, d’après un sondage publié dans le quotidien groenlandais Sermitsiaq.
* »Je suis profondément indigné par cette nomination et par cette déclaration, que je trouve totalement inacceptables »*, a déclaré le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Løkke Rasmussen, dans un entretien avec la chaîne de télévision TV2 Danemark.
* »Nous avons convoqué aujourd’hui l’ambassadeur des Etats-Unis au ministère des Affaires étrangères pour une réunion, avec le représentant du Groenland, au cours de laquelle nous avons tracé très clairement une ligne rouge et demandé également des explications »*, a-t-il précisé plus tard à la radio-télévision publique DR. * »Tant que nous avons un royaume au Danemark qui se compose du Danemark, des îles Féroé et du Groenland, nous ne pouvons pas accepter que certains sapent notre souveraineté »*, a-t-il averti.
*“L’intégrité territoriale et la souveraineté sont des principes fondamentaux du droit international, »* ont également déclaré sur X la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Antonio Costa. *“Ces principes sont essentiels non seulement pour l’Union européenne, mais aussi pour les nations du monde entier »*, ont-ils ajouté.
Le Premier ministre du Groenland, Jens-Frederik Nielsen, et la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, ont eux aussi publié une déclaration commune rappelant que *“les frontières nationales et la souveraineté des Etats sont fondées sur le droit international. On ne peut pas annexer un autre pays. Pas même en invoquant la sécurité internationale, »* ont affirmé les deux chefs de gouvernement, ajoutant attendre *“le respect de notre intégrité territoriale commune. »*
Dans un message sur Facebook destiné aux Groenlandais, Jens-Frederik Nielsen a estimé que la nomination d’un envoyé spécial américain ne changeait *“rien pour nous ici chez nous. Nous déterminerons notre avenir nous-mêmes. Le Groenland est notre pays, »* a-t-il déclaré, rappelant que *“le Groenland appartient aux Groenlandais. »*
Le président américain a annoncé dimanche la nomination du gouverneur de Louisiane (sud-est des Etats-Unis), le républicain Jeff Landry, au poste d’envoyé spécial des États-Unis au Groenland. *“Je suis heureux d’annoncer que je nomme le grand gouverneur de Louisiane, Jeff Landry, au poste d’envoyé spécial des Etats-Unis au Groenland, »* a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.
*“Jeff comprend à quel point le Groenland est essentiel à notre sécurité nationale et il défendra avec force les intérêts de notre pays pour la sûreté, la sécurité et la survie de nos alliés et, en fait, du monde entier. Félicitations, Jeff ! »* Après son élection, Donald Trump avait expliqué avoir *“besoin”* du Groenland, notamment pour la sécurité des États-Unis, répétant à plusieurs reprises son souhait de s’en emparer. Le Groenland, avec 57.000 habitants, soutenu par sa puissance tutélaire, a répondu qu’il n’était pas à vendre et qu’il voulait décider seul de son avenir.
Dans un message publié dimanche sur X, Jeff Landry a remercié Donald Trump. *“C’est un honneur de vous servir bénévolement pour faire du Groenland une partie des Etats-Unis,”* a-t-il affirmé, avant de préciser que sa nomination *“n’affecte en rien”* ses fonctions de gouverneur de la Louisiane. Jeff Landry avait salué en début d’année l’intention du président américain d’annexer le Groenland. Donald Trump *“a tout à fait raison !”* avait-il écrit sur X le 10 janvier. *“Nous devons faire en sorte que le Groenland rejoigne les États-Unis. Ce serait formidable pour lui, formidable pour nous ! Faisons-le ! »*
En janvier dernier, 85% des Groenlandais s’étaient déclarés opposés à une éventuelle appartenance aux États-Unis, selon un sondage publié dans le quotidien groenlandais Sermitsiaq. Seuls 6% y étaient favorables.
Pour Donald Trump, l’attrait du Groenland réside dans sa richesse minérale et sa position stratégique, à la croisée des océans Atlantique nord et Arctique. Fin mars, le vice-président américain, JD Vance, avait provoqué un tollé en annonçant une visite dans cette immense île arctique sans invitation. Face à la colère suscitée au Groenland, au Danemark et dans toute l’Europe, il avait limité son déplacement à la base aérienne américaine de Pituffik, la plus septentrionale des États-Unis.
Il avait profité de son séjour pour critiquer l’inaction présumée du Danemark au Groenland. Fin août, la télévision danoise avait révélé qu’au moins trois Américains liés à Donald Trump avaient mené des opérations d’influence dans ce territoire polaire.

