Les Engagés ciblés par l’opposition de gauche au Parlement sur l’accord estival: « Ils se sont couchés »
En commission, ce jeudi matin, le Premier ministre Bart De Wever répondait aux critiques de l’opposition au sujet du « zomerakkoord » obtenu lundi matin. Dans les rangs de la gauche francophone, la stratégie consiste à dénoncer le caractère « antisocial » des mesures adoptées et à accuser tout particulièrement le parti centriste d’être complice d’un détricotage de la Sécu.
- Publié le 24-07-2025 à 16h57
- Mis à jour le 24-07-2025 à 17h14

Le Premier ministre s’est présenté ce jeudi, à 10 heures, en commission de l’Intérieur de la Chambre. À la demande des députés, frustrés de ne pas pouvoir débattre du zomerakkoord du gouvernement fédéral – un accord obtenu lundi 21 juillet, à l’aurore –, une séance spéciale a été prévue. Très classiquement, l’opposition s’en est tenue à son rôle, celui de s’opposer… Dans les rangs de la gauche socialiste, marxiste, écologiste, les parlementaires ont bombardé le Premier ministre de reproches.
En résumé, la majorité Arizona aurait mis à terre 80 ans de construction du système de protection sociale belge en une seule nuit de discussions. Flexibilité sur le marché de l’emploi, travail de nuit, bonus/malus pour les pensions… Le gouvernement fédéral prépare les conditions pour un désert social, ont estimé plusieurs élus. Bart De Wever a botté en touche, alternant dans ses réponses humour et attaques plus politiques. À l’égard du PTB, qui dénonçait les atteintes au pouvoir d’achat de la population, le nationaliste flamand a invité ses députés à regarder de plus près le niveau de vie des pays dirigés par les communistes et d’en tirer les leçons pour eux-mêmes…
Une autre ligne de fracture
Au-delà de ces passes d’armes, une ligne de fracture plus subtile est apparue. Les Engagés, l’un des cinq partis de la coalition fédérale, constituent manifestement la cible privilégiée de l’opposition francophone. Un exemple : « Monsieur le Premier ministre, est intervenu le député PS Khalil Aouasti, vous prévoyez 907 millions d’économies (en matière de soins de santé) rien qu’en 2026, alors que Les Engagés et Vooruit disaient haut et fort que « jamais, on ne touchera à la santé ». À nouveau, ils se sont couchés, abandonnant leur grand combat sur le dos des personnes malades.«
Avec un certain lyrisme, le même parlementaire a également pointé le fait que les centristes et les libéraux seraient les jouets de Bart De Wever au sein du gouvernement. Cet accord estival, « c’est en réalité une victoire pour les partis politiques flamands. Une fois de plus, le MR et Les Engagés valident, accompagnent et collaborent, alors même que certains de leurs bourgmestres y sont opposés. Alors, quand vous refusez de dire « Vive la Belgique », Monsieur le Premier ministre, vous fêtez tous ces renoncements du MR et des Engagés.«
Riposte des Engagés
La balle tirée par le PS semble avoir atteint sa cible. Le député Jean-François Gatelier (Les Engagés) a tenu à préciser que sa formation se reconnaissait dans le compromis obtenu lundi. Et que ces mesures étaient loin d’être aussi antisociales que le prétend l’opposition : « Cet accord est-il de gauche ou de droite ? La droite flamande le juge trop social et la gauche francophone trop libéral. En réalité, cet accord est clairement ancré au centre. Il responsabilise tout en protégeant suffisamment pour irriter le patronat, trop pour que la gauche et l’extrême gauche aient l’honnêteté de le reconnaître. Quand la gauche crie à la trahison et la droite à la dérive, c’est que le centre fait son travail.«
guillement Cet accord est-il de gauche ou de droite ? La droite flamande le juge trop social et la gauche francophone trop libéral. En réalité, cet accord est clairement ancré au centre.«
Plus analytiquement, il semblait écrit que Les Engagés ne seraient pas épargnés durant cette législature. Aux dernières élections, ils ont dû notamment leur victoire à un transfert de voix venant du PS ou encore d’Ecolo. Le parti, remodelé par Maxime Prévot, assume désormais une ligne plus centriste mais certains de ses cadres et de ses militants gardent un ADN de centre-gauche, sur le modèle de l’ancien CDH de Joëlle Milquet. La gauche francophone sait qu’en présentant Les Engagés comme le petit satellite du MR, comme le « maillon faible » de la coalition fédérale dont le cœur battrait à droite, cela peut faire mouche.


