Guerre au Proche-Orient : accord Israël-Hamas sur 1e phase de paix, otages lundi selon Trump
L’armée israélienne a dit jeudi sur X se préparer à réceptionner les otages, mais aussi à faire face à « tous les scénarios ». Selon une source au sein du Hamas interrogée par l’AFP, les otages israélians vivants, estimés à 20 sur les 47 détenus à Gaza, seront libérés en une seule fois contre près de 2000 détenus palestiniens.

Joie et larmes à Gaza
L’armée israélienne a annoncé jeudi sur X être en préparation pour accueillir les otages, tout en se préparant à « tous les scénarios ». Elle a exhorté les habitants à ne pas retourner dans le nord de Gaza.
Selon une source au sein du Hamas contactée par l’AFP, les otages israéliens vivants, évalués à 20 parmi les 47 captifs à Gaza, seront libérés en une seule fois en échange de près de 2000 prisonniers palestiniens. De plus, « de premières cartes ont été présentées par la partie israélienne concernant le retrait de ses troupes ».
Suite à l’annonce de cet accord, une grande joie a envahi Al-Mawasi, région du centre de la bande de Gaza où sont regroupés des dizaines de milliers de Palestiniens déplacés en raison des frappes israéliennes, comme l’a constaté un journaliste de l’AFP sur place. Toutefois, ce matin, la Défense civile a rapporté des frappes après l’annonce de l’accord.
« Lorsque j’ai appris la nouvelle, je n’ai pas pu me retenir. Des larmes de joie ont coulé. Deux ans de bombardements, de terreur, de destruction, de pertes, d’humiliations et le sentiment constant que nous pouvions mourir à tout moment. Et là, nous avons enfin l’impression de vivre un moment de répit », a révélé à l’AFP un déplacé, Samer Joudeh.
« Grand jour pour Israël »
Le Qatar, en tant que médiateur, a confirmé « qu’un accord a été conclu ce soir sur toutes les dispositions et les mécanismes de mise en œuvre de la première phase de l’accord de cessez-le-feu à Gaza, qui conduira à la fin de la guerre, à la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens, et à l’entrée d’aide humanitaire », d’après le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari.
De son côté, le Hamas a déclaré avoir atteint un accord « prévoyant la fin de la guerre à Gaza ».
« C’est un grand jour pour Israël », a commenté le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a remercié Donald Trump et a annoncé qu’il réunira son cabinet dès jeudi pour « ratifier l’accord et rapatrier tous nos précieux otages ».
Des sources informées sur le dossier ont précisé à l’AFP que l’accord concernant la première phase du plan serait signé dès jeudi en Égypte. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avait précédemment indiqué qu’il avait invité, en cas d’accord, Donald Trump, qui sollicite le prestigieux Prix Nobel de la paix annoncé vendredi, pour « assister à sa signature ».
« Les combats doivent s’arrêter une fois pour toutes », a réagi le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, appelant les parties à « respecter pleinement les termes » de l’accord. « La souffrance doit prendre fin », a-t-il martelé.
« Peur d’une trahison »
À Al-Mawasi, Tareq al-Farra attend avec impatience l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, même s’il affiche ses inquiétudes. « J’ai le sentiment que je n’arriverai pas à fermer l’œil de la nuit tant la joie et une tension m’habitent« , confie-t-il à l’AFP.
« Je suis vraiment heureux que la guerre prenne fin, mais en même temps, j’ai peur d’une trahison, d’un retour aux affrontements comme lors de la première trêve (novembre 2023, NDLR). Cette fois, j’espère que notre joie sera totale, que le cauchemar prendra fin« , souligne-t-il.
D’après le plan Trump, les pourparlers, débutés lundi, se déroulent deux ans après le commencement de la guerre dans la bande de Gaza, provoquée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023.
Tout au long des discussions, l’armée israélienne a poursuivi ses bombardements meurtriers sur le territoire palestinien, déjà affamé, assiégé et dévasté, selon la Défense civile locale.
Le plan Trump présenté le 29 septembre prévoit un cessez-le-feu, un échange des otages enlevés le 7 octobre 2023 contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël, le retrait progressif de l’armée israélienne de Gaza et le désarmement du Hamas.
La veille, le négociateur en chef du Hamas Khalil al-Hayya avait exigé des « garanties » de M. Trump que la guerre à Gaza prendrait fin « une fois pour toutes« . Le Hamas a accepté de libérer les otages, mais a aussi demandé le retrait total israélien de Gaza. En revanche, il n’a pas mentionné son propre désarmement, point essentiel de la proposition.
Benjamin Netanyahu a, de son côté, insisté sur le fait que son armée resterait dans la majeure partie de Gaza et a répété que le Hamas devait être désarmé.
« Détruire le Hamas »
Le ministre israélien d’extrême droite Itamar Ben Gvir s’est rendu sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem avant l’annonce de la Maison Blanche, suscitant la colère du Hamas et de plusieurs pays arabes. « Je prie seulement pour que notre Premier ministre permette une victoire totale à Gaza, afin de détruire le Hamas, avec l’aide de Dieu, et de ramener les otages« , a déclaré Itamar Ben Gvir, qui s’oppose à tout accord.
Deux trêves antérieures en novembre 2023 et début 2025 avaient permis le retour d’otages ou de corps de captifs en échange de prisonniers palestiniens, mais n’avaient pas conduit à une résolution du conflit.
L’attaque du 7 octobre a causé la mort de 1219 personnes, principalement des civils, selon un bilan établi par l’AFP sur la base de données officielles. Parmi les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 restent otages à Gaza, dont au moins 25 seraient mortes selon l’armée.
En réponse, Israël a lancé une campagne militaire qui a ravagé le territoire et causé, d’après le ministère de la Santé du Hamas, plus de 67.183 décès, surtout parmi les civils.
L’ONU a déclaré un état de famine dans une partie de Gaza et ses enquêteurs affirment qu’Israël y commet un génocide, une affirmation rejetée par Israël.

