Belgique

La famille de Sourour, décédée dans un commissariat de Bruxelles, attend encore des explications: « Nous voyons un rideau de fer se fermer devant nous »

La ministre n’a pas voulu se prononcer sur ces faits tant que le service d’enquête du Comité P, organe de contrôle des services de police, n’a pas bouclé ses investigations. « Je comprends les besoins de clarification mais il ne faut pas intervenir dans une enquête judiciaire sinon on risque de mettre en péril sa sérénité et sa légalité, et les résultats de celle-ci », a-t-elle expliqué.

Le 4 mars, des centaines de personnes se sont rassemblées devant le Palais de justice place Poelart pour réclamer la clarté sur les faits troublants qui ont entouré le décès de cette femme de 46 ans, le troisième à survenir dans ce commissariat.

Mercredi, en commission de l’Intérieur, les députés Khalil Aouasti (PS), Nabil Boukili (PTB) et François De Smet (DéFI) ont interrogé la ministre sur l’état de l’enquête. « La plus grande transparence doit être faite », a réclamé le député socialiste.

La famille de la victime était présente à la Chambre, dans la tribune du public.

« Nous voyons un rideau de fer se fermer devant nous », a souligné Soumaya Abouda, soeur de la victime. « On voudrait juste une ouverture, plus de transparence pour atténuer notre souffrance et notre colère mais nous restons avec des bribes d’informations », a renchéri son frère, Bayram. « Ces questions augmentent notre frustration au quotidien. Les violences policières sont aussi les violences psychologiques sur les familles. On a assassiné notre soeur, on nous assassine à petit feu ».

Le fils de Sourour, décédée dans une cellule de Bruxelles, rend hommage à sa mère: « Un décès dans un commissariat est anormal et impardonnable »

Employée dans le secteur social à Bruxelles, Sourour Abouda avait été arrêtée en état d’ébriété le 12 janvier rue Américaine à Bruxelles. Elle avait alors été enfermée dans une cellule de la police de Bruxelles rue Royale, où elle fut retrouvée sans vie un peu plus tard.

Le parquet avait fait état dans un premier temps d’un suicide puis d’un auto-étranglement, une thèse qui est aujourd’hui mise à mal par la vidéo partielle dont la famille a eu connaissance et qui montre notamment la victime prise de convulsions, sans intervention de la police malgré la présence d’une caméra.

Si la ministre n’a pas voulu communiquer d’éléments de l’enquête, elle a en revanche détaillé une directive policière organisant la prise en charge de personnes en état d’ébriété ou qui souffrent de problèmes de santé et dont l’état nécessite la prise de médicaments et/ou l’intervention d’un médecin. « Ma soeur cochait plusieurs des cases », a assuré Soumaya Abouda.

La ministre n’a pas évoqué, malgré la demande des députés, la possibilité d’un audit sur le commissariat où le décès a eu lieu.

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