Belgique

Fin de la gratuité des académies de musique, danse et arts plastiques avant 12 ans

Le prix des stages Adeps sera relevé de 10% et, dès 2026, seuls les enfants issus de milieux précarisés, scolarisés jusqu’à la sixième primaire, continueront de bénéficier gratuitement des fournitures scolaires. En moyenne, les enfants de moins de 12 ans représentent un à deux tiers du public des académies en Belgique francophone.

Une mesure supplémentaire qui touchera les familles

Cette mesure touchant les académies ne sera pas la seule à impacter les enfants de moins de 12 ans. À titre d’exemple, le coût des stages Adeps augmentera de 10%. De plus, concernant le matériel scolaire, à partir de 2026, seuls les enfants de milieux précarisés, scolarisés jusqu’à la sixième primaire, continueront à bénéficier gratuitement des fournitures.

« Nous sommes assez en colère car ces nouvelles mesures entraînent de nouveaux frais à la charge des parents, déclare Madeleine Guyot, directrice générale de la Ligue des familles. Selon nos calculs, pour une famille, la gratuité des frais scolaires représentait une non-dépense de 104 euros par enfant. Et selon une étude que nous avons réalisée début septembre, 65% des parents se disaient déjà en difficulté par rapport aux frais des activités extrascolaires, avant que ces mesures ne soient annoncées vendredi dernier ».

L’étude effectuée par la Ligue des familles indique également que les familles dépensent en moyenne 1295 euros par an pour les activités sportives et artistiques régulières de leurs enfants (hors stages, tenues et matériel…). « Ce coût supplémentaire dans les académies pour les moins de 12 ans va encore alourdir le portefeuille des parents, ajoute Madeleine Guyot. Et pour ceux qui ne pourront pas se le permettre, cela ôte la possibilité aux enfants de découvrir un instrument ou une activité qui pourrait leur plaire ».

Les enfants de moins de 12 ans représentent entre un et deux tiers des élèves d’académies. © Getty Images – Image Source

Une « catastrophe » pour les directeurs d’académies

En moyenne, les enfants de moins de 12 ans constituent entre un et deux tiers des élèves inscrits dans les académies.

« C’est catastrophique, nous sommes sous le choc depuis vendredi, déclare Savina Le Juge, directrice de l’académie Arthur De Greef de Saint-Gilles. Tout d’abord, il y aura des disparités car seuls les enfants de familles plus aisées pourront continuer à suivre les cours. De plus, il faut savoir que souvent, plusieurs enfants d’une même famille fréquentent une académie. On multiplie le nombre d’enfants par 94 euros juste pour pouvoir s’inscrire ».

Cette mesure aura des répercussions en cascade sur le fonctionnement et la survie même de plusieurs académies.

Savina Le Juge, directrice de l’académie de Saint-Gilles.

En Belgique francophone, les académies (secteur de l’ESAHR, enseignement secondaire artistique à horaire réduit, permettant notamment de se préparer à des études supérieures artistiques) fonctionnent selon un système d’enveloppe fermée. « C’est un système d’enveloppe fermée avec dotation, explique Savina Le Juge. Là où il y a plus d’élèves, la dotation est plus élevée. Et là où il y en a moins, la dotation diminue ».

Or, certaines sections regroupent traditionnellement les enfants de moins de 12 ans, notamment la danse, la formation musicale ou les arts de la parole.

Face à cette augmentation des coûts, les académies craignent une baisse des inscriptions des jeunes enfants dans ces filières, ce qui pourrait engendrer des pertes d’emplois. Ainsi, un professeur qui enseigne à ces enfants, ainsi qu’à un public plus âgé, pourrait perdre son poste dans telle ou telle académie. Tous les élèves, même ceux de plus de 12 ans, seront impactés.

En milieu rural, des antennes d’académies situées dans des villages ou des petites villes vont disparaître

À Malmedy, le directeur de l’académie aborde une autre réalité qui n’existe pas dans les grandes villes : « Nous sommes un établissement à caractère rural, avec plusieurs implantations notamment à Francorchamps, Trois-Ponts, Stavelot, Vielsalm ou Gouvy« , explique Vincent Dujardin.

« Étant donné le nombre d’inscriptions en baisse, il y aura une diminution de la dotation et des pertes d’emplois de professeurs. D’autant plus que les moins de 12 ans représentent plus de la moitié de nos élèves. Nous devrons donc recentraliser certaines implantations », ajoute-t-il. Le directeur devra prendre des décisions et n’en conserver que quelques-unes.

Dans l’étude sur les activités extra-scolaires réalisée par la Ligue des familles, il est mentionné que les parents doivent effectuer en moyenne huit trajets hebdomadaires pour amener leurs enfants à leurs activités. Or, dans une région comme celle de Malmedy, l’antenne de l’académie permet aux parents de réduire les déplacements en voiture.

« C’est l’accessibilité qui est mise en avant, précise Vincent Dujardin. Nos parents parcourent déjà beaucoup de kilomètres pour leurs enfants, que ce soit pour le sport ou pour la culture. Cela entraînera encore plus de déplacements, nécessitant une nouvelle organisation familiale. Cela complique la vie du citoyen ».