Belgique

Des présidents de parti bientôt aussi ministres? « Oui, il vaut mieux que les vrais décideurs soient autour de la table », estime Marc Uyttendaele

Tous les présidents de parti qui négocient l’Arizona (N-VA, MR, Les Engagés, CD&V, Vooruit) devraient participer au futur gouvernement fédéral. Telle est l’invitation que formulait il y a quelques jours le président du MR Georges-Louis Bouchez à l’adresse de ses collègues. Son argument : garantir l’efficacité de l’exécutif en ces temps de crises, en propulsant ministres ceux qui ont négocié l’accord gouvernemental. Bonne ou mauvaise idée ? « La Libre » a posé la question à Marc Uyttendaele, constitutionnaliste et professeur à l’ULB.

Marc Uyttendaele, né en 1961, est un avocat belge au Barreau de Bruxelles. Il est également professeur ordinaire à l'Université libre de Bruxelles et président du Centre de droit public de cette université.
Marc Uyttendaele, constitutionnaliste, professeur à l’ULB, avocat. ©ennio cameriere

Sur le plan constitutionnel, que pensez-vous de l’idée de faire monter les présidents de parti dans l’exécutif ?

C’est tout sauf la culture locale. Mais en même temps, on a parfois eu des résultats analogues avec des trompe-l’œil, c’est-à-dire avec des présidents de parti qui n’étaient pas choisis pour leur puissance mais pour leur fidélité ou leur docilité par rapport à celui ou celle qui montait au gouvernement. Ils tiennent la maison de manière administrative et ne vont pas peser dans le débat politique contre celui ou celle qui est l’homme ou la femme forte et qui siège au gouvernement. En miroir, aussi, on a vu lors de la précédente législature que certains ministres avaient peu d’autonomie au sein de l’exécutif, et que cela compliquait dès lors le processus décisionnel. Cette solution-là n’est par conséquent pas parfaitement harmonieuse non plus. En réalité, il faut se demander où sont les hommes ou les femmes de paille. S’ils sont au gouvernement et qu’ils ne peuvent bouger le petit doigt qu’après avoir reçu l’onction de leur président de parti, c’est catastrophique pour une gestion efficace des affaires publiques. Et à ce moment-là, il vaut mieux en effet que les vrais décideurs soient autour de la table.