Belgique

Emmanuel Macron ne peut plus compter sur ses alliés, Édouard Philippe veut une présidentielle anticipée.

Emmanuel Macron a demandé à Sébastien Lecornu de poursuivre « d’ultimes négociations » pour tenter de composer une coalition, se trouvant plus isolé que jamais. Édouard Philippe a exhorté le président à organiser « une élection présidentielle anticipée » après l’adoption d’un budget pour 2026.


Dissolution, présidentielle anticipée… La crise politique s’intensifie ce mardi au sein même du camp présidentiel, et Emmanuel Macron, qui a chargé Sébastien Lecornu de poursuivre « d’ultimes négociations » pour tenter de former une coalition, se retrouve plus isolé que jamais.

Édouard Philippe, dirigeant d’Horizons et allié traditionnel du président, appelle à sa démission avant la fin de son mandat. Il lui a suggéré d’organiser « une élection présidentielle anticipée » après l’adoption du budget 2026.

En évoquant « l’affaissement de l’État » qu’il juge « non garanti« , l’ancien Premier ministre (2017-2020), qui se présente pour 2027, a déclaré : « On ne peut pas prolonger cet état pendant 18 mois de plus, ce serait trop long. »

La veille, Gabriel Attal, un ancien chef de gouvernement très proche d’Emmanuel Macron, avait également pris ses distances, explicitant qu’il ne comprend « plus les décisions » du président.

En parallèle, les opposants continuent de critiquer la situation politique sans précédent en France, marquée par la démission inattendue lundi du gouvernement de Sébastien Lecornu, survenue seulement 14 heures après sa nomination.

Le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, à l’origine de cette crise en menaçant de quitter le gouvernement en raison du retour de Bruno Le Maire, a néanmoins assoupli sa position mardi. Il a proposé que son parti, Les Républicains, rejoigne un gouvernement de « cohabitation » avec la macronie, à condition que LR « ne se dilue pas » dans le camp présidentiel. Cependant, il a refusé de participer à la réunion du « socle commun« , l’alliance de centre-droit maintenue depuis la dissolution de 2024.

Le Premier ministre démissionnaire a convoqué ses alliés dès 9 heures à Matignon, chargé par le président de mener d' »ultimes négociations » d’ici mercredi pour « définir une plateforme d’action et de stabilité« .

Les présidents des deux chambres du Parlement, Yaël Braun-Pivet (Renaissance, Assemblée) et Gérard Larcher (LR, Sénat), étaient également présents à la réunion.

Le terrain est particulièrement délicat pour ce Premier ministre, déjà le plus éphémère de la Ve République, qui avait eu des contacts avec Bruno Retailleau jusqu’à lundi soir. Si de nouvelles négociations devaient aboutir à un compromis, cela ne signifierait pas nécessairement une reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, selon l’entourage d’Emmanuel Macron. En cas d’échec, le président se déclarera prêt à prendre ses « responsabilités« , ce qui pourrait mener à une nouvelle dissolution de l’Assemblée.

Concernant la gauche, l’unification du socle commun se complique, avec les demandes de censure toujours présentes, portées par la gauche et le Rassemblement national. Un conseiller du gouvernement a déclaré lundi : « Il peut réussir« , à condition par exemple d’obtenir la suspension de la réforme des retraites, une exigence des socialistes.

Le chef du groupe socialiste, Boris Vallaud, a exprimé son incompréhension, indiquant : « Je me suis demandé pourquoi il ne nous avait jamais proposé de compromis, aucun accord. Mais parce qu’il était incapable de le faire avec son propre bloc central. »

Olivier Faure, le dirigeant du Parti socialiste, a demandé un « changement de cap » pour un « gouvernement de gauche » à Matignon, une cohabitation également réclamée par Marine Tondelier, la patronne des Écologistes, qui invite toutes les formations de gauche à se « réunir mardi à 9h dans un lieu neutre« .

Le PS a annoncé qu’il ne participerait pas « en présence de LFI« . Fabien Roussel, le leader des communistes, ne s’y rendra pas non plus. Cependant, PS et PCF pourraient se réunir avec les Écologistes plus tard dans la matinée.

Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon continue de revendiquer une « solution claire, nette, franche et massive » et exige la démission d’Emmanuel Macron, brandissant la menace d’une motion de destitution, qui sera examinée mercredi par le Bureau de l’Assemblée.

Le Rassemblement national se concentre sur deux voies possibles : la dissolution « absolument incontournable« , selon sa cheffe, Marine Le Pen, ou la « démission » d’Emmanuel Macron. L’alliance RN-Ciotti prévoit de censurer « systématiquement tout gouvernement » jusqu’à ce qu’il y ait dissolution ou démission.