Le métier de croque-mort ne cesse d’attirer les jeunes.
Cléo Duponcheel est croque-mort depuis plus de 10 ans et considère que son métier a du sens. Selon Lien Verfaillie, porte-parole de DELA, « les jeunes cherchent de plus en plus un travail dans lequel ils peuvent avoir un impact concret ».
En quête de sens
Cléo Duponcheel, une jeune femme de la trentaine, est passionnée par son métier de croque-mort qu’elle exerce depuis plus de 10 ans. « J’aime bien faire les choses différemment des autres. Du coup, je me suis dit que c’était un métier atypique, fait pour moi ». Elle semble avoir trouvé sa vocation. Pour elle, son travail a du sens et c’est ce qui lui plaît le plus. « Je ne prétends pas sauver le monde, mais voir ce que je peux faire pour rendre les défunts les plus apaisés et beaux possible, pour moi, c’est hyper important« .
Sa recherche de sens est corroborée par une étude de DELA. « Les jeunes cherchent de plus en plus un travail dans lequel ils peuvent avoir un impact concret et c’est quelque chose qu’on peut trouver dans le secteur funéraire« , souligne Lien Verfaillie, porte-parole de DELA.
Un métier en pleine évolution
Plusieurs éléments expliquent l’intérêt croissant pour cette profession, qui peut sembler off-putting au premier abord. « La manière dont se passent les funérailles aujourd’hui a bien changé. Elles deviennent de plus en plus personnalisées. Ce sont des hommages à la vie, contrairement à autrefois où il y avait peu de place pour la créativité. Et ça, ça attire aussi les jeunes », ajoute Lien Verfaillie.
Le métier est de plus en plus conciliable avec une vie de famille. Finie l’époque où les employés des pompes funèbres étaient mobilisables sept jours sur sept, 24 heures sur 24. « On travaille en équipe. Ça permet de prendre des jours de repos et de les passer chez soi avec son compagnon, sa compagne ou ses enfants », précise la porte-parole.
Des valeurs nouvelles portées par la jeune génération
Le rajeunissement et la féminisation de la profession apportent de nouvelles valeurs, en phase avec les défis contemporains. On observe une montée en puissance de la durabilité, de l’attention portée aux plus démunis, ainsi que des rituels personnalisés qui s’adaptent aux convictions de chacun(e).
Cléo est très engagée. Elle fait partie de l’ASBL « Compostez-moi !« , qui milite pour la légalisation du compostage funéraire comme mode de sépulture en complément de l’inhumation. Elle est également impliquée dans le collectif bruxellois « les Morts de la Rue« , qui offre des sépultures dignes aux personnes sans-abri.
Cléo, une croque-madame engagée
Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement
Entre empathie et self-contrôle
Concernant la question de la charge émotionnelle de ce métier, Cléo explique qu’il s’agit d’un équilibre à trouver. « Si on fait ce métier et qu’on ne ressent rien, il faut en changer parce qu’on risque de devenir mauvais dans ce qu’on fait. Un(e) croque-mort qui est là dans son coin et qui regarde sa montre en attendant que ça passe, c’est juste horrible pour une famille ! Il ne s’agit pas de pleurer toutes les larmes de son corps dans les bras de proches endeuillés évidemment. Ils ont besoin de quelqu’un de stable pour les aider, les accompagner ; mais on reste un être humain, avec des émotions. Et ça n’est pas parce que je verse une larme que je ne sais plus faire mon travail. C’est une question de self-contrôle ».
J’ai chialé un bon coup. Et puis, la vie continue
Cléo se rappelle d’une petite fille dont elle s’est occupée. « J’ai dû lâcher la pression en rentrant chez moi. J’ai chialé un bon coup. Et puis, la vie continue. Elle restera toujours dans ma tête, pas comme un traumatisme, mais comme un souvenir, quelqu’un qui aura compté dans ma vie, même si je ne l’ai pas connue de son vivant« .
Un métier en pénurie
Alors que le secteur des pompes funèbres attire de plus en plus de jeunes, cela constitue une bonne nouvelle pour une profession qui souffre d’une pénurie de personnel qualifié. « C’est important et nécessaire pour remplacer les employés qui partent à la retraite. De nombreux postes sont d’ailleurs à pourvoir, tous métiers confondus, de porteur à conseiller/conseillère ou entrepreneur(e) funéraire, en passant par les hôtesses », précise Lien Verfaillie. Il faut également prendre en compte les thanatopracteurs/thanatopractrices ou maîtres et maîtresses de cérémonie. Les différentes tâches que cela implique font de Cléo une véritable passionnée. Elle déclare qu’elle ne changerait de métier pour rien au monde.

