Drones à Kleine-Brogel : Théo Francken présente un plan « inquiétant » anti-drones.
Le ministre de la Défense, Théo Francken, a déclaré que la base aérienne de Kleine-Brogel a fait l’objet de survols par des drones et que la police a tenté de suivre un drone avec un hélicoptère, mais a perdu le signal après 20 kilomètres. Théo Francken a annoncé un plan d’investissement de 50 millions d’euros dans une « Counter drone initiative », visant à abattre les drones.
« C’est très préoccupant, inquiétant », a déclaré le ministre de la Défense, Théo Francken, lors d’une interview avec la RTBF. « On a essayé de faire du jamming (brouillage, ndlr), on a essayé d’abattre le drone. Cela a été ineffectif », a expliqué le ministre à propos des survols de drones de la base aérienne de Kleine-Brogel. Il a précisé que la police avait surveillé le drone avec un hélicoptère et deux combis. « Mais à un moment donné, après je pense 20 kilomètres, ils ont perdu le signal », a ajouté Théo Francken, soulignant l’importance de pouvoir interpeller le(s) pilote(s).
« Jusqu’à présent, ce qu’on a utilisé, c’est de brouiller le signal des drones ou de les abattre, sans succès. C’était à une très grande hauteur, presque 200 mètres, alors ce n’est pas évident de les abattre », a précisé le ministre.
Espionnage russe ?
Que sait-on de ces drones ? « Il y a une enquête qui se déroule avec le SGRS (services de renseignements militaires, ndlr) dont on doit attendre les résultats », a répondu le ministre. Il privilégie cependant la thèse de l’espionnage : « Ils viennent espionner, voir où les F-16 se trouvent, où sont les munitions et les autres choses très stratégiques ».
Pour lui, ces drones ne sont pas là pour « attaquer la base », mais pour espionner, à Kleine-Brogel comme à Marche-en-Famenne. « Ce n’est pas un drone qui traverse, par hasard la base militaire. Il était là pendant beaucoup de temps, alors c’était vraiment pour espionner », a poursuivi le ministre.
Le ministre scrute la Russie, qui mène une « guerre hybride ». « Les Russes essayent de faire ça dans tous les pays européens », a-t-il expliqué. « Est-ce que maintenant ce sont les Russes ? Je ne peux pas dire ça, mais les motifs sont clairs et les façons de faire des choses comme ça sont aussi très claires », a souligné Théo Francken.
Importance d’investir dans la lutte contre les drones, selon le ministre
Théo Francken a souligné la multiplication de ces incidents en Belgique et en Europe, avec des drones survolant des sites stratégiques. Il a également rappelé l’importance des drones dans le conflit en Ukraine. « La guerre est vraiment une guerre de drones et la Défense doit vraiment se préparer pour ça », a réagi le ministre. Il a déploré que cela n’ait pas été anticipé par le gouvernement précédent.
« Le gouvernement d’avant n’a pas voulu, parce que c’était immoral et pas éthique d’investir dans les drones et les systèmes counter-drone (anti-drones, ndlr). Maintenant, on voit le résultat, on n’a presque rien pour nous défendre », a critiqué le ministre de la Défense, qui a annoncé son intention de redresser cette situation depuis sa prise de fonction.
Théo Francken a également annoncé un plan d’investissement de 50 millions d’euros pour une Counter drone initiative, des mesures anti-drones. « C’est vraiment pour attaquer et abattre les drones », a précisé le ministre.
Kleine-Brogel, pas n’importe quelle base
La base aérienne de Kleine-Brogel, située dans le Limbourg, est une installation stratégique. Elle est occupée par la Force aérienne belge qui déploie des escadrilles de F-16. Environ 1500 personnes, incluant pilotes et personnel de maintenance, opèrent depuis cette base. Bientôt, elle accueillera également les nouveaux F-35 de la Défense belge.
Kleine-Brogel fait partie des cinq bases militaires utilisées par les États-Unis en Europe. L’US Air Force y stocke des munitions, faisant de cette base la plus importante de Belgique et un site essentiel à l’échelle européenne.
La présence américaine à Kleine-Brogel suscite des discussions depuis les années 1960. Cette base est souvent ciblée par des organisations pacifistes et antinucléaires qui dénoncent, depuis 1963, la présence de bombes nucléaires américaines.
Les autorités belges, qu’elles soient politiques ou militaires, se sont souvent abstenues de confirmer ou de démentir ces allégations. Au fil du temps, les soupçons concernant la présence d’armes nucléaires à Kleine-Brogel sont devenus l’un des secrets les moins bien gardés de Belgique. En 2019, un rapport de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN confirmait le déploiement d’environ 150 armes nucléaires américaines, notamment des ogives nucléaires B-61 dans six bases américaines et européennes, dont Kleine-Brogel.
Il est également rapporté que les ogives B-61 stockées à Kleine-Brogel auraient été récemment remplacées par des bombes B61-12, plus facilement déployables. Cette opération aurait été initiée au début de l’année 2025.
Rappelons que Nizar Trabelsi avait été arrêté en 2001, soupçonné d’exécuter un attentat contre la base militaire de Kleine-Brogel; il a été jugé et condamné.
À revoir : journal télévisé du 2/11/2025
Base militaire de Kleine Brogel : Nouveau survol de drones suspects
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