Belgique

Jeudi en Prime : Raoul Hedebouw ne compte pas reculer face au gouvernement.

Le PTB exprime son opposition au projet du gouvernement d’interdire des organisations qu’il considère comme radicales, et Raoul Hedebouw souligne que cette initiative est critiquée par la Ligue des droits humains et l’Institut fédéral des droits humains. Le président du PTB, Raoul Hedebouw, dénonce également la mise en place d’un malus de 5% sur les pensions pour les travailleurs n’atteignant pas l’âge de 67 ans, précisant que cela pourrait entraîner une réduction de 20% de leur pension s’ils s’arrêtent à 63 ans.

Une tension se fait sentir entre le PTB et les partis de la majorité au niveau fédéral. Les mesures décidées par la coalition Arizona sont fortement critiquées par le parti d’extrême gauche.

Opposé au projet du gouvernement contre les organisations radicales ou extrémistes

Récemment, le projet du gouvernement d’interdire ou de dissoudre les organisations radicales ou extrémistes a suscité de vives réactions au PTB. Raoul Hedebouw, le président du PTB, s’interroge : « Le gouvernement, le ministre de l’Intérieur va avoir le pouvoir d’interdire des organisations qu’il considère comme radicales. Mais ça veut dire quoi, radicales ? » Il reconnaît que son parti est effectivement « radical« , aspirant à « changer cette société et ce système capitaliste« , mais pointe également la radicalité du gouvernement. « Faire travailler les gens jusqu’à 67 ans, c’est la radicalité d’en face. Retirer les primes de nuit des travailleurs de nuit, c’est la radicalité d’en face« , argumente-t-il.

Raoul Hedebouw mentionne que le projet du gouvernement est critiqué par la Ligue des droits humains et l’Institut fédéral des droits humains. « Il y a beaucoup d’organisations dans le collimateur« , observe-t-il.

Parmi ces organisations, le mouvement Antifas, antifasciste, est particulièrement visé par le MR. Raoul Hedebouw rétorque : « On veut criminaliser le mouvement antifasciste. C’est le mouvement qui, durant la Deuxième Guerre mondiale, a mené une résistance à la fascisation de la société« . Il affirme : « Ils ont raison de se mobiliser« .

Concernant la possibilité de passer à une radicalité violente, Raoul Hedebouw répond : « Ça n’a rien à voir avec la violence. Aujourd’hui, demander à des gens de bosser jusqu’à 67 ans quand ils sont morts crevés au boulot, c’est de la violence sociale« , changeant de sujet.

A-t-il recours à la violence verbale ? Il déclare : « Je n’ai pas besoin de violence verbale. Je suis constructif dans ma manière de parler. Par contre, je crois dans la contradiction forte« . Il ajoute : « Je n’accepte pas que le monde politique, qui gagne 12-13.000 euros par mois, fasse la leçon aux travailleurs« .

Le PTB s’oppose à « ce gouvernement qui veut retirer plein d’acquis sociaux« , selon Raoul Hedebouw. Il estime que « Aujourd’hui, le MR veut fermer le droit de parole à cette résistance sociale en criminalisant la résistance sociale. C’est très grave« , alors qu’il se prépare pour la manifestation nationale organisée par les syndicats le 14 octobre à Bruxelles.

Gaza : « on a un Etat belge qui ne fait rien »

Concernant l’actualité, la flottille arraisonnée par l’armée israélienne lors de sa navigation vers Gaza soulève des inquiétudes. Raoul Hedebouw souligne : « Cette flottille est composée de jeunes, de personnes qui s’engagent pour la solidarité avec le peuple palestinien, qui est victime d’un génocide« , considérant cela comme « ce que notre État devrait faire« .

Raoul Hedebouw qualifie le blocus maritime de Gaza d’ »illégal » et de moyen d’ »organiser la famine du peuple palestinien« . Il déclare : « On a un État belge qui ne fait rien« , en rappelant que le gouvernement a convenu d’un accord sur Gaza, incluant des sanctions et la reconnaissance, sous conditions, d’un État palestinien. Il s’inquiète : « Aujourd’hui, on fait toujours du business avec Israël. Le business continue, c’est le problème« .

Dépenses militaires : « l’Europe doit arrêter de suivre les Etats-Unis »

Le gouvernement fédéral est en train de préparer le budget 2026. D’importantes économies doivent être réalisées, tout en finançant des investissements dans le secteur de la Défense, que l’on souhaite renforcer selon les exigences de l’OTAN. Est-ce nécessaire ? Raoul Hedebouw répond : « Je trouve ça terrible que, pendant 10 ans, on a dit qu’il n’y avait pas d’argent pour les pensions. On a demandé aux gens de travailler jusqu’à 67 ans« . Il ajoute : « On dit qu’il n’y a pas d’argent pour le social, pour les pensionnés. Et puis, en 2-3 semaines, on va trouver 34 milliards d’euros pour investir dans l’armement. Il faudra m’expliquer« , tout en estimant que les États de l’Union européenne et les membres de l’OTAN sont déjà suffisamment armés pour faire face à la Russie.

Y a-t-il vraiment une menace russe ? Les survols de drones au-dessus de certains États européens en sont-ils la preuve ? Raoul Hedebouw répond : « Je ne nie pas qu’il y a une menace. Je dis juste qu’aujourd’hui, le raisonnement en blocs militaires, Otan, Russie, Chine, va nous mener vers la guerre« . Il pense que l’Europe « doit arrêter de suivre les États-Unis« .

Vooruit veut taxer les millionnaires ? « Une version Canada dry » de la proposition du PTB

Dans le cadre des discussions budgétaires au niveau fédéral, le parti Vooruit a proposé un impôt sur les millionnaires. Raoul Hedebouw perçoit cette initiative comme une influence du PTB sur la scène politique. Cependant, il qualifie cette proposition de « version Canada dry« . Selon lui, « Ça a le goût d’une taxe des millionnaires, mais ça n’en est pas une« . Il explique que la proposition du PTB pourrait rapporter « 7 ou 8 milliards d’euros« , tandis que celle de Vooruit n’en rapporterait « qu’1 milliard d’euros« .

Sus au malus pension

Le gouvernement fédéral vise également les malades de longue durée, avec un projet de réinsertion sur le marché du travail. Raoul Hedebouw déclare : « Je ne demande rien de mieux que les gens retrouvent du boulot« , mais souligne que « le grand problème pour beaucoup de gens qu’on veut remettre au boulot, c’est qu’il n’y a pas de travail adapté« , pointant du doigt le patronat. Il explique que « Une entreprise sur 10 a fait un plan de prévention contre les burn-out et contre les maladies au travail« .

Le président du PTB critique également la suppression des prépensions, notant qu’ »il y a un lien, évidemment, entre l’usure et le fait de ne pas savoir travailler jusqu’à 67 ans« .

Ainsi, Raoul Hedebouw s’oppose fermement à la réforme fédérale instaurant un malus pour les pensions. Il rappelle que « On va aujourd’hui imposer aux travailleurs qui ne travaillent pas jusqu’à 67 ans 5% de sanctions par année où ils arrêteront plus tôt« . Il illustre cela en indiquant que « Si vous arrêtez de travailler à 63 ans, c’est-à-dire 4 ans avant la fin de la carrière, cela fait 4 fois 5, 20% de pension en moins« . Il espère pouvoir encore influencer le gouvernement, notamment via la manifestation nationale prévue à la mi-octobre. Il conclut : « Les textes (ndlr, de loi) ne sont pas encore introduits. Rien n’est encore voté, rien n’est encore joué« , affirmant qu’il continuera le combat.

Raoul Hedebouw, le président du PTB, était l’invité de l’émission Jeudi en Prime. © RTBF