Belgique

Juliette Goudot s’adresse au « backlash » : « On te voit… »

Le concept du « backlash » a été inventé par la militante féministe américaine Susan Faludi. Lors de la journée de mobilisation contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre dernier, une enquête a révélé que près d’un élève sur deux est victime de violence dans les écoles.


Backlash, on te voit.

Le « backlash », pour ceux qui l’ignorent, désigne ce « retour de bâton » qui touche les avancées féministes ou écologiques. Ce même bâton continue de frapper les hommes, les riches, en somme, tous ceux qui possèdent des privilèges et qui peuvent enfin s’opposer à ces changements.

Un peu comme Franz-Olivier Giesbert, ce personnage emblématique de la littérature française, qui apparaissait récemment en couverture du magazine Le Point avec un titre à la fois tonitruant et désespérant : « Comment la France en est arrivée là. Voyage dans la France d’avant », publié aux éditions Gallimard.

Ces personnes considèrent des autrices telles que Nathacha Appanah comme « ennuyeuses », comme l’indique l’éditorial d’un prix littéraire nommé « L’Incorrect », déterminé à « sauver la saison » face au Goncourt et autres prix Fémina, critiquant les angles morts des féminicides. « Incorrect », mais pas très audacieux, le palmarès de ce prix du backlash n’a pas encore été révélé, mais son jury « essai » a récemment accueilli Eugénie Bastié, une journaliste opposée à l’avortement, qui dénonce une « dictature des ressentis » là où d’autres constatent des avancées dans la démocratie.

Initié par la militante féministe américaine Susan Faludi, le concept de « backlash » s’est étendu à une autre guerre froide conservatrice, ciblant la transition écologique ainsi que les avancées culturelles et médiatiques. Les déclarations associées voudraient nous faire croire que tout est trop, que nous vivons dans un monde de victimes ennuyeuses où il devient impossible de s’exprimer, ignorant la réalité.

Cette réalité est pourtant criante lorsque la journée de mobilisation contre les violences faites aux femmes (que l’on pourrait aussi qualifier de journée de lutte contre les violences masculines), le 25 novembre dernier, prouve une fois de plus son insuffisance. Une enquête révèle que presque un élève sur deux est victime de violence au sein des établissements scolaires, face à un personnel périscolaire souvent peu formé.

« Backlash », on te voit donc, s’opposant à la transition écologique, à la culture accessible à tous et à la gratuité des académies artistiques pour les enfants de moins de 12 ans (qui sera abolie en Fédération Wallonie-Bruxelles en 2026). En France, le Rassemblement National a tranquillement proposé un amendement visant à dissoudre le Centre National du Cinéma, ne subventionnant que les films ayant un certain nombre d’entrées, avouant ainsi une méconnaissance totale des mécanismes qui assurent le cercle vertueux de la répartition des recettes dans le cinéma français.

Ainsi, pour te répondre, « backlash », pour contrer ce backlash, je te présente un film des Baronnes de Nabil Ben Yadir, coécrit et réalisé avec sa mère Bokhtaria Badaoui, « Il n’y a pas de sous-culture Monsieur le ministre ». Ce film sort mercredi prochain et je vous assure que ces grands-mères de Molenbeek, qui portent le voile et se déplacent en trottinette dans Bruxelles tout en rêvant de jouer Hamlet sans hommes, sont parmi les plus joyeuses en ce moment.

C’est dit,

Juliette