Belgique

Gouvernement bruxellois : les dangers de la piste Yvan Verougstraete et coalitions examinées.

Yvan Verougstraete a annoncé sa volonté de former un gouvernement bruxellois sans le MR, mais avec le PS, Les Engagés, Ecolo et Défi, côté francophone, et Groen, Vooruit et le CD&V côté flamand. Dans la formule proposée, les francophones auraient 36 sièges sur 72, donc un siège de moins que la majorité, et côté néerlandophone, Groen, Vooruit et le CD&V n’offriraient que 7 sièges sur les 9 nécessaires.


La septième tentative de former un gouvernement bruxellois sera-t-elle fructueuse ? Ce jeudi, Yvan Verougstraete a exprimé son souhait de constituer un gouvernement à Bruxelles sans le Mouvement Réformateur (MR), mais avec le Parti socialiste (PS), Les Engagés, Écolo et Défi d’un côté francophone, et Groen, Vooruit et le CD&V de l’autre côté flamand. Après plus de 550 jours de crise, l’espoir d’un gouvernement de centre gauche se profile.

Cependant, cette initiative soulève des doutes chez certains, car elle ne garantirait pas une majorité, tant du côté francophone que néerlandophone. Pour rappel, pour qu’un gouvernement soit majoritaire à Bruxelles, il doit obtenir une double majorité :

– Au moins 37 élus francophones sur 72 doivent soutenir le gouvernement francophone ;
– Au moins 9 élus néerlandophones sur 17 doivent soutenir le gouvernement flamand.

Dans la formule présentée par Yvan Verougstraete, les francophones ne compteraient que 36 sièges sur 72, soit un siège de moins que la majorité. Convaincre l’un ou les deux députés indépendants, Fabian Maingain (ex-Défi) et Soulaimane El Mokadem (ex-PTB), serait nécessaire. La présidente de Défi, Sophie Rohonyi, a souligné que toute coalition sans le MR serait « bancale », tout en laissant la porte ouverte.

Du côté néerlandophone, Groen, Vooruit et le CD&V n’offriraient que 7 sièges sur les 9 requis. Yvan Verougstraete devrait convaincre un autre parti, l’Open VLD, dirigé par Frédéric De Gucht, pour atteindre la majorité.

Côté francophone, aucune surprise n’émerge à la mi-juillet 2024, 40 jours après les élections, concernant les négociations entre le MR, le PS et Les Engagés, qui ensemble dépassent la majorité avec 44 sièges au total (20, 16 et 8 respectivement). La tripartite est officialisée le 1er août, avec des textes de négociation déposés, et David Leisterh, leader bruxellois du MR, se projette comme ministre-président.

La situation est plus compliquée du côté flamand. Groen, qui a obtenu 22,8 % des voix et 4 sièges, doit trouver une majorité avec Vooruit et l’Open VLD. Benjamin Dalle, député du CD&V, est également sondé pour rejoindre cette coalition. Toutefois, le gouvernement ne propose que trois postes aux néerlandophones, si bien que Dalle refuse un poste de « commissaire de gouvernement ».

Le PS indique alors une pause dans les négociations, affirmant que « la N-VA n’est pas une option ». Le PS se dit prêt à revenir à la table si la N-VA se retire. Les calculs révèlent qu’atteindre la majorité néerlandophone (10 sur 17) éloigne la majorité francophone, où MR et Engagés n’atteignent plus que 28 élus.

David Leisterh écrit au PS, Ecolo et Défi, arguant qu’ignorer la N-VA du côté flamand est impossible. Il espérait que Défi et Ecolo pourraient remplacer le PS, mais une telle manœuvre échoue. Pour chercher d’autres pistes, Christophe De Beukelaer (Les Engagés) et Elke Van den Brandt (Groen) se lancent dans une mission d’information. Trois semaines plus tard, ils révèlent qu’une coalition sans la N-VA est envisageable si le CD&V y participe.

Frédéric De Gucht considère cette approche comme une menace à la majorité néerlandophone fragile, résistant ainsi à toute modification de la coalition proposée. Le blocage persiste, culminant en un « total » impasse dix mois après les élections.

L’initiative du PS en mai pour former une « majorité progressiste » rassemblant les partis de gauche est également mal reçue. Avec 38 sièges sur le côté francophone (PS, PTB, Ecolo) et 10 sur le néerlandophone (Groen, Team Fouad Ahidar, Vooruit, PVDA), la majorité-espérée semble à portée, mais les exclusives des partis compliquent les discussions.

Des réunions entre ces partis de gauche sont jugées « constructives » par Ahmed Laaouej, tandis que le MR propose une « déclaration de politique générale » aux « partis démocratiques », excepté le PTB-PVDA, Team Fouad Ahidar et Vlaams Belang. Toutefois, les négociations échouent, et le PS conclut que seule une collaboration entre MR et PS pourrait être la voie à suivre.

Au moment de célébrer un an sans gouvernement, le 9 juin 2025, le PS se voit dans l’incapacité d établir une majorité avec les autres partis de gauche. Finalement, la proposition d’Ahmed Laaouej est abandonnée, redéfinissant l’absence de solutions possibles.

En juillet, à l’occasion de la fête de la communauté flamande, Georges-Louis Bouchez annonce une relance des discussions discrètes entre le MR et le PS. Cependant, la situation reste stagnante, et aucune avancée significative ne se profile.

Mi-août, Yvan Verougstraete est nommé facilitateur et propose un plan pour relancer les négociations, rassemblant les principaux partis francophones et flamands autour d’une majorité solide. Le PS offre des concessions pour équilibrer le poids politique dans le gouvernement.

Georges-Louis Bouchez se présente comme formateur, ouvrant la voie pour des négociations officielles. Cependant, des tensions émergent lorsque Frédéric De Gucht critique le PS, ce qui entraîne le retrait du PS des discussions. La situation se fige alors, les Engagés confirmant le nouvel échec des négociations.

À l’issue de cette période troublée, plusieurs parlementaires ont quitté leur parti, parfois pour devenir indépendants, soulignant l’instabilité politique à Bruxelles.