Belgique

Jeudi en Prime : la ministre Glatigny soutient la réforme du tronc commun.

Mardi, la Ministre-présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Elisabeth Degryse, et la Ministre de l’Éducation, Valérie Glatigny, ont présenté la mise en œuvre du tronc commun dans l’enseignement secondaire. Le gouvernement prévoit qu’en troisième secondaire, l’élève fasse le choix de deux options, à raison de deux fois quatre périodes de cours par semaine.


Mardi, dans un communiqué commun, la Ministre-présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Elisabeth Degryse (Engagés), et la Ministre de l’Éducation, Valérie Glatigny (MR), ont exposé les modalités de mise en œuvre du tronc commun dans l’enseignement secondaire.

Le gouvernement actuel apporte des modifications par rapport à la version originale du tronc commun prévue dans le Pacte pour un enseignement d’excellence. Initialement, tous les élèves devaient suivre le même programme jusqu’à la fin de la troisième secondaire, mais le gouvernement prévoit désormais que les élèves choisissent deux options en troisième secondaire, avec deux fois quatre périodes de cours par semaine.

La Ministre Glatigny explique ce choix en soulignant que « ce n’était pas une surprise quant au fait qu’on (ndlr, le gouvernement) allait revoir le modèle pour mettre davantage d’activités orientantes« . Selon elle, le modèle précédemment établi, sans options avant la quatrième année, « retardait certains élèves qui avaient un choix tout à fait clair« , tels que ceux souhaitant se diriger vers « le concours de médecine » ou « faire de la restauration« . « Donc ici ce qui est prévu maintenant c’est durant la troisième secondaire deux fois quatre périodes d’activités orientantes ou d’options pour vraiment affiner le projet d’un jeune et ne pas lui faire perdre de temps« , précise-t-elle.

Pour les élèves qui, en fin de deuxième secondaire, n’ont pas encore de « projet », « il y a un plan pour qu’ils puissent avoir des activités orientantes à la fois dans le qualifiant et dans la filière générale« , ajoute la ministre.

« On ne veut pas enfermer un élève dans un parcours d’apprentissage »

La ministre rappelle l’accord entre le MR et les Engagés concernant cette réforme. En plus des « activités orientantes » en troisième secondaire, « on s’est mis d’accord sur un renforcement des compétences de base« , explique Valérie Glatigny, soulignant qu’il y aura davantage de cours de français, de mathématiques, de sciences et de langues modernes en première et deuxième secondaire.

Les choix des options en troisième secondaire auront-ils des répercussions sur le parcours ultérieur des élèves ? Ceux qui opteront pour des activités qualifiantes devront-ils automatiquement suivre cette voie par la suite ? Certains craignent un retour à un système où les élèves sont orientés vers l’enseignement professionnel.

La ministre s’oppose à ces craintes en déclarant : « Il y a zéro sélection à partir du moment où à la fin de la troisième secondaire vous gardez le choix de vous diriger par exemple vers la filière qualifiante ou vers la filière générale« . Elle souhaite « que tout le monde garde une possibilité de changer à la fin de la troisième secondaire« , ajoutant, « On ne veut pas enfermer un élève dans un parcours d’apprentissage. On ne veut pas l’obliger à aller dans le qualifiant parce qu’il a raté« .

« On va tester le modèle avec les écoles »

En troisième secondaire, un élève devra donc choisir entre deux fois quatre périodes d’activités orientantes de type « qualifiant » (comme la soudure ou la mécanique auto) ou de type « transition » (comme les sciences et les mathématiques), ou encore une combinaison des deux.

Les établissements devront proposer au moins deux de ces alternatives. Une école généraliste devra également offrir des activités qualifiantes. « On va tester le modèle avec les écoles« , affirme Valérie Glatigny. La ministre indique avoir rencontré les fédérations de Pouvoirs organisateurs (PO), les syndicats et les directions du secondaire. « L’accueil est plutôt positif, en tout cas du côté des fédérations de PO« , précise-t-elle, tout en admettant que l’accueil est moins favorable du côté des syndicats, où presque tous sauf deux s’opposent à cette réforme.

Face aux reproches de manque de concertation concernant ces modifications, Valérie Glatigny rappelle : « Nous avions une feuille de route qui a été annoncée en juillet 2024« . Concernant la concertation, « nous avons fait une mise au vert pendant deux jours pour discuter de cette question durant le mois de mai. Je rencontre toutes les six semaines tous les acteurs de l’école« , ajoute-t-elle. « Concerter, ça ne veut pas forcément dire être d’accord sur tout« , conclut la ministre.

Elle défend le retour des options en troisième secondaire, alors que le tronc commun n’en prévoyait plus initialement. « Pour l’instant, il y a environ 16 heures d’options dans le qualifiant, il n’y en avait zéro dans le pacte, donc on en réintroduit 8. Il y a moins de changements avec ce qu’on propose que ce qui était prévu initialement« , souligne-t-elle, mentionnant des retours positifs des établissements qualifiants.

La mise en œuvre du tronc commun avant cette réforme aurait entraîné des pertes d’emplois parmi les enseignants du qualifiant, car moins d’heures seraient nécessaires dans les matières « qualifiantes ». Cependant, le nouveau tronc commun proposé par le gouvernement modifie cette situation. « À partir du moment où on garde 8 heures d’options sur les 16, il y a évidemment beaucoup moins de pertes d’emploi« , fait-elle remarquer.

Bien que la ministre justifie cette réforme pour des raisons pédagogiques, elle admet également que la réintroduction d’options en troisième secondaire contribue à réduire la question de l’emploi. « J’étais inquiète devant les pertes d’emploi qui, ici, avec le plan qui est sur la table, seront fortement diminuées« , conclut Valérie Glatigny.

Quelles économies la Fédération Wallonie-Bruxelles fera-t-elle ? Réponse ce vendredi

Ce vendredi 10 octobre, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles aura achevé ses discussions budgétaires et présentera les mesures d’économies qu’il projette de mettre en place pour atteindre 300 millions d’euros en réductions de coûts.

Le gouvernement a été conseillé par un groupe d’experts, qui ont suggéré des pistes pour réaliser ces économies. Les experts ont recommandé la mise en œuvre complète du tronc commun tel que prévu initialement, ce qui aurait permis d’économiser environ 44 millions d’euros par an. « Les économies étaient liées à des pertes d’emploi chiffrées par l’administration. 1 400 enseignants du qualifiant devaient perdre leur emploi« , rappelle Valérie Glatigny.

L’aménagement du tronc commun ne générera pas autant d’économies, mais il limitera l’impact sur l’emploi, d’après la ministre. « On aura quand même une part d’économie qui devra être évaluée« , précise-t-elle, car le nombre d’heures d’options en troisième secondaire passera de 16 à 8. De surcroît, « on va limiter fortement les pertes d’emploi« , ajoute la ministre.

Concernant les enseignants du qualifiant qui perdront leurs heures de cours, la ministre indique : « On veut qu’on puisse les reconnecter avec un autre cours, via par exemple le référentiel de formation manuelle, technique, technologique et numérique« .

Les experts ont également proposé d’augmenter le temps de travail de certains enseignants du secondaire supérieur, pour qu’ils enseignent autant d’heures que leurs collègues du secondaire inférieur. Valérie Glatigny répond : « Vous évoquez des propositions qui figurent dans un rapport d’experts, que je ne vais évidemment pas commenter puisque le conclave n’est pas terminé« . Toutefois, elle ajoute, « on n’est pas dans une situation où on peut ignorer une piste, donc elles sont toutes examinées« .

La ministre exprime ses craintes quant aux mouvements sociaux possibles suite aux mesures d’économies. « Cela ne fait plaisir à personne de devoir faire des économies« , admet-elle, mais rappelle que « nous vivons à crédit en Fédération Wallonie-Bruxelles, nous dépensons plus que ce que nous avons et il est impératif de maîtriser notre déficit« . « Chaque année, nous payons des centaines de millions d’euros juste pour payer les intérêts« , ajoute-t-elle, des fonds qui pourraient être utilisés pour améliorer les classes, par exemple pour mettre en place du co-enseignement avec deux enseignants par classe.