« Jean-Luc Crucke : L’huissier de justice à la porte de la Belgique »
Le MR ne veut pas de nouvelles taxes, selon son président. Le ministre du Climat représentera la Belgique dans un mois à la COP pour faire respecter les accords de Paris.
De nouvelles taxes ?
Le MR s’oppose à la création de nouvelles taxes, comme l’a déjà affirmé son président.
Lors de son intervention à la Matinale, l’Invité a évoqué les « exclusives » de chaque parti. Selon lui, il est crucial de « trouver un équilibre. Cela nécessite des nuances, et non des invectives sur les plateaux, alors que le débat devrait se tenir autour de la table« . Il a aussi ajouté : « Il est important de faire une distinction entre les déclarations des présidents de partis et l’atmosphère interne, où il existe une réelle volonté de parvenir à un accord. Dans ce genre d’exercice, chacun doit avoir à cœur l’intérêt général« .
Le temps presse ?

L’huissier de justice est à la porte de la Belgique
Le ministre des Engagés souligne donc que « Si on ne dit pas, pour sauver la compétitivité, le pouvoir d’achat, la santé, il y a un certain nombre de mesures à prendre, certes difficiles, il faut sauver l’essentiel pour que demain cet essentiel soit nos marqueurs et nos valeurs encore. Mais on a besoin de prendre ces mesures qu’on prend« .
La SNCB, ses nouveaux tarifs
Les réformes du gouvernement touchent la société des chemins de fer, qui comprend plusieurs entités. L’invité, ministre de la Mobilité et responsable de la SNCB, indique que les modifications tarifaires s’appliquent uniquement aux tickets et non aux abonnements. Un tarif sera établi sur la base de la distance parcourue et de l’heure choisie pour le trajet : « C’est la distance, c’est le kilomètre parcouru qui va être la ligne de conduite. Donc, 70 à 80% des personnes qui achètent un ticket vont bénéficier d’un tarif moindre. Et quand on veut prendre un ticket en heure de pointe, ça coûtera un peu plus cher« .
La SNCB, son contrat du siècle
La SNCB, son statut des cheminots
La pérennité de l’entreprise publique des chemins de fer passe également par une réforme du statut des cheminots. Jean-Luc Crucke souligne : « il n’existe plus de statut de cheminot aux Pays-Bas, en Allemagne, au Luxembourg, en France. Donc, soit on peut maintenir ce que l’on appelle des privilèges, mais moi je désire une société où l’on est privilégié mais sans privilégiés. Ainsi, tous ceux qui intégreront la SNCB entreront sous contrat. Je n’interviendrai pas sur le passé« .

Moi je veux une société dans laquelle on est privilégié, mais pas de privilégié
À noter que les cheminots actuels conservent leur statut de « privilégié« , tandis que la réforme s’appliquera aux nouvelles recrues. Jean-Luc Crucke précise : « J’ai signé deux préaccords avec les syndicats, et je suis vraiment reconnaissant envers les syndicats qui ont pris leurs responsabilités. J’ai constaté que la base n’a pas adhéré, et c’est le droit de la base.
Il ajoute : « On s’accroche à quelque chose qui nuit à l’entreprise et qui n’apporte pas de valeur ajoutée aux travailleurs. Il y a de nombreuses personnes dans ce pays, tant dans le privé que le public, qui travaillent sous contrat. Cela ne les rend pas malheureux. Une société où rien ne change est une société qui souffre. Je veux une société qui gagne« .
Je vais aller jusqu’au bout et ce ne sont pas des grèves qui me font plier
Le ministre des Engagés n’est pas inquiet par rapport à d’éventuelles grèves, affirmant : « Je vais aller jusqu’au bout et ce ne sont pas des grèves qui me font plier« . Selon lui, cette transition du statut de statutaire à CDI permettra à la SNCB de s’adapter à la libéralisation du marché : « cela donne aux entreprises la flexibilité nécessaire. Cela incite chacun à relever le défi et à prendre des risques. C’est ce que j’explique au personnel : si vous souhaitez tous conserver votre emploi, je m’engage à faire en sorte que chacun puisse le garder et que nous puissions continuer à engager dans cette entreprise, nous devons être les meilleurs en 2032« .
Climat : respecter les accords de Paris
Le ministre du Climat représentera le pays dans un mois à la COP, la conférence réunissant les pays signataires de la convention cadre des nations unies sur les changements climatiques. « Nous allons faire respecter les accords de Paris. Il est crucial de rappeler que l’Europe représente 6% des émissions de CO2, tandis que l’Afrique en représente 4%. Si tous les pays responsables des 90%, notamment les États-Unis, la Chine et l’Inde, faisaient des efforts équivalents à ceux de l’Europe, le pari serait gagné. C’est le message que nous allons faire passer. Le multilatéralisme doit prévaloir, pas un diktat des États-Unis« .
En Belgique, le plan national climat vise à réduire de 47% les gaz à effet de serre d’ici 2030. Cette compétence en matière de climat est principalement régionalisée, chaque entité fédérée « choisit un certain nombre d’efforts ciblés. Et c’est vrai que ce n’est pas toujours les mêmes en Flandre, en Wallonie« , reconnait Jean-Luc Crucke. « Le niveau fédéral a essentiellement une capacité fiscale et d’aide sociale. C’est le fameux accord sur le plan de cohésion sociale« . Un fonds social est prévu pour accompagner cette transition, car certaines normes européennes à venir auront un impact concret sur les ménages. « Nous avons légèrement pris du retard sur le plan national, mais simultanément, nous avons également adopté le plan social climat », se réjouit le ministre.
Le partenaire du ministre Les Engagés, le MR, s’oppose toutefois à ce nouveau système de quotas de carbone. Jean-Luc Crucke rappelle que « La droite populaire peut dire ce qu’elle veut. Elle a néanmoins signé un accord gouvernemental dans lequel elle affirme ‘nous respecterons nos obligations internationales en matière climatique’. Je pense que la droite populaire se souviendra de ce qu’elle a signé« .
Il souligne aussi le comportement de son collègue ministre David Clarinval (MR), qu’il a déjà qualifié dans la presse de « climatosceptique ». Il nuance dans la Matinale : « Je ne demanderais pas mieux que ceux qui, parfois, se souviennent que le climat existe, adoptent des comportements offensifs pour réussir la transition« .

