La cathédrale Saints-Michel-et-Gudule célèbre ses 800 ans
L’église Saint-Michel devient la collégiale Saints-Michel-et-Gudule en 1047, lorsque le comte Lambert II de Louvain et son épouse Oda fondent un chapitre de douze chanoines et y transfèrent les reliques de sainte Gudule. Elle est élevée au rang de cathédrale Saints-Michel-et-Gudule en 1961, lors de la création de l’archevêché de Malines-Bruxelles.
Il s’agissait à l’origine d’une modeste église romane érigée au 7e ou 8e siècle. En 1047, le comte Lambert II de Louvain et son épouse Oda établissent un chapitre de douze chanoines dans l’église Saint-Michel et y transfèrent les reliques de sainte Gudule, qui étaient précédemment conservées à l’église Saint-Géry. L’édifice devient alors la collégiale Saints-Michel-et-Gudule et un important centre de pèlerinage.
Au 13e siècle, les ducs de Brabant prennent la décision de reconstruire l’édifice dans un style gothique. Les travaux, initiés entre 1220 et 1226, se poursuivent jusqu’au 15e siècle. La collégiale, inspirée par le modèle de Notre-Dame de Paris, est représentative du style gothique brabançon, depuis les formes les plus anciennes jusqu’aux plus récentes.
La grande sœur Notre-Dame
« C’est vrai, nous sommes une petite sœur de notre salle de Paris parce qu’il y a une centaine d’années entre la construction des deux cathédrales. Nous sommes évidemment moins prestigieux parce que les fonds et l’argent étaient plus réduits ici à Bruxelles », explique Pierre Terlinden, architecte et membre de la Fabrique d’Église.
La charpente en bois de chêne remonte au 15e siècle, tout comme les deux tours de style gothique brabançon mesurant 69 mètres. « Sur la tour nord, il y a un chapeau en cuivre vert sur lequel, dans les siècles passés, une guérite en bois a été construite pour le guetteur de la ville », précise Pierre Terlinden. « Ce guetteur surveillait la ville, jour et nuit, repérant les incendies ainsi que l’arrivée des armées ennemies ».
Le souffle de la Révolution française
Au 16e siècle, en 1559 très précisément, la collégiale est placée sous l’autorité de l’archevêque de Malines, affirmant ainsi son statut majeur dans le paysage religieux de Bruxelles. Toutefois, les chapitres sont supprimés lors de la Révolution française en 1797, et l’église devient simple paroisse en 1800. Il faut attendre le 20e siècle, en 1961, pour que l’ancienne collégiale soit officiellement élevée au rang de cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, lors de la création de l’archevêché de Malines-Bruxelles.
Bien que la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule soit dominée par le style gothique brabançon, elle intègre également des ajouts et des décors plus tardifs, notamment baroques et néogothiques. Il s’agit donc d’un édifice principalement gothique, enrichi de couches stylistiques postérieures.
La cathédrale a subi des restaurations aux 19e et 20e siècles, dans un esprit néogothique visant à harmoniser ou à compléter certaines parties. Ces interventions ont parfois introduit des remplages, vitraux ou détails sculptés d’inspiration médiévale, qui appartiennent en réalité au néogothique, tout en restant discrets par rapport au noyau gothique brabançon.
Mariages royaux, enterrements et Te Deum
La cathédrale demeure un lieu clé pour les rites de la famille royale belge. Le mariage religieux d’Albert I et Élisabeth en Bavière a été célébré à la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule le 2 octobre 1900. Le roi Léopold II et la princesse Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine s’y sont mariés le 22 août 1853. Le mariage de Léopold III avec Astrid de Suède a eu lieu le 10 novembre 1926.
Le mariage du prince Albert, futur roi Albert II, avec Paola Ruffo di Calabria, s’est déroulé le 2 juillet 1959. Celui du roi Baudouin avec Fabiola de Mora y Aragón a été célébré à la cathédrale le 15 décembre 1960. Enfin, à l’aube du 21e siècle, le mariage du prince Philippe, duc de Brabant, aujourd’hui roi des Belges, avec Mathilde d’Udekem d’Acoz s’est tenu à la cathédrale le 4 décembre 1999.
La cathédrale Saints-Michel-et-Gudule reste l’église de la monarchie belge pour les mariages et les funérailles, sans oublier les Te Deum célébrés à l’occasion de la fête nationale le 21 juillet et le 15 novembre pour la fête du Roi.

