Belgique

« La N-VA resserre son emprise sur le secteur culturel anversois, précieux instrument de pouvoir »

La croisade de Bart De Wever contre la pensée woke, “cette guerre qui ruine de l’intérieur la société occidentale”

Une même emprise nationaliste se fait sentir aujourd’hui sur le secteur artistique et culturel flamand. Dans la ville du bourgmestre Bart De Wever, majorité et opposition s’étripent dans le domaine très convoité de la culture. L’art et la culture y sont devenus des instruments du pouvoir en place. En novembre dernier, cinq stadsdichters d’Anvers (poètes nommés par la ville) avaient démissionné, après la censure d’un poème de Ruth Lasters sur l’inégalité de traitement des enfants dans l’enseignement professionnel. Le poème avait été qualifié de “pamphlet politique et critique” par l’échevine N-VA Nabila Ait Daoud. Les poètes officiels d’Anvers avaient alors dénoncé un climat de travail toxique estimant que la poésie doit apporter de la chaleur à la société. Or, la froideur de la gestion d’Anvers est, selon eux, en contradiction totale avec cette philosophie.

Un nouvel incident, révélateur de l’appétit nationaliste dans le domaine culturel, est venu s’ajouter aux relations déjà compliquées entre la N-VA et le secteur culturel anversois. À l’initiative du premier député provincial Luc Lemmens (N-VA), l’échevine N-VA de la Culture, Nabila Ait Daoud, vient de décider de déplacer, dans la cage d’escalier du théâtre Arenberg rénové et géré par les autorités anversoises, quatre portraits du célèbre photographe Mous Lambarat dont deux représentent des femmes portant le voile. La N-VA souhaite accrocher toutefois aux cimaises des tableaux du dix-neuvième siècle qui s’y trouvaient encore récemment. L’élu N-VA Luc Lemmens estime que ces portraits, représentant des personnages historiques, témoignent de l’histoire de la Flandre et “que l’on n’efface pas le passé historique de la Métropole.

L’échevine Ait Daoud précise qu’elle s’oppose à la “cancel culture”. Elle dit ne pas s’opposer pas aux photographies témoignant de la diversité culturelle dans la ville mais défend sa décision de valoriser le patrimoine de la ville. La décision de la N-VA serait, en partie du moins, à l’origine de la démission de Milan Rutten, le directeur du théâtre Arenberg, intervenue fin février.

Groen a qualifié de “scandaleux” cette décision de la N-VA et a l’intention d’interpeller l’échevine au conseil communal. L’élu Groen Niel Staes constate que “pour la N-VA le canon flamand prime sur la diversité et la liberté d’expression. Les jeunes artistes passent après l’art ancien.” Quant au parti socialiste Vooruit, il dit regretter que l’autonomie des acteurs culturels est la première victime de ce combat identitaire de la N-VA.

« Wokisme, cancel culture et décolonialisme font des ravages »