Belgique

Le cordon sanitaire contre l’extrême-droite ne vit peut-être plus, Paul Magnette appelle à l’adapter.

Depuis 1991, le président du Parti socialiste affirme qu’il faut repenser le cordon sanitaire par rapport à l’extrême-droite. Tous les partis démocratiques représentés au Parlement ont accepté l’invitation de Paul Magnette à discuter du cordon sanitaire, à l’exception du MR qui n’a pas officiellement répondu.


Mais depuis 1991, le paysage mondial a évolué. Pour le président du Parti socialiste, « un parti qui a toujours été en pointe dans la lutte contre l’extrême-droite », il est nécessaire de repenser le cordon sanitaire afin de l’adapter à la réalité actuelle.

« Il est très préoccupant de constater aujourd’hui des attaques contre les médias de service public, contre le monde syndical, contre le monde de la recherche, que l’on se moque du monde de la culture, etc. Tout cela est malheureusement typique d’une dérive autoritaire que l’on a observée chez Orban, chez Meloni, que l’on voit chez Trump aux États-Unis et qui, malheureusement, se propage chez nous », remarque Paul Magnette.

Il appelle donc les partis démocratiques à réfléchir sur l’extrême-droite dans une société perturbée par les réseaux sociaux. Cela relève, selon Paul Magnette, de sa « responsabilité » en tant que président du PS, car « on sape les bases de la démocratie ».

### « C’est beaucoup plus grave et général »

Paul Magnette ne se limite pas à évoquer le président du MR, Georges-Louis Bouchez. « C’est beaucoup plus grave et général », a-t-il répété lors d’un entretien sur la Première. « Je ne dis pas que le MR est xénophobe et je ne veux pas en faire un sujet autour d’un parti politique et de son président », a-t-il précisé.

Les propos du président du PS sont choisis avec soin. Le MR fait bel et bien partie de l’équation, et des politologues signalent l’évolution idéologique du Mouvement Réformateur : « Ce sont des politologues qui le disent, des propos, des tweets sont relayés par le MR. C’est un constat factuel, je n’ai rien inventé. Des militants d’extrême-droite sont accueillis au sein du MR avec une régularité très importante. C’est un phénomène très préoccupant. On a vu jusqu’à des ministres MR relayer des propos d’extrême-droite ».

Quand le président du MR mentionne des personnes touchant des allocations sociales tout en ayant une maison au Maroc, Paul Magnette estime qu’il s’agit d’une forme de « xénophobie euphémisée ».

À plusieurs reprises, le président socialiste dénonce également la « banalisation » des discours d’extrême-droite sur les réseaux sociaux et fait référence à Georges-Louis Bouchez en déclarant : « Quand le président du MR dit qu’il y a des gens qui touchent des allocations sociales et qui ont une maison au Maroc, ça s’appelle une forme de xénophobie euphémisée. Il aurait très bien pu dire, il y a des gens qui touchent des allocations sociales et qui ont un appartement à la mer du Nord ou un appartement à Valence ».

Pour Paul Magnette, cela constitue une stratégie, voire un « écran de fumée » du MR pour détourner l’attention des véritables problèmes qui affectent les citoyens.

### Démonter, décortiquer, dénoncer

Dans le contexte où le PS invite les autres partis démocratiques à discuter du cordon sanitaire, Paul Magnette insiste sur le fait qu’il « refuse de débattre avec l’extrême-droite ».

Il explique que « nous devons prendre tous les arguments typiques de l’extrême-droite, que ce soit cette xénophobie plus ou moins directe ou indirecte, que ce soit les attaques homophobes, que ce soit les attaques climatosceptiques, que ce soit les attaques contre les plus pauvres, que ce soit les attaques contre tous les corps intermédiaires (les médias indépendants, la recherche, les syndicats, les mutuelles, etc.). Tout cela est symptomatique d’une dérive autoritaire dans notre société qui est très préoccupante ».

Il appelle non pas à donner la parole à ces propos, mais à « démonter, décortiquer et dénoncer » les discours extrémistes.

Il ajoute qu’il ne faut pas confondre extrême-droite et extrême-gauche. Si des propos similaires étaient tenus par l’extrême-gauche, « J’aurais exactement la même attitude vis-à-vis de l’extrême-gauche. Je le condamnerais exactement avec la même vigueur. Mais je ne vois pas de propos xénophobes ou d’attaques contre les pauvres, contre les médias indépendants du côté de l’extrême-gauche », conclut-il.

Concernant la réaction des autres partis à son appel sur le cordon sanitaire, tous les partis démocratiques représentés au Parlement (Ecolo, Engagés, PTB, DéFI) ont accepté l’invitation. En revanche, le MR n’a pas encore répondu officiellement, mais devrait la décliner, selon Le Soir.

Des responsables du MR ont déjà réagi à la proposition de Paul Magnette, certains d’entre eux qualifiant ses propos d’attaques scandaleuses. « Des propos écœurants », a déclaré le député Mathieu Michel sur LN24.

Le député Denis Ducarme a quant à lui affirmé que le débat devait principalement cibler l’extrême-droite et l’extrême-gauche, « non servir à légitimer la seconde en offrant une conscience au PS qui s’allie avec elle dans nos villes sans le moindre scrupule ».