Harcèlement scolaire : former des adultes de confiance pour les enfants ?
Le podcast HOPE – Histoire dʼen parler ensemble permet aux jeunes de partager leurs expériences et de se donner des conseils, tout en offrant aux adultes une meilleure compréhension des émotions, des besoins et des attentes des jeunes face au harcèlement scolaire. Dans l’épisode intitulé Quand ça pète à la maison, Emma, 11 ans, témoigne que malgré les conseils reçus pour parler à un adulte de confiance, rien ne s’est passé.
Pensé principalement pour les jeunes, le podcast *HOPE – Histoire d’en parler* leur offre une plateforme pour s’exprimer : ils partagent leurs expériences et se donnent des conseils mutuels. Ce podcast s’adresse également aux adultes, facilitant leur compréhension des émotions, des besoins et des attentes des jeunes face au harcèlement scolaire. Ensemble, il nous permet de réaliser ce que cela implique réellement : être un adulte sur qui les enfants peuvent compter.
Comment réagir quand un enfant nous confie qu’il est harcelé ?
Cette question est au cœur de l’épisode *Quand ça pète à la maison* du podcast *HOPE – Histoire d’en parler*. Emma, 11 ans, y raconte une histoire tristement familière. Comme beaucoup d’élèves victimes de harcèlement, elle a suivi le conseil souvent répété : « Parle à un adulte de confiance. » Et pourtant… rien ne s’est passé.
> « Mon éducateur disait toujours qu’il allait en parler… mais au début, il n’a rien fait. »
> **Emma, 11 ans**
Résultat : tristesse, colère, nuits perturbées, tensions familiales. Ce que les spécialistes désignent par « violence durable » : une situation qui s’installe et s’étend, épuisant tout le monde. Benoît Galand, docteur en psychologie et professeur à l’Université catholique de Louvain (UCL), et expert en harcèlement scolaire, souligne qu’un harcèlement ne se limite pas à une simple dispute. Il s’agit d’une relation répétée, marquée par un déséquilibre de pouvoir, souvent soutenue par des témoins (rieurs, silencieux, suiveurs). Traiter cela comme un conflit symétrique (« Faites la paix, on passe à autre chose ») condamne l’enfant à l’impasse, car un conflit suppose une égalité des forces, alors qu’ici, le déséquilibre est fondamental. Résultat : l’élève ciblé reste isolé face au groupe.
C’est là que les adultes ont **un rôle décisif**. Quand un enseignant minimise, détourne le regard ou renvoie les deux jeunes dos à dos, il ne résout rien : il détruit la confiance. Celles de la victime, bien sûr, mais aussi de ceux qui pourraient un jour devenir des cibles, et qui n’oseront plus demander de l’aide. À l’inverse, une réaction claire et rapide peut changer la donne. Dire stop, rappeler les règles de respect, écouter sans jugement : des gestes simples qui interrompent la dynamique de groupe et montrent que la violence n’a pas sa place à l’école.
Comment les réactions des adultes peuvent renforcer ou briser la confiance des enfants
Comme le souligne le chercheur Benoît Galand dans son ouvrage *Le harcèlement à l’école*, ce n’est pas la sévérité de la punition qui importe, mais la clarté du message. Quand l’adulte réagit **avec cohérence et soutien**, il envoie un signal fort : ici, on te protège, on t’écoute et on agit. À l’inverse, une réponse floue ou minimisante peut anéantir la confiance des élèves. Et lorsque ce message fait défaut, ils le ressentent immédiatement. Léon, 13 ans, confirme :
> « Quand j’ai parlé du garçon qui m’avait étranglé à la récré, le directeur m’a longuement demandé si j’étais bien sûr de ce que je disais… jusqu’à me faire mentir pour que l’affaire soit close. »
Voici trois conseils pour devenir l’adulte de confiance dont les jeunes ont réellement besoin :
Trois réflexes efficaces pour les adultes
1. **Écouter et nommer sans juger**
Il est crucial que l’enfant se sente entendu avant tout. Pour cela, rien de plus simple : écoutez attentivement et évitez de minimiser ou de relativiser ses expériences avec des phrases telles que « c’était pour rire » ou « qu’as-tu fait pour qu’on te réponde ça ? ». Validez ce qu’il a vécu, reformulez les faits (qui, quand, où, comment) et identifiez les répétitions ou les déséquilibres dans les situations de harcèlement.
2. **Documenter et partager avec précaution**
Il est aussi essentiel de conserver une trace concrète des faits. Noter les dates, lieux, messages et témoins permet d’objectiver la situation et de sortir du face-à-face parole contre parole. Et surtout, cette démarche doit se faire avec l’accord du jeune, pour qu’il garde le contrôle sur ce qu’il souhaite être rendu public.
3. **Mobiliser le cadre collectif de l’école**
Ne restez pas seul face à la problématique. La direction, le référent harcèlement ou encore le PMS peuvent intervenir. Si le harcèlement implique un groupe, ce groupe doit également devenir partie de la solution : rappel des règles, protection de l’élève ciblé, travail avec les témoins et suivi des auteurs.
Aider un enfant, c’est aussi savoir demander de l’aide
Il est normal, en tant qu’adulte, de se sentir démuni face à une situation de harcèlement : on a peur de mal faire, de trop faire ou pas assez. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut **se former, s’outiller**, et surtout qu’on n’est pas seul. Des ressources et des équipes existent pour accompagner les enfants, mais aussi les adultes désireux d’agir :
– 103 – Écoute-Enfants : Service gratuit et anonyme, 7 jours sur 7, pour les jeunes ou les adultes inquiets pour un jeune.
– 0800 95 580 – Écoute École : pour les situations liées à l’école ou au harcèlement.
– 116 000 – Child Focus : pour toute question liée à l’utilisation des réseaux sociaux, au cyberharcèlement ou à la sécurité en ligne des enfants.
Comme le rappelle Louise, la petite voix du podcast *HOPE – Histoire d’en parler ensemble*, à la fin de chaque épisode :
> « Le harcèlement scolaire, c’est notre problème à tous et à toutes. Et si on travaillait ensemble pour que ça s’arrête ? »

