Le plein-emploi et le chômage, qui n’atteindra jamais 0%
Emmanuel Macron s’est engagé à ramener le taux de chômage à 5% d’ici 2027 en France. Selon les dernières données publiées par Statbel, le taux d’emploi a atteint 73,3% chez les 20-64 ans au deuxième trimestre de 2025 en Belgique.
Le plein emploi est-il un objectif économique à poursuivre impérativement ? C’est particulièrement vrai en France, où Emmanuel Macron s’est engagé à ramener le taux de chômage à 5 % d’ici 2027. En Belgique, le gouvernement fédéral vise un taux d’emploi de 80 % avant la fin de la législature, en 2029 ; selon les dernières données de Statbel, ce taux a atteint 73,3 % chez les 20-64 ans au deuxième trimestre de 2025.
Dans le cadre de notre initiative Parlons Solutions, nous avons interviewé Muriel Dejemeppe, professeure d’économie à l’UCLouvain, chercheuse à l’Institute of Economic and Social Research (IRES/LIDAM) et rédactrice en chef de la revue scientifique Regards économiques.
Même dans les économies les plus dynamiques, il y aura toujours un certain niveau de chômage
« Le plein emploi, ça n’existe pas ! », déclare-t-elle immédiatement. « Parce que c’est une situation dans laquelle toutes les personnes qui souhaitent travailler ont un emploi. Donc ça signifie, en théorie, qu’il n’y a pas de chômage. Mais ça, c’est en théorie… En pratique, il est clair qu’une situation sans chômage n’est pas réaliste. »
Effectivement, il serait illusoire de penser que le chômage puisse totalement disparaître. À tout moment, un certain nombre de personnes se retrouvent sans emploi, que ce soit de manière temporaire et pour des raisons n’étant pas forcément liées à l’état de l’économie.
« Tous les jours, il y a des personnes qui quittent leur travail pour en commencer un autre, il y a des personnes qui sont licenciées ou encore des jeunes en recherche de leur premier job, et donc, de façon permanente, il y a des gens qui recherchent un emploi », explique Muriel Dejemeppe. « Même dans les économies les plus dynamiques au monde, il y aura toujours un certain niveau de chômage, et donc on ne sera jamais tout à fait au plein emploi. »
Une part incompressible de chômage
Cette part incompressible de chômage, liée aux « frictions » des différentes phases de la vie professionnelle, est ce que l’on appelle le chômage frictionnel. Ainsi, lorsque le concept de plein emploi est évoqué dans les médias ou en politique, il est généralement admis qu’il y a un niveau minimum de chômage, typiquement situé entre 3 et 5 %. En d’autres termes, un taux de chômage de 5 % peut être assimilé à une situation de « plein emploi ».
Par ailleurs, si le taux de chômage devait descendre en dessous de 5 % et se rapprocher de 0 %, cela pourrait avoir des conséquences négatives pour l’économie, comme l’explique Muriel Dejemeppe : « Si le chômage est bas, les entreprises en croissance auront des difficultés à recruter, ce qui peut entraîner une hausse des salaires, car elles se disputent les travailleurs disponibles. À terme, cela peut même freiner les embauches et être néfaste pour l’économie. Ainsi, un taux de chômage de 0 %, ce n’est ni réaliste ni souhaitable, surtout lorsqu’il y a des problèmes de recrutement dans l’économie. Le véritable enjeu consiste à aider les inactifs, c’est-à-dire les personnes éloignées du marché du travail, à y revenir plutôt que de simplement chercher à faire diminuer les chiffres du chômage. »

