Belgique

La Biélorussie libère 123 prisonniers politiques, Ales Bialiatski et Maria Kolesnikov inclus.

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a gracié « 123 citoyens de différents pays » après des discussions avec les Etats-Unis, sans fournir les noms des personnes libérées. Plus de 110 personnes libérées par le Bélarus à la demande des Etats-Unis ont été transférées en Ukraine, selon le centre de coordination ukrainien pour les prisonniers de guerre.


La Biélorussie a libéré un groupe de 123 personnes, comprenant des opposants politiques notables. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a accordé sa grâce à ces « 123 citoyens de différents pays » suite à des discussions avec les États-Unis, comme l’a rapporté sur Telegram le compte Poul Pervogo, lié à la présidence, sans révéler l’identité des personnes libérées.

Selon l’ONG de défense des droits humains Viasna, parmi les personnes libérées figurent Alès Bialiatski, colauréat du Prix Nobel de la paix 2022, et l’opposante Maria Kolesnikova. L’opposant Viktor Babariko, ancien banquier devenu un critique du président Alexandre Loukachenko, fait également partie des libérés.

Âgé de 63 ans, Ales Bialiatski a fondé Viasna en 1996 et a été un acteur clé dans la défense des droits humains en Biélorussie, apportant des informations essentielles sur les répressions dans ce pays d’Europe orientale.

Maria Kolesnikova, 43 ans, musicienne de formation, a été à la tête des manifestations massives contre la réélection contestée d’Alexandre Loukachenko en 2020. Tous deux avaient été arrêtés lors de la répression sévère de ces mouvements de protestation et condamnés à des peines de prison sévères.

À sa sortie de prison, Maria Kolesnikova a réclamé la libération des centaines de prisonniers politiques encore détenus dans ce pays allié à la Russie. « Je pense aux gens qui ne sont pas encore libres et j’attends ce moment où nous pourrons tous nous prendre dans les bras, où nous pourrons tous nous voir et où nous serons tous libres », a-t-elle déclaré depuis l’Ukraine dans une vidéo diffusée par le programme gouvernemental ukrainien « Je veux vivre ».

« Viktor Babariko a été libéré, » a confirmé Viasna sur son compte Telegram, peu après l’annonce de Washington concernant la levée des sanctions américaines sur le potassium biélorusse.

Alors qu’il était en détention, Alès Bialiatski a reçu en 2022 le Prix Nobel de la paix, conjointement avec l’ONG Memorial (Russie) et le Centre pour les libertés civiles (Ukraine). « Je lui ai parlé, il est en route pour la Lituanie, il se sent bien », a déclaré à l’AFP son épouse, Natalia Pintchouk.

Ces libérations interviennent après qu’un émissaire américain, John Coale, a annoncé la levée des sanctions des États-Unis sur le potassium, un élément clé de la fabrication d’engrais dont la Biélorussie est un important producteur.

Ces derniers mois, Donald Trump a incité, entre autres, la Biélorussie à libérer les centaines de prisonniers politiques. Le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis plus de 30 ans, a gracié de nombreuses personnes. Washington avait déjà partiellement levé les sanctions contre la compagnie aérienne biélorusse Belavia, lui permettant d’entretenir et d’acheter des pièces pour sa flotte.

L’émissaire américain John Coale a suggéré que la relation entre Alexandre Loukachenko et son homologue russe Vladimir Poutine pourrait être bénéfique dans la médiation américaine pour mettre fin à la guerre entre Kiev et Moscou. « Votre président (Loukachenko) a une longue histoire avec le président Poutine et a la capacité de le conseiller. C’est très utile dans cette situation », a-t-il déclaré, selon l’agence de presse d’État biélorusse Belta.

Alexandre Loukachenko, 71 ans, a réprimé plusieurs mouvements de contestation, le plus significatif étant celui de 2020 et 2021 qui l’a fragilisé, le poussant à solliciter l’aide de Vladimir Poutine. Depuis, Minsk est devenu beaucoup plus dépendant de la Russie, alors qu’auparavant, Loukachenko tentait de naviguer entre le Kremlin et l’Occident.

La majorité des personnes libérées samedi a été transférée en Ukraine, selon les autorités ukrainiennes. « Le Bélarus a transféré 114 civils en Ukraine, dont des Ukrainiens », a indiqué un centre de coordination ukrainien sur Telegram, précisant que ceux qui le souhaitent pourront ensuite se rendre en Pologne ou en Lituanie. Franak Viacorka, conseiller de l’opposante en exil Svetlana Tikhanovskaïa, a déclaré à l’AFP qu’initialement, il était prévu que tous soient envoyés directement en Lituanie, mais qu’Alexandre Loukachenko avait décidé « soudainement » de les diriger vers l’Ukraine.