Belgique

Grandir à l’abri : des enfants et mères fuient la précarité

La Maison maternelle du Brabant wallon accueille chaque année 400 demandes d’entrée, mais seulement 10% des familles peuvent être accueillies en raison de moyens et d’espaces insuffisants. Actuellement, une vingtaine de femmes et plus de 40 enfants sont pris en charge dans la maison d’accueil qui compte 64 lits pour un an d’hébergement.

Une association soutenue par Viva for Life

La Maison maternelle du Brabant wallon s’engage activement dans la lutte contre la précarité infantile en soutenant les femmes enceintes et les mères avec enfants en situation de forte vulnérabilité sociale, familiale et économique. Dans un contexte où la précarité affecte directement le développement et le bien-être des plus jeunes, cette structure met l’enfant au cœur de sa mission. Son objectif est d’assurer que chaque enfant puisse grandir dans des conditions dignes, sécurisantes et stables, avec accès à ce qui devrait être normal pour tous, à savoir un logement sûr, des soins, une nutrition adéquate, une scolarité, des repères affectifs et des perspectives d’avenir.

Sécuriser son enfant à tout prix

Je n’avais ni argent, ni rien pour subvenir aux besoins de mon enfant

Du réconfort et des rires innocents. Après avoir vécu dans la peur, la précarité et les pleurs, c’est dans cette maison maternelle que Justine et sa fille Lucie ont trouvé refuge. Comme bien d’autres qui ont été accueillies dans une totale détresse, Justine a été victime de violences conjugales. Une cruelle réalité qui se produisait sans fin et devant sa fille Lucie. Du jour au lendemain, elle décide de se sauver avec son enfant, mais elles se retrouvent sans rien. « J’ai dû fuir la maison parce que c’était constant, et la police n’était pas apte à pouvoir m’aider. Quand je suis partie, je suis partie vraiment sans rien, ni carte d’identité, ni carte de banque, rien. J’ai été portée par la peur. C’est par la suite que je me suis rendu compte que je n’avais ni argent, ni stabilité, ni rien pour subvenir aux besoins de mon enfant.« , confie Justine.

Justine et sa fille en sécurité dans la Maison maternelle. © RTBF

Je ressens beaucoup de honte

Dans une totale détresse sociale, Justine se retrouve sans ressources avec sa fille. Après avoir été contrainte de tout abandonner pour échapper aux coups de son ex-conjoint, elle exprime son sentiment de mère : « C’était très compliqué d’autant plus que pour nous échapper et éviter que mon ex-compagnon ne nous retrouve, Lucie a dû quitter son école. Je ressens de la honte. En tant que maman, on est honteuse parce que c’est l’enfant qui subit nos choix, nos problèmes. Oui, je ressens beaucoup de honte.« 

Un accompagnement pour vivre comme tout enfant

À travers un accompagnement global et individualisé, la Maison maternelle soutient les mères dans leur rôle parental tout en répondant aux besoins fondamentaux des enfants. L’hébergement temporaire s’accompagne d’un suivi éducatif, social et psychosocial, visant à renforcer le lien parent-enfant, à prévenir les ruptures et à favoriser le développement ressourçant des enfants.

En collaboration avec les acteurs sociaux, médicaux et éducatifs du Brabant wallon, l’ASBL œuvre chaque jour pour rompre le cycle de la précarité, redonner des perspectives aux familles et permettre aux enfants de construire leur avenir sur des bases solides.

Se dire que ces enfants ne tomberont jamais dans l’indifférence

Parce qu’aucun enfant ne devrait grandir dans l’insécurité ou un manquement des besoins primaires, Aurore Hebrant, la directrice pédagogique de la Maison maternelle, défend une vision simple et essentielle :  » Notre mission est de faire en sorte que ce qui est ordinaire pour la plupart des enfants le devienne aussi pour ceux qui grandissent malheureusement dans la précarité. Leur permettre une sécurité de base, c’est-à-dire qu’ils puissent revenir dans un endroit qui est chauffé, qui les attend, où il y aura toujours une équipe éducative qui sera autour d’eux. Et de se dire que ces enfants ne tomberont jamais dans l’indifférence. « 

Nuit et jour, toute une équipe spécialisée prend soin de ces enfants en situation de détresse. © RTBF

Etape par étape pour sortir de la précarité

En entrant dans notre maison d’accueil, il va y avoir toute une équipe qui va prendre en charge la totalité de la famille

Depuis 1978, la Maison maternelle accueille ces enfants et ces mamans qui sont entourés 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 par des assistants sociaux, puéricultrices, éducateurs, etc. Chaque année, cette association reçoit 400 demandes d’entrée. Malheureusement, faute de moyens et d’espaces suffisants, seulement 10% des familles pourront être accueillies. Au quotidien, une vingtaine de femmes et plus de 40 enfants sont pris en charge dans la maison d’accueil qui compte 64 lits (un an d’hébergement).

Au-delà de cette tragique urgence, Aurore Hebrant nous résume les différentes étapes de l’accompagnement : « La première étape est de les mettre en sécurité en leur offrant un toit. En entrant dans notre maison d’accueil, il va y avoir toute une équipe qui va prendre en charge la totalité de la famille. Par la suite, pour quelques-unes d’entre elles, on dispose aussi d’une maison de vie communautaire. Là, ces mères vont avoir le temps de se réinsérer et, à un moment donné, reprendre le chemin vers la formation, vers l’emploi. Les enfants, cela va leur permettre surtout de ne plus être déscolarisés.« 

« On a aussi un accompagnement en appartements supervisés parce qu’avoir un logement c’est une chose, mais le garder en est une autre. La dernière étape est l’accompagnement dans leur propre logement, soit le post-hébergement.« 

Accompagnés depuis leur arrivée jusqu’à aujourd’hui, Fanny et son petit garçon ont désormais leur propre logement. © RTBF

Vers la lumière et l’autonomie

En tant que maman, je suis si heureuse de voir mon petit garçon enfin apaisé

Fanny Delforge, qui poursuit un travail difficile de reconstruction pour le bien de son fils, a également été victime de violences conjugales. Elle s’est enfuie avec son bébé, n’ayant eu que le temps de prendre une valise. Après un an et demi, et avec le soutien de l’équipe de la Maison maternelle, Fanny et son enfant ont désormais leur propre logement.

Cette jeune maman s’apprête à commencer une formation pour acquérir plus d’autonomie. « Dès que je suis arrivée ici, la Maison maternelle a été une aide pour mettre en sécurité mon fils, pour m’aider à l’élever correctement, pour mes papiers, jusqu’à m’accompagner pour le logement. Grâce à toute l’équipe, je me sens aujourd’hui libre de faire ce que je veux sous mon propre toit. Mon fils a aujourd’hui tout ce dont il a besoin. En tant que maman, je suis si heureuse de voir mon petit garçon enfin apaisé« , témoigne Fanny Delforge.

La Maison maternelle du Brabant wallon peut venir en aide à ces enfants et ces mères en détresse, en partie grâce aux dons récoltés par Viva for Life pour soutenir de nombreuses associations. Actuellement, en Belgique, 80.000 enfants âgés de 0 à 6 ans vivent en situation de précarité.

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Précarité infantile / Une maison pour fuir les violences

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