Belgique

La fête amère de la Fédération Wallonie-Bruxelles

La Fédération Wallonie-Bruxelles présentait un déficit de 1,5 milliard en 2024, avec des recettes de 13 milliards € et des dépenses de 14,5 milliards €. Selon les experts, la dette de la Fédération passerait à plus de 21 milliards € à l’horizon 2029, représentant 148% des recettes.


La Fédération Wallonie-Bruxelles, toujours officiellement appelée Communauté Française de Belgique, se trouve contrainte de célébrer ce 27 septembre. L’ambiance n’est pas à la fête et tout paraîtra artificiel.

## La dette, mal endémique

Un rapport d’experts, commandé par le gouvernement en place, confirme sans ambiguïté une situation déjà connue.

En 2024, la Fédération affiche un déficit de 1,5 milliard : les recettes s’élèvent actuellement à 13 milliards d’euros, tandis que les dépenses atteignent 14,5 milliards d’euros.

La dette ne cesse d’augmenter et le déficit est prévu pour croître, à moins que des mesures ne soient prises.

Selon les experts, la dette de la Fédération pourrait doubler au cours des dix prochaines années.

Cependant, la FWB dispose de peu de leviers. Il lui est institutionnellement impossible de générer de nouvelles recettes.

La Fédération reçoit des dotations du fédéral : une partie des recettes de la TVA (70% des fonds) et une part des recettes de l’IPP (l’impôt sur les personnes physiques, 25% des fonds). Elle ne peut prélever aucune nouvelle taxe.

En outre, les perspectives de recettes sont en baisse : la croissance économique demeure faible et la natalité francophone est en déclin, ce qui impacte le nombre d’élèves, critère déterminant pour la répartition des ressources fédérales entre les Communautés.

Les experts prévoient ainsi une diminution des recettes de 75 millions d’euros entre 2025 et 2029.

D’autre part, les dépenses continuent d’augmenter, bien au-delà de l’inflation.

La situation budgétaire de la FWB s’est donc significativement détériorée ces dernières années.

Entre 2016 et 2024, les recettes ont augmenté de 3,6 milliards d’euros, soit une progression de 37%. Pendant ce temps, les dépenses ont grimpé de 4,6 milliards d’euros, soit une augmentation de 46%. Par conséquent, le déficit s’est accru d’un peu plus d’un milliard d’euros, passant de 0,4 milliard d’euros en 2016 à 1,4 milliard d’euros en 2024.

La forte inflation durant cette période a bien sûr influencé les dépenses (mais aussi les recettes). Toutefois, l’accroissement des dépenses a été plus prononcé que celui des recettes, dépassant même la simple inflation. De plus, sur cette même période, le nombre d’élèves dans l’enseignement obligatoire a diminué.

«Ces hausses ont principalement répondu à des objectifs de renforcement des politiques publiques, à savoir le soutien de secteurs en tension (aide à la jeunesse, enseignement, culture), l’amélioration de l’accès (gratuité scolaire, allocations d’études, égalité des chances), le développement de l’offre de services publics (création de places en crèches, renforcement et revalorisation du personnel), la modernisation de l’administration et la prise en charge de nouvelles missions institutionnelles (autonomisation de WBE, financement des infrastructures hospitalières et renforcement des maisons de justice)», soulignent les experts dans leur rapport.

## Une dette qui s’emballe

La dette actuelle de la FWB, arrêtée au 31 décembre 2024, est jugée supportable par les experts. Elle s’élève à un peu moins de 13 milliards d’euros, soit 98,4% des recettes de la FWB.

Cependant, si la politique actuelle demeure inchangée, elle pourrait atteindre plus de 21 milliards d’euros d’ici 2029 (148% des recettes) et grimper à 32 milliards d’euros en 2040 (172% des recettes). Les charges d’intérêts pourraient même doubler d’ici 2029, passant de 288 millions d’euros en 2025 à 583 millions d’euros en 2029, en raison principalement de la hausse des taux d’intérêt à long terme.

Dans ce contexte, le comité d’experts redoute un phénomène d’emballement insoutenable de la dette de la FWB. De premières économies ont déjà été intégrées au budget 2025, mais celles-ci restent insuffisantes d’un point de vue budgétaire.

La Fédération Wallonie-Bruxelles/Communauté Française s’apprête ainsi à revivre les mêmes difficultés qu’elle a déjà connues dans les années 1990 et ne pourra cette fois-ci pas compter sur un refinancement du fédéral, comme ce fut le cas lors de la 5e Réforme de l’État (2001).

La majorité MR-Engagés se doit donc de dégager des pistes d’économies significatives.