Jeudi en Prime : Yvan Verougstraete défend l’Arizona contre Paul Magnette
Paul Magnette, président du PS, a affirmé que « c’est plus de 95% de la facture qui est payée par les travailleurs, les pensionnés et les classes moyennes » en raison des mesures économiques prises par le gouvernement. Yvan Verougstraete, président des Engagés, a contesté ces chiffres en déclarant que « 1000 euros ! Il ne faut pas faire peur à un policier qui vient de prendre sa pension », tout en précisant que les consommateurs « paieront moins de TVA » que lors de la baisse à 6% pendant la crise énergétique.
Trois jours après le débat entre Georges-Louis Bouchez et Raoul Hedebouw, la RTBF a organisé un nouvel échange politique ce jeudi soir. Yvan Verougstraete et Paul Magnette ont été « face-à-face » dans « Jeudi en Prime » pour aborder l’actualité politique belge de cette semaine.
Ce débat a permis aux deux dirigeants de partis de partager leurs perspectives sur l’accord budgétaire conclu lundi matin, après plusieurs mois de négociations. Cet accord a été conclu durant les premières journées de grèves qui ont affecté le pays.
Les thèmes centraux du débat ont été l’indexation des salaires, l’augmentation de la TVA et les pensions, ainsi que l’impact de ces réformes sur le pouvoir d’achat des Belges.
### Bataille de chiffres
Quel sera l’impact des mesures d’économies mises en place par le gouvernement De Wever au début de cette semaine ? Pour Paul Magnette, président du PS, la réponse est claire : « ce sont les travailleurs, les pensionnés, les classes moyennes qui vont le sentir passer ». Il souligne que le Premier ministre a admis que cela « va faire mal au portefeuille ». Magnette critique les sauts d’index partiels décidés, rappelant qu’en 2026 et 2028, l’Arizona a prévu de plafonner l’indexation automatique des salaires (sans indexation au-delà de 4000 euros brut) et des allocations sociales (sans indexation au-delà de 2000 euros brut). Il affirme qu’une infirmière gagnant un peu plus de 3000 euros perdra 750 euros par an, tandis qu’un policier récemment à la retraite pourrait perdre plus de 1000 euros suite aux deux opérations de plafonnement, affirmant qu’avec l’ensemble des mesures, « plus de 95% de la facture est payée par les travailleurs, les pensionnés et les classes moyennes ».
Yvan Verougstraete conteste ces chiffres, en déclarant qu’on ne sait pas leur origine et qu’un policier ne perdra pas 1000 euros. Il propose d’autres exemples, comme une enseignante gagnant 4500 euros, qui perdra, selon lui, seulement 5 euros nets par mois à cause de l’indexation, ajoutant que « c’est dur, mais cela semble juste quand, en même temps, quelqu’un qui gagne 10.000 euros ne sera pas indexé sur 6000 euros ».
### La majorité justifie les mesures
Pour Yvan Verougstraete, il est reconnu que des mesures difficiles sont nécessaires. Il déclare : « On ne trouve pas 23 milliards puis 9 milliards sans renoncements ». Il attribue ce besoin à la gestion des socialistes et des derniers gouvernements, qui, selon lui, ont fait de la Belgique « le plus mauvais élève de la classe européenne ». Les réformes de l’Arizona, dit-il, sont celles « qui auraient dû être faites depuis 20 ans », et son gouvernement « essaie de le faire de manière équitable ».
De son côté, Paul Magnette reproche aux Engagés de blâmer les autres et rappelle qu’ils ont gouverné longtemps. Il convient qu’il y a des réformes à faire, mais critique la méthode du gouvernement, flétrissant le fait qu’ils ne font pas contribuer les grandes fortunes mais cherchent des économies dans les mesures qui touchent les classes moyennes.
Yvan Verougstraete défend la politique de l’Arizona, affirmant qu’elle impose des contributions des plus riches avec des mesures comme « la taxe sur les plus-values et le doublement de la taxe sur les comptes-titres ».
### Hausse de la taxation sur le gaz : divergences de vues
Parmi les mesures de l’Arizona, un changement de la fiscalité sur le gaz a fait débat. Les accises seront augmentées progressivement, justifiées par l’imposition européenne de 21% de TVA sur le gaz d’ici 2030 pour promouvoir les énergies renouvelables. Paul Magnette réagit en posant des questions sur l’accessibilité de solutions comme la pompe à chaleur et sur les impacts de l’augmentation de la TVA sur ceux qui doivent renouveler leur chaudière au gaz.
Yvan Verougstraete rappelle que de nombreux partis, y compris le PS, ont soutenu cette hausse de TVA, affirmant que les consommateurs payeront « moins de TVA » au prix actuel du gaz qu’au moment où le taux était à 6%.
### 100.000 malades de longue durée au travail ?
En 2029, le gouvernement espère réintégrer 100.000 malades de longue durée derrière un travail. Paul Magnette estime que cet objectif est « impossible » à atteindre. Yvan Verougstraete argue qu’il est nécessaire d’aider ces personnes à se réinvestir dans le monde du travail pour le bien des finances publiques et humain.
Bien que d’accord sur la nécessité d’aider les gens à travailler, Paul Magnette met en garde contre la pression exercée sur les travailleurs, qui peut aggraver leur état de santé. Il appelle à une réflexion sur la gestion des heures supplémentaires et sur la flexibilité du travail.
Yvan Verougstraete souligne que les entreprises doivent aussi se responsabiliser en prenant soin de leurs employés, surtout ceux dont les métiers sont physiquement exigeants.
### Économies dans l’enseignement : « on a dû faire un choix et on a choisi »
Cette semaine, des syndicats ont mené des grèves durant trois jours, touchant plusieurs secteurs, y compris l’enseignement, où les réformes suscitent des mécontentements. Paul Magnette critique l’approche des Engagés sur l’éducation, notamment la réforme des pensions qui pénalise les enseignants à la retraite et l’exigence de deux heures supplémentaires pour les enseignants du secondaire supérieur.
Yvan Verougstraete justifie ces ajustements en affirmant qu’il s’agit d’une « moins mauvaise solution » pour aligner les charges de travail entre les enseignants des différents niveaux. Il note que malgré ces choix, des efforts continuent pour accompagner les professions de l’enseignement.
Enfin, Paul Magnette s’oppose à certaines décisions prises par le gouvernement, comme la réforme des droits d’enregistrement et celle des droits de succession, qu’il considère nuisibles pour les classes moyennes, appelant à un meilleur usage des fonds publics.

