Belgique

Jeudi en Prime : Yvan Verougstraete défend l’Arizona contre Paul Magnette

Yvan Verougstraete et Paul Magnette ont débattu de l’actualité politique belge dans « Jeudi en Prime », où ils ont présenté leurs points de vue sur l’accord budgétaire conclu lundi matin après des mois de négociations. Selon Paul Magnette, plus de 95% de la facture des réformes sera payée par les travailleurs, les pensionnés et les classes moyennes, tandis qu’Yvan Verougstraete conteste ces chiffres et soutient que le gouvernement prend des mesures équitables.


Trois jours après le débat entre Georges-Louis Bouchez et Raoul Hedebouw, la RTBF a organisé un nouveau face-à-face politique ce jeudi soir. Yvan Verougstraete et Paul Magnette étaient présents dans « Jeudi en Prime » pour discuter de l’actualité politique belge de cette semaine.

Les deux présidents de partis ont ainsi exposé leurs opinions sur l’accord budgétaire signé tôt lundi, à l’issue de mois de négociations. Cet accord a été conclu le premier jour des trois jours de grèves qui ont perturbé le pays.

L’indexation limitée des salaires, l’augmentation de la TVA et les pensions ont été au cœur des discussions, notamment sur leur impact sur le pouvoir d’achat des Belges.

### Bataille de chiffres

Quel sera l’impact des différentes mesures d’économies décidées par le gouvernement De Wever en début de semaine ? Pour Paul Magnette, président du PS, il est évident que « ce sont les travailleurs, les pensionnés, les classes moyennes qui vont le sentir passer ». Il évoque les sauts d’index partiels, avec un plafonnement de l’indexation automatique des salaires et des allocations sociales, prévoyant que « si vous prenez une infirmière qui a une cinquantaine d’années, qui travaille de nuit, qui gagne un peu plus de 3000 euros, elle va perdre 750 euros par an ». Concernant un policier nouvellement retraité, il souligne qu’il pourrait perdre plus de 1000 euros à cause des mesures de plafonnement. Pour lui, « plus de 95% de la facture est payée par les travailleurs, les pensionnés et les classes moyennes ».

Cependant, Yvan Verougstraete conteste ces chiffres, disant qu' »on ne sait pas d’où ils viennent ». Il rétorque que « 1000 euros ! Il ne faut pas faire peur à un policier qui vient de prendre sa pension, il ne va pas perdre 1000 euros ». Il fournit un autre exemple : une enseignante gagnerait 4500 euros, mais perdrait environ 5 euros nets par mois. « C’est dur, mais cela nous semble juste quand quelqu’un qui gagne 10.000 euros ne sera pas indexé sur 6000 euros », conclut Verougstraete.

### La majorité justifie les mesures

Yvan Verougstraete reconnait que « c’est vrai qu’on va devoir prendre des mesures qui ne sont pas faciles ». Cependant, il estime que « les derniers gouvernements ont fait de la Belgique le plus mauvais élève de la classe européenne ». Selon lui, les réformes de l’Arizona sont celles « qui auraient dû être faites depuis 20 ans ». Il insiste sur le fait que le gouvernement a essayé de « préserver les politiques les plus essentielles comme la santé ».

Paul Magnette, quant à lui, répond qu' »il est toujours facile de dire que c’est la faute des autres », soulignant que « Les Engagés, qui avant s’appelaient le cdH, et avant le PSC, c’est le même parti. Aucune formation n’a plus gouverné que vous ».

Bien que Magnette ne conteste pas l’existence de réformes nécessaires, il reproche le choix du gouvernement. « Nous avons fait un effort de la même ampleur de manière infiniment plus juste », dit-il, en insistant sur le fait que les grandes fortunes et les secteurs à gros bénéfices ont dû contribuer.

Verougstraete affirme que le gouvernement fait contribuer « les épaules les plus larges » via des mesures telles que « la taxe sur les plus-values, le doublement de la taxe sur les comptes-titres et la révision des sociétés de management ».

### Hausse de la taxation sur le gaz : divergences de vues

Parmi les mesures de l’Arizona, la modification de la fiscalité sur le gaz suscite des réactions. Les accises seront progressivement augmentées pour répondre à l’exigence européenne d’une TVA à 21% d’ici 2030 pour inciter la transition vers des énergies non-fossiles.

Paul Magnette explique que ceux qui ont une chaudière au gaz seront pénalisés, car ils devront également faire face à cette augmentation de TVA. Il critique le gouvernement pour ne pas permettre aux gens de s’adapter à ces nouvelles règles.

Yvan Verougstraete rappelle que de nombreux partis, y compris le PS, ont voté pour l’augmentation de la TVA. « On doit l’assumer, le gaz remontera à 21% parce qu’on doit faire un glissement », dit-il.

Quant aux coûts, il soutient que les consommateurs paieront moins de TVA actuellement qu’au moment où celle-ci a été réduite à 6% lors de la crise énergétique.

### 100.000 malades de longue durée au travail ? « Impossible », pour le PS

Pour atteindre près de 2 milliards d’euros d’économies d’ici 2029, le gouvernement prévoit de réinsérer 100.000 malades de longue durée dans le monde du travail. Paul Magnette estime que cet objectif est irréaliste : « Tout le monde est d’accord pour dire que les gens qui peuvent travailler doivent travailler. Mais atteindre les 100.000, c’est impossible ».

Yvan Verougstraete, pour sa part, défend l’objectif en arguant qu’il est nécessaire pour les finances et pour les personnes concernées.

Magnette reconnaît qu’il faut « aider les gens à travailler », mais souligne qu’il est crucial d’arrêter de mettre la pression sur eux, car cela aggrave les problèmes de santé.

Yvan Verougstraete conclut que les entreprises ont également un rôle à jouer pour soutenir les travailleurs vieillissants.

### Économies dans l’enseignement : « on a dû faire un choix et on a choisi » (Yvan Verougstraete)

Au début de la semaine, des syndicats ont organisé plusieurs grèves, touchant divers secteurs, y compris l’éducation. Paul Magnette critique le parti Engagés, soutenant qu’il ne fait pas de l’enseignement une priorité et pointant la réforme des pensions comme pénalisante pour les enseignants.

Pour le PS, éviter ces mesures d’économies nécessiterait de « chercher de l’argent dans les Régions et au Fédéral ».

Yvan Verougstraete défend la décision d’augmenter les heures de travail des enseignants dans le secondaire supérieur pour aligner leur charge à celle du secondaire inférieur, tout en reconnaissant qu’il s’agit d’une solution difficile.

Paul Magnette, quant à lui, critique les choix de la majorité en Fédération Wallonie-Bruxelles, les accusant de supprimer le statut des enseignants pour des raisons idéologiques, entraînant des coûts élevés.

Il reproche aussi à la réforme des droits d’enregistrement en Wallonie d’augmenter les prix des maisons et à la réforme des droits de succession de pénaliser les petites successions.