Belgique

La Belgique et Nizar Trabelsi : 20 ans de honte.

Nizar Trabelsi a été condamné à dix ans de prison en juin 2004. En 2019, la cour d’appel de Bruxelles a enjoint l’État belge à réclamer Nizar Trabelsi aux États-Unis.


Tout commence par la découverte, juste après les attentats du 11 septembre 2001, de matériel destiné à la fabrication d’une bombe et d’une cellule islamiste liée à Al-Qaïda. La Belgique se rend alors compte qu’elle est utilisée comme base arrière pour le terrorisme islamiste. Nizar Trabelsi, un ancien footballeur radicalisé et ressortissant tunisien, est incarcéré, accusé de préparer un attentat. Cependant, il refuse de révéler ses projets aux enquêteurs. Première humiliation : il avouera tout à la RTBF, par téléphone depuis sa prison, alors qu’il aurait dû être à l’isolement.

Nizar Trabelsi est finalement condamné à dix ans de prison en juin 2004. La deuxième humiliation ne tarde pas : les États-Unis demandent son extradition à la fin de sa peine en Belgique. En 2013, la Cour européenne des droits de l’homme impose une interdiction provisoire de cette extradition, en attendant une nouvelle décision concernant les traitements inhumains et dégradants que Trabelsi pourrait subir aux États-Unis. Mais la Belgique en profite pour l’envoyer malgré tout aux États-Unis, comme si de rien n’était. Là-bas, il est placé à l’isolement, ce qui déplaît à la Cour européenne, qui y voit une véritable provocation à son égard et à l’encontre du droit.

Par la suite, une longue série de décisions judiciaires défavorables à la Belgique s’accumule, notamment une décision de 2019 de la cour d’appel de Bruxelles, qui exige que l’État belge réclame Nizar Trabelsi aux États-Unis, en vertu du principe fondamental du droit « non bis in idem » : on ne peut être jugé deux fois pour les mêmes faits. Cela n’a cependant aucune conséquence pour la Belgique, qui continue d’ignorer cette obligation.

Le temps passe et Nizar Trabelsi finit par être acquitté aux États-Unis. Les décisions de justice s’accumulent, accompagnées d’astreintes atteignant des centaines de milliers d’euros pour forcer l’État à respecter les jugements. Les États-Unis renvoient finalement Nizar Trabelsi en Belgique. La saga se poursuit : il est interdit de le retenir, mais il ne peut pas être expulsé vers la Tunisie, où il risquerait la torture. L’État belge, estimant qu’il représente encore un danger, le maintient en centre fermé. Un nouveau bras de fer avec la justice s’engage, et c’est la Cour de cassation qui finit par ordonner la libération de Nizar Trabelsi.

Cette histoire prend une fin provisoire avec la Belgique, incapable d’assumer les conséquences de l’islamisme djihadiste qu’elle a laissé croître sur son territoire, considérant durant près de 20 ans les décisions de justice et l’État de droit comme de simples détails sans importance.