Belgique

État de la religion catholique en France : « C’est la fin de la pratique religieuse institutionnelle »

Un enterrement sur trois seulement a été célébré par l’Église catholique, ce qui représente une baisse de plus de 26% depuis 2018. La diminution du clergé est de 30% en 6 ans.

Pratique religieuse en baisse

Un enterrement sur trois a été célébré par l’Église catholique, ce qui représente une baisse de plus de 26 % depuis 2018. Caroline Sägasser souligne que cela est préoccupant « parce que très longtemps, le taux de funérailles religieuses est resté élevé. C’est assez logiquement un indicateur qui a baissé plus tardivement que les autres« .

La baisse du nombre de baptêmes, ça dessine peut-être un peu l’avenir de la religion

Caroline Sägasser

Ce qui frappe particulièrement cette historienne est la diminution des baptêmes des nouveau-nés : « Ça dessine peut-être un peu l’avenir de la religion. Et donc, en 2008, il y avait encore plus d’un nouveau-né sur deux qui étaient baptisés. Aujourd’hui, nous sommes à un sur quatre. Donc, c’est ce chiffre-là, moi, qui me frappe« .

Ce rapport annuel de l’Église catholique témoigne, selon Caroline Sägasser, d’un « bouleversement sociétal extrêmement profond, avec ce changement d’une société qui restait dominée par l’Église, par la foi catholique, vers une société sécularisée. C’est la foi, la pratique religieuse qui est en baisse extrêmement rapide et vertigineuse. Mais les structures que ce monde catholique avait mises en place, elles, restent bien vivaces comme l’enseignement catholique« . La fréquentation des écoles catholiques est en hausse.

Une quête de spiritualité

Autre tendance notée par Caroline Sägasser et Gabriel Ringlet, c’est la forte diminution du nombre de prêtres, avec une réduction de 30 % du clergé en six ans. Un tiers en moins.

« Nous sommes devant une question structurelle« , précise l’abbé Gabriel Ringlet, qui ajoute que « ma pratique de tous les jours m’indique que jamais la foi spirituelle, le souci spirituel, le souci rituel, n’ont été aussi grandes qu’aujourd’hui. Donc ce qui se passe, ce n’est pas la fin du rituel, ce n’est pas la fin de la pratique, c’est la fin de la pratique institutionnelle« .

Ce n’est pas la fin du rituel, ce n’est pas la fin de la pratique, c’est la fin de la pratique institutionnelle

Gabriel Ringlet

Selon cet auteur de « Rites pour la Vie« , « Nous sommes devant des contemporains qui ont envie que l’Évangile se mette en pratique, qui ont envie vraiment d’une authentique vie spirituelle, qui sont constamment à la recherche de rites. J’ai lancé une école des rites, mais la demande est si forte que cela ne désemplit pas, et des gens disent qu’ils souhaitent célébrer« . Il pense donc qu’il y a un changement fondamental qui concerne davantage l’institution de l’Église que la réalité sociologique de ce que vivent les gens.

Les Belges continuent de rechercher une quête spirituelle et souhaitent donner un sens à leur vie.

Pourquoi l’Église catholique ne répond plus à cette soif de spiritualité ?

Cette diminution de la pratique religieuse est selon Gabriel Ringlet liée à « un rite, qui est devenu ritualisme. Quand le rite devient une répétition sans âme, ça n’intéresse pas, on tourne le dos« .

Gabriel Ringlet avance aussi que le langage de l’Église est un obstacle : « le langage liturgique, le langage des prières, des textes… Il est illisible, il est inaudible« . Il tire alors un constat sans appel : « Il faut être théologien spécialisé aujourd’hui pour comprendre certains des textes qui sont dits lorsqu’on va à la messe« .

Il faut être théologien spécialisé aujourd’hui pour comprendre certains des textes qui sont dits lorsqu’on va à la messe

Gabriel Ringlet

Une des pistes suggérées par Gabriel Ringlet serait de « tout réécrire, réexprimer car il y a un décalage« .

Ce théologien s’oppose à l’idée selon laquelle « l’Église a raté le virage de la modernité « , préférant l’expression « l’Église n’a pas mesuré que beaucoup de choses avaient changé« .

Il constate que les croyants qui demandent le baptême pour leurs enfants ne se rendent plus nécessairement à la messe le dimanche. Il les retrouve souvent quelques années plus tard pour la première communion : « Nous ne sommes plus dans le rythme, nous sommes dans un tout autre langage. C’est la fin de la messe du dimanche« .

Un rapport preuve de transparence de l’Église catholique de Belgique

Ce rapport annuel de l’Église catholique belge est un véritable signe de transparence de cette institution, dont les ministres du culte sont rémunérés par le ministère de la justice.

C’est extrêmement frustrant de ne pas disposer de semblables données pour les autres religions

Caroline Sägasser

Pour Caroline Sägasser, les autres religions ne font pas le même effort : « C’est extrêmement frustrant de ne pas disposer de semblables données pour les autres religions. Il faut souligner qu’elles ne sont pas organisées de la même façon. La capacité de l’Église catholique à solliciter toutes les paroisses pour demander la transmission des chiffres ne peut pas être appliquée aux autres religions. Ce n’est pas forcément une volonté ou une absence de transparence, mais souvent simplement une impossibilité de communiquer des chiffres. Il est donc regrettable que du côté des études scientifiques, nous n’ayons pas des données plus substantielles à analyser« .