Belgique

Dix personnes jugées à Paris pour cyberharcèlement contre Brigitte Macron.

Absente du procès, l’épouse du chef de l’Etat a indiqué aux enquêteurs que la rumeur avait eu « un très fort retentissement » sur son entourage et sur elle-même. Delphine J., condamnée aux côtés de Natacha Rey pour diffamation en première instance en septembre 2024, a été relaxée en appel le 10 juillet.


Absente du procès, l’épouse du chef de l’État a déclaré aux enquêteurs que la rumeur avait eu « un très fort retentissement » sur son entourage et sur elle-même, indiquant que ses petits-enfants entendaient dire que « leur grand-mère est un homme ». Sa fille, Tiphaine Auzière, doit témoigner mardi à la demande de l’avocat de sa mère.

Cette action judiciaire en France, accompagnée d’une plainte aux États-Unis, fait suite à quatre ans de polémiques et de rumeurs en constante augmentation, largement propagées par les réseaux complotistes et d’extrême droite.

Des témoins de divers horizons tels que médiums, courtiers, professeurs de sport et informaticiens ont commencé à défiler à la barre vers 17H30 après des débats de procédure animés dans une salle comble.

La plupart des 10 prévenus, âgés de 41 à 65 ans, semblent perplexes quant à leur présence ici. Pourtant, ils sont décrits comme les « plus virulents », selon une source policière.

Delphine J., connue sous le pseudonyme d’Amandine Roy, a décidé d’exercer son droit au silence en affirmant qu’elle s’était déjà longuement « exprimée ». Suivie par près de 20.000 personnes sur X, cette médium de 51 ans a qualifié « d’excellent » un tweet d’une influenceuse trumpiste, posant avec un T-shirt sur lequel figurait une Une du magazine Time détournée où Brigitte Macron apparaît en « homme de l’année ».

Lors de l’annonce du petit rôle attribué à la première dame dans une saison de la série « Emily in Paris », Delphine J. avait exprimé sa colère en déclarant : « Boycottez-moi cette merde. » Elle avait justifié son intervention en disant avoir simplement « rebondir sur l’actualité », précisant par l’intermédiaire de son avocate, Me Maud Marian, qu' »aucun message n’a directement été adressé à Mme Macron ».

Delphine J., aux lunettes et à la coupe courte, est à l’origine d’une vidéo virale de quatre heures, mise en ligne en 2021 et depuis retirée, dans laquelle elle affirmait que Brigitte Macron n’aurait jamais existé et que son frère Jean-Michel aurait pris son identité suite à un changement de sexe.

Elle a été condamnée, avec Natacha Rey, pour diffamation en première instance en septembre 2024, devant payer plusieurs milliers d’euros de dommages et intérêts à Brigitte Macron et à Jean-Michel Trogneux. Elle a toutefois été relaxée en appel le 10 juillet.

La cour d’appel n’a cependant pas validé la théorie des deux femmes, estimant que l’affirmation selon laquelle Brigitte Macron aurait « effectué une transition de genre sans la rendre publique » ne constituait pas « une atteinte à l’honneur », un élément nécessaire pour caractériser la diffamation. Mme Macron et son frère ont formé un pourvoi en cassation contre cette décision.

Un autre prévenu, Jérôme A., âgé de 49 ans, a expliqué à la barre qu’il avait fait des recherches sur Grok, l’intelligence artificielle de la plateforme X, peu avant l’audience. Selon cet informaticien, il existerait « six millions » de publications concernant la compagne du chef de l’État. Il est poursuivi pour avoir diffusé une dizaine de tweets « sarcastiques » à son égard. Il se défend en affirmant qu' »une personne puissante doit accepter la critique », s’interrogeant sur la pertinence de l’expression « la bite à Brigitte Macron ».

Plus tôt, lors d’une suspension, Aurélien Poirson-Atlan, l’un des principaux prévenus, connu sous le pseudonyme de « Zoé Sagan », a tenu une conférence de presse improvisée, dénonçant un « harcèlement inversé ». En plus de ses propos à l’encontre de Brigitte Macron, ce publicitaire de 41 ans a diffusé les vidéos à caractère sexuel de Benjamin Griveaux, un macroniste qui avait été contraint de renoncer en février 2020 à se présenter à la mairie de Paris.

« C’est le procès de la liberté d’expression, j’ai fait de la satire, c’est l’esprit Charlie », a déclaré à l’AFP Jérôme C., 55 ans, un autre prévenu, qui a affiché « 4 tweets et quelques retweets ». Bertrand S., galeriste de 56 ans et suivi par plus de 100.000 abonnés sur X, a protesté la veille de l’audience sur X, qualifiant ce procès de « liberté de penser » face à « l’État profond médiatique ».

Née avec l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, la rumeur transphobe est devenue virale aux États-Unis, où le couple présidentiel a engagé cet été des poursuites contre Candace Owens, podcasteuse d’extrême droite, auteur d’une série de vidéos intitulée « Becoming Brigitte ». Plusieurs personnes jugées à Paris ont relayé ces publications virales, se félicitant de voir « l’affaire Brigitte » s’internationaliser.

L’audience reprendra mardi à 10h.