Belgique

Le cadeau fiscal dissimulé aux footballeurs belges.

Le coût du plafonnement des cotisations patronales sur les très hauts salaires est estimé, pour 2026, à 75 millions d’euros. Selon les tableaux que nous avons consultés, 1396 Belges seront concernés par la mesure au premier semestre de l’an prochain.


La loi-programme a été publiée cet été, et les effets des différentes mesures commencent à se préciser, car il est nécessaire de budgétiser leur impact. Pour 2026, le coût du plafonnement des cotisations patronales sur les très hauts salaires est estimé à 75 millions d’euros. Cette mesure constitue un avantage fiscal destiné à alléger les charges sur les salaires supérieurs à 340.000 euros par an.

Concrètement, auparavant, les cotisations patronales étaient calculées sur l’intégralité du salaire ; depuis le 1er juillet, aucune cotisation n’est due sur la partie de salaire excédant le plafond de 85.000 euros par trimestre, soit 340.000 euros par an.

La mesure, soutenue par le ministre de l’Emploi David Clarinval et le ministre des Affaires sociales Frank Vandenbroucke, vise à « remédier structurellement aux désavantages concurrentiels de l’économie belge ». Dès l’été, des syndicats ont dénoncé les pertes substantielles pour la sécurité sociale, soulevant la question de la pertinence de cette mesure.

Selon les tableaux consultés, 1.396 Belges seront concernés par cette mesure au premier semestre de l’année prochaine. Les estimations indiquent également qu’une part significative de ce groupe est composée de sportifs. Une analyse par secteur d’activité montre que l’exonération des cotisations est concentrée dans certains domaines. Ci-dessous, nous présentons la répartition de chaque secteur en fonction de la masse salariale dépassant le plafond.

Une enquête menée l’an dernier par nos confrères du Morgen estimait à 200 millions d’euros par an les avantages fiscaux dont bénéficie la Jupiler League. Le précédent gouvernement fédéral avait déjà connu des tensions en tentant de supprimer la niche fiscale dont profitent les clubs professionnels et leurs joueurs. L’équipe « Vivaldi », en 2022, a mis fin au « forfait sportif » en intégrant désormais les sportifs rémunérés dans le régime général de sécurité sociale.

Selon l’économiste Étienne de Callataÿ, cofondateur d’une société de gestion patrimoniale, les bénéfices d’une réforme fiscale ne devraient pas se concentrer sur un seul secteur, et encore moins sur celui du football professionnel, qu’il considère déjà largement privilégié et dont l’impact économique reste, selon lui, « faible, voire nul ».

Il admet qu’un plafonnement des cotisations patronales peut, en théorie, stimuler l’économie en favorisant l’emploi, mais pas à n’importe quel prix. « Un plafond fiscal qui ne concerne même pas 1.500 personnes ne peut pas avoir d’effet réel sur l’économie », prévient-il. Ce plafonnement est limité aux salaires très élevés, ce qui le rend trop ciblé pour produire un impact significatif sur l’économie nationale.

À son avis, cette mesure ressemble davantage à un « cadeau fiscal déguisé » qu’à une véritable réforme structurelle.