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France : Nicolas Sarkozy, condamnation de l’Élysée à la prison

Nicolas Sarkozy a été condamné définitivement pour corruption et trafic d’influence dans le dossier dit des « écoutes » et a reçu une peine de prison ferme en décembre. Il a également été condamné en appel, en février 2024, à un an de prison, dont six mois ferme, dans l’affaire Bygmalion.


Nicolas Sarkozy est devenu en décembre le premier ancien président français à recevoir une peine de prison ferme, suite à sa condamnation définitive pour corruption et trafic d’influence dans le cadre des « écoutes ». Sa peine avait été aménagée avec un bracelet électronique. Après la décision de jeudi, il sera le premier président à passer la nuit en prison.

Bien qu’il ait été éloigné des sphères politiques ces dix dernières années, ses interventions lors des meetings de son parti, Les Républicains (LR, ex-UMP), continuent d’être applaudies et ses livres de mémoires rencontrent un franc succès.

Doté d’un enthousiasme communicatif et d’une gestuelle à la fois vive et débridée, cet homme surnommé « Sarko » par les Français a réussi à susciter des sentiments contrastés, pouvant même être aimé et détesté par les mêmes individus tout au long de sa carrière politique de quatre décennies, marquée par son passage à l’Assemblée nationale, plusieurs ministères (Budget de 1993 à 1995, Économie et Finances de mars à novembre 2004, Intérieur de 2005 à 2007) ainsi que la présidence du parti UMP, devenu LR entre 2014 et 2016.

Il a accédé à l’Élysée en 2007, et sa campagne électorale victorieuse est au cœur de l’affaire jugée le 25 septembre 2025, où la justice soupçonne qu’elle ait été financée par l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi (1969-2011).

Ce « président bling-bling », accusé par certains de dérive sécuritaire et raciste, mais considéré par d’autres comme un gestionnaire habile lors de la crise financière de 2008, a été battu par le socialiste François Hollande lors de sa quête de deuxième mandat en 2012. Après cette défaite, il avait promis qu’on « n’entendrait plus parler de » lui. Cependant, ses démêlés judiciaires et sa vie médiatique, souvent aux côtés de son épouse, l’ancienne mannequin et chanteuse franco-italienne Carla Bruni, ainsi que son amour pour la politique, ont contré cette affirmation.

Nicolas Sarkozy s’est dit victime d’un « harcèlement » des juges, multipliant ainsi les convocations et accumulant les revers judiciaires. Sa condamnation définitive dans l’affaire des « écoutes » – impliquant la corruption d’un magistrat en 2014 pour des informations sur les enquêtes le concernant – est sans précédent : jamais un président français n’avait été condamné à de la prison ferme.

Son mentor, Jacques Chirac, président de 1995 à 2007, avait été condamné auparavant, en 2011, à deux ans de prison avec sursis pour des emplois fictifs à la ville de Paris. Nicolas Sarkozy a également été condamné en appel, en février 2024, à un an de prison, dont six mois fermes, pour l’affaire Bygmalion, concernant le financement de sa campagne présidentielle de 2012.

Son pourvoi devant la Cour de cassation, la plus haute juridiction d’appel française, doit être examiné le 8 octobre.

Son irrésistible ambition l’avait conduit à tenter une nouvelle fois sa chance pour l’Élysée en 2017, mais il a été évincé par un vote des militants de son parti, qui préféraient son ancien Premier ministre François Fillon. Cet épisode a marqué la fin de ses ambitions politiques, lui qui aime se définir comme un « petit Français de sang-mêlé » – avec un père hongrois et un grand-père maternel juif grec – ayant atteint les plus hautes fonctions de la République.

Élu en 1983, à 28 ans, à la mairie de Neuilly-sur-Seine, une commune aisée de l’Ouest parisien, il a vu ce poste comme un tremplin vers une carrière politique dense. Exclu brièvement de son camp pour avoir soutenu Édouard Balladur contre Jacques Chirac dans une lutte fratricide avant l’élection présidentielle de 1995, il est devenu incontournable lors de la campagne de réélection de Jacques Chirac en 2002. Il a ensuite défié Chirac depuis le gouvernement, en tant que populaire ministre de l’Intérieur, avant d’accéder à la présidence.

Depuis son retrait, il a maintenu une certaine influence à droite, certains le considérant comme une référence, et il recevait régulièrement dans ses bureaux proches de l’Élysée.

Dans une période d’instabilité politique en France depuis juin 2024, il avait reçu en juillet Jordan Bardella, le président du parti d’extrême droite Rassemblement national.

À la fin de l’année 2024, il avait tenté – en vain – d’utiliser son influence pour empêcher son rival, le centriste François Bayrou, de devenir Premier ministre. Nicolas Sarkozy affichait aussi une relation cordiale avec le président Emmanuel Macron, qu’il rencontrait régulièrement, tout en déplorant qu’il « ne l’écoute pas toujours ».