Belgique

Intervention musclée de la police lors de la manifestation nationale.

Un incendie sur la place de l’Yser le matin a été qualifié d’acte volontaire par la police, et les principaux incidents se sont déroulés aux alentours de midi sur le boulevard Pacheco, où des individus masqués ont brisé des vitres et lancé des projectiles. La police de Bruxelles-Capitale-Ixelles a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les auteurs de violence, rapportant 37 administrations administratives et 5 arrestations judiciaires.

Sur le terrain, qu’a-t-on observé ?

Nous vous offrons un aperçu des événements observés lors des incidents survenus autour de la manifestation. La police de Bruxelles-Capitale-Ixelles a été sollicitée pour réagir et donner son point de vue sur son intervention. Les réponses fournies peuvent être lues ci-après.

À l’exception d’un incendie sur la place de l’Yser le matin, jugé volontaire par la police, les principaux événements se sont produits vers midi, sur le boulevard Pacheco, à hauteur des bureaux de l’Office des étrangers.

Des individus, principalement masqués, se sont attaqués au bâtiment, où se trouvait le personnel. Des vitres ont été brisées, des projectiles et des feux de Bengale ont été lancés vers la façade.

Des images publiées sur le réseau social X par la ministre de l’Asile et de la Migration, Aneleen Van Bossuyt (N-VA), le confirment.

Incidents boulevard Pacheco – Anneleen Van Bossuyt

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« On a vu un petit groupe de personnes complètement habillées en noir. Ils ont utilisé des pierres et du matériel lourd pour détruire nos fenêtres et notre porte d’entrée. Ils ont jeté des fumigènes », déclarait ce mercredi, Pauline Blondeel, porte-parole de l’Office des étrangers.

La façade de l’Office des étrangers, au lendemain de la manifestation nationale. © RTBF – L. Van De Berg

La police, déjà présente en nombre sur place avant les incidents, à proximité de l’Office des étrangers, est intervenue. Elle a notamment utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les fauteurs de trouble. Comme le montrent certaines images partagées sur les réseaux sociaux, les forces de l’ordre ont effectué des arrestations parfois violentes.

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Intervention policière – Boulevard Pacheco 2

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Usage de la nasse ? Technique pourtant jugée illégale par un tribunal

Lors de cette intervention policière, des doutes surgissent quant à l’éventuel recours à la technique dite « de la nasse ». Les images diffusées et les témoignages semblent confirmer cette hypothèse. Cette technique consiste à encercler des manifestants par un cordon policier pour les empêcher de se déplacer.

La « nasse » a été jugée illégale en mars 2025 par le tribunal de première instance de Bruxelles suite à une plainte déposée par 11 plaignants et par la Ligue des Droits Humains, alors que la police avait utilisé la nasse le 24 janvier 2021 lors d’une manifestation « contre la justice de classe et raciste ».

Dans son jugement, le tribunal a établi que cette mesure de confinement, la nasse, avait été ordonnée et exécutée sans base légale. « La technique policière de confinement ne fait l’objet en droit belge d’aucun encadrement légal spécifique », avait noté le tribunal, surtout parce qu’elle ne fait pas de distinction entre les personnes encerclées par la police. L’État, la zone de police Bruxelles-Capitale-Ixelles et le bourgmestre de Bruxelles, dirigeant de la zone de police, avaient annoncé leur intention de faire appel.

Lors d’un conseil communal où le sujet avait été évoqué, le bourgmestre Philippe Close, interpellé par l’opposition, avait déclaré que cette technique de la nasse serait « évaluée en fonction des circonstances et pourrait être réutilisée », comme l’ont rapporté nos confrères de BX1.

Familles et enfants concernés par l’intervention policière

Souvent, lorsque des incidents se produisent lors de manifestations, ils se situent en fin de cortège. Mardi, cela n’a pas été le cas. Les événements se sont déroulés au cœur de la manifestation. Des manifestants, dont des familles avec enfants – qui n’étaient pas impliqués dans les incidents – étaient présents à ces moments-là et ont également souffert des effets des gaz lacrymogènes. Sur certaines images, des policiers ont été vus en train d’évacuer des enfants.

D’autres incidents ont eu lieu plus loin, aux abords de la gare centrale et de l’hôtel Hilton, au carrefour de l’Europe. L’entrée de l’hôtel a été forcée et la police est intervenue là aussi.

Des incidents ont également été signalés plus tard dans l’après-midi dans le quartier de la Gare du Midi et dans les Marolles.

Des violences policières ?

Certains témoignages et certaines images, comme le reportage diffusé par la RTBF, rapportent des violences policières.

Sur d’autres images, des policiers en civil apparaissent ainsi en train de frapper violemment, utilisant une matraque, des personnes déjà sous garde qui étaient escortées vers un véhicule de police.

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Intervention policière – arrestations

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Nous regrettons que des personnes non impliquées, dont un enfant selon certains témoignages, aient pu être incommodées.

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Manifestation d’hier / Retour sur les incidents

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La police de Bruxelles-Capitale-Ixelles réagit et se justifie

Contactée par la RTBF à ce sujet, la zone de police Bruxelles-Capitale-Ixelles a répondu à nos questions. Elle affirme avoir effectué 37 administrations administratives, en plus des 5 arrestations judiciaires signalées par le parquet. Environ dix membres des forces de l’ordre ont été blessés. Une enquête est en cours pour identifier les fauteurs de troubles responsables des incidents.

Concernant les événements survenus au boulevard Pacheco, devant les bureaux de l’Office des étrangers, la police décrit l’usage des gaz lacrymogènes comme étant « ciblé et proportionné pour disperser un groupe de casseurs menaçant la sécurité publique ».

Selon la police, l’intervention a été réalisée « conformément aux protocoles en vigueur, dans un contexte de violence et de refus de dispersion ». Elle exprime des regrets quant au fait que « des personnes non impliquées, dont un enfant selon certains témoignages, aient pu être incommodées ». À ce sujet, « une évaluation interne est en cours », précise la police.

L’intervention près de l’Office des étrangers s’est déroulée en plusieurs étapes, selon les explications de la police. Celle-ci parle d’une « première intervention » jugée « urgente » pour « sécuriser les occupants du 44 » (l’Office des étrangers, ndlr) « qui étaient physiquement en danger ». « L’effet de surprise était indispensable », estime la police bruxelloise.

Après cette première phase, « entre cette intervention et le nouvel usage de gaz et de l’arroseuse, un laps de temps important s’est écoulé », assure la police. Cela a laissé « largement la possibilité aux manifestants non impliqués de quitter les lieux », précise-t-elle. De plus, « plusieurs avertissements » ont été diffusés par les systèmes de sonorisation des véhicules de police « avant l’emploi des moyens spéciaux ».

Pas d’utilisation de la « nasse », mais un « confinement », selon la police

En raison des témoignages et des images laissant penser que la technique de la nasse avait été utilisée aux abords du boulevard Pacheco, la police bruxelloise rappelle que « la technique dite de la ‘nasse’ n’est pas utilisée en Belgique ». « Nous appliquons les modes d’action prévus par la réglementation », précise la police.

La police de Bruxelles-Capitale-Ixelles détaille que ces équipes « ont confiné les manifestants, fauteurs de troubles afin de sécuriser la zone, identifier les individus et rétablir l’ordre public ». Selon elle, cette mesure a également permis de saisir du matériel pouvant être utilisé pour « troubler la tranquillité ou commettre des dégradations ».

Cette technique de confinement permet également, selon la police, d’interpeller immédiatement des suspects identifiés pour des faits commis lors de la manifestation.

Concernant les images diffusées, la police souligne que « les images publiées montrent souvent uniquement une fraction de l’intervention et peuvent être sorties de leur contexte ». Une analyse est en cours pour examiner les circonstances précises des incidents survenus pendant la manifestation.

Le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close (PS), a réagi à ces « possibles violences policières ». « Nous sommes en train de faire toute la lumière sur les faits », affirme le bourgmestre. « Si bavure il y a eu, elle ne pourra pas être tolérée. C’est un métier extrêmement difficile mais il implique un devoir de responsabilité », a-t-il ajouté.

En ce qui concerne d’éventuelles violences policières commises lors de la manifestation du 14 octobre, le parquet a indiqué qu’aucune plainte ne lui avait été signalée.

Plusieurs enquêtes ouvertes par le parquet de Bruxelles

Le parquet de Bruxelles a publié un communiqué ce mercredi, « à la suite d’actes délictueux survenus lors de la manifestation du 14 octobre ».

Selon le parquet, les premiers éléments recueillis indiquent qu’un groupe spécifique a profité de la manifestation pour commettre volontairement des actes de violence. Le parquet décrit le mode opératoire de ce groupe : « Ils sont tous vêtus de noir, y compris d’un masque et d’une protection oculaire. Après leur action destructrice, ils se fondent à nouveau dans la manifestation afin de rester anonymes ».

Le parquet confirme qu’au total, trois personnes ont été arrêtées judiciairement par la police pour association de malfaiteurs.

Il précise également qu’il a ouvert une enquête pour incendie volontaire, entrave méchante à la circulation et association de malfaiteurs pour des faits commis à la place de l’Yser, correspondant à un incendie provoqué en début de journée.

Le parquet a également lancé une enquête afin d’identifier les auteurs des dégradations survenues au bâtiment de l’Office des étrangers, situé sur le parcours de la manifestation, où des incidents ont éclaté, entraînant l’intervention de la police.

Enfin, il informe que deux personnes ont également été arrêtées judiciairement pour rébellion et dégradation de mobilier urbain.

Les cinq suspects ont été mis à disposition du parquet.

Le parquet indique qu’il met en œuvre tous les moyens nécessaires pour identifier les autres fauteurs de troubles et apporter une réponse pénale appropriée.

Sur le même sujet : extrait JT (15/10/2025)

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Manifestation d’hier / Retour sur les incidents

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