Belgique

Histoire de la Belgique : répertoire en ligne des résistants 40-45

Il existe 4 statuts de résistants attribués par l’État belge après la seconde guerre mondiale. Environ 675 écrits périodiques échappant à la censure ont été réalisés et diffusés dès l’été 1940, dont seule une vingtaine sera encore diffusée à la fin de l’occupation.


Il existe quatre statuts de résistants attribués par l’État belge après la Seconde Guerre mondiale. Le statut d’« agent de renseignement et d’action » concerne les personnes ayant œuvré directement sous la direction du gouvernement belge en exil, ainsi que des services de renseignement belges et britanniques, comme l’explique Fabrice Maerten, historien au CegeSoma (Centre d’expertise sur l’histoire des conflits du XXe siècle) et responsable du projet de numérisation. « 18.700 personnes ont été reconnues à ce statut ». Le deuxième statut est celui de « résistant par la presse clandestine », désignant « ceux qui ont travaillé à la diffusion, à la rédaction et à l’impression des journaux clandestins », précise l’historien.

Le troisième statut concerne les résistants civils et le quatrième, les résistants armés. Les répertoires des deux premiers statuts sont complets et contiennent les fiches biographiques d’environ 65.000 personnes. Il suffit de se rendre sur le site « Resistance in Belgium ».

### L’original en salle de lecture

« Vous entrez sur la page d’accueil et vous voyez directement que vous pouvez rechercher un nom de personne, d’organisation ou de fonds d’archives », commente Fabrice Maerten. En cherchant le nom de Gaston Payez, sa fiche apparaît, indiquant des éléments d’identification tels que le nom, prénom, les liens familiaux, le domicile pendant et après la guerre, la date et le lieu de naissance, ainsi que sa profession. « On voit qu’il était actif dans le mouvement de résistance ‘Les milices patriotiques’ et qu’il écrivait pour ‘L’Espoir’ et ‘Le Peuple’, des journaux clandestins socialistes », ajoute l’historien du CegeSoma.

Cet habitant de Woluwe-Saint-Lambert a également été reconnu comme résistant armé. « S’il avait été arrêté, on aurait aussi ses dates de détention et éventuellement de décès ». La fiche mentionne aussi un numéro d’inventaire permettant d’accéder à son dossier papier, qui n’est pas disponible en ligne. Pour le consulter, il est nécessaire de contacter le Service Archives des Victimes de la Guerre, qui conserve les dossiers avec toutes les pièces originales. Le dossier peut être consulté sur place, dans la salle de lecture du bâtiment Art Déco situé place de l’aviation à Anderlecht.

### Découvrir la presse clandestine en ligne

À partir de la fiche, il est également possible d’en apprendre davantage sur ces journaux clandestins. « On voit que Gaston Payez écrivait dans ‘L’Espoir’ ». En cliquant sur ce titre, on découvre qu’il s’agissait d’un organe de combat et de libération nationale édité clandestinement à Bruxelles, avec les noms de responsables tels que Camille Vaneukem, Arthur Haulot et Léon Delsinne. « Ce qui est très intéressant aussi, c’est qu’il y a un lien vers un autre site qui s’appelle Belgian World Press, où vous pouvez accéder aux exemplaires numérisés du journal clandestin. Voilà ce qu’on peut obtenir à partir d’un nom ».

Cette base de données permet de mener de multiples recherches, non seulement par nom, mais aussi par organisation ou localité, avec des recherches plus complexes pour les historiens et les étudiants. « C’est un outil pour bien comprendre ce qu’était la résistance vue d’en bas, à travers différents éléments comme la profession, le genre, l’âge, et ceux et celles qui ont été arrêtés », précise Fabrice Maerten. Cependant, les utilisateurs les plus nombreux sont les descendants de résistants cherchant à retrouver le fil de leur histoire familiale.

### Contre propagande

Dès l’été 1940, des hommes et des femmes ont réalisé et diffusé des écrits périodiques échappant à la censure. Environ 675 de ces écrits sont documentés, mais seule une vingtaine demeurera en circulation à la fin de l’occupation. Cette presse clandestine, émanant de diverses tendances politiques, représente l’une des premières formes de résistance contre l’occupant en Belgique. Certains écrits sont très ponctuels et peu diffusés, tandis que d’autres ont une large portée, particulièrement en Belgique francophone. Les objectifs de cette presse sont multiples : redresser le moral de la population, contrebalancer la propagande allemande et inciter à la résistance active. Parmi les dizaines de milliers de personnes ayant participé, au moins 1.650 mourront des suites de la répression nazie.