Belgique

Des militaires belges infidèles risquent leur emploi pour menace.

En mai 2021, Jürgen Conings, un soldat belge lourdement armé, disparaissait après avoir proféré des menaces envers le virologue Marc Van Ranst dans une lettre d’adieu, et son corps a été retrouvé après 35 jours de recherches dans une forêt. Les militaires font l’objet de contrôles plus exigeants sur le plan personnel, notamment ceux nécessitant l’octroi d’une habilitation de sécurité, en raison de leur accès à des sites sensibles, comme les avions de chasse F-35 et les systèmes d’armement critiques.


En mai 2021, Jürgen Conings, un soldat belge armé, disparaissait après avoir adressé des menaces au virologue Marc Van Ranst dans une lettre d’adieu. Au terme de 35 jours de recherche intensive, son corps a été retrouvé dans une forêt, où il s’est suicidé avec une arme à feu.

Depuis cet incident, les militaires sont soumis à des contrôles d’exigence croissante sur le plan personnel. Une attention particulière est portée à ceux qui nécessitent une habilitation de sécurité, en raison de leur accès à des sites sensibles, notamment ceux qui abritent les avions de chasse F-35 et les systèmes d’armement critiques. Les soldats ayant accès à des informations secrètes et classifiées sont également concernés.

Interrogé par Het Nieuwsblad, Yves Huwart, président du syndicat militaire ACMP (CGPM en français), a exprimé ses inquiétudes quant au fait qu’un retrait d’habilitation de sécurité pourrait souvent correspondre à une interdiction d’exercer, rendant impossible l’exercice de leurs fonctions. Toutefois, Boris Morenville, responsable au SLFP-Défense, précise que tous les postes militaires ne requièrent pas d’habilitation de sécurité. « Mais si vous la perdez, vous pouvez être muté ou être empêché d’exercer certaines fonctions », a-t-il confirmé.

Bien que ces contrôles visent à assurer une sécurité maximale au sein de la Défense, l’ACMP-CGPM dénonce une intrusion dans la vie privée des soldats. Ce syndicat demande des clarifications sur la définition d’ »infidélité conjugale » utilisée par les autorités et souhaite savoir comment la Défense utilise cette information.

« Je ne vois pas en quoi être fidèle ou non fait de vous un bon militaire », s’interroge Boris Morenville, tout en soulignant qu’il est nécessaire d’enquêter sur la vie personnelle afin d’établir l’accès aux données confidentielles, surtout en ce moment où des précautions doivent être prises quant aux propos et comportements. Selon Yves Huwart, le ministère de la Défense utiliserait les interrogatoires d’anciens proches des militaires pour déterminer des comportements inappropriés, ce qui amène le syndicat à exiger une transparence accrue concernant les critères d’obtention de l’habilitation.

Pour ces raisons, le syndicat a décidé de saisir la justice afin d’obtenir des précisions. « L’infidélité en soi n’est pas le but de cette enquête, ni la seule raison du retrait d’une habilitation de sécurité », a déclaré la Défense. Néanmoins, le ministère a indiqué que « le comportement infidèle d’une personne peut révéler son caractère ».

La Défense s’inquiète également que l’information concernant l’infidélité d’un soldat puisse être utilisée comme moyen de pression ou de chantage si elle restait secrète, soulignant qu’elle représente une menace potentielle pour la sécurité nationale.

Boris Morenville précise que l’importance réside dans l’identification de la personne impliquée dans une liaison extraconjugale, faisant remarquer que cela pourrait poser problème si l’infidélité est avec un agent d’un pays étranger, considéré comme une menace.

Le ministère insiste sur le fait que les motifs de refus d’une habilitation de sécurité resteront confidentiels pour « protéger la vie privée du militaire », ce qui implique que le partenaire d’un soldat ne sera pas informé en cas d’infidélité.

Selon Boris Morenville, le retrait d’habilitation en raison d’une relation extraconjugale ne serait qu’une partie d’un problème plus étendu. Il affirme que des habilitations de sécurité peuvent être retirées sans fondement, basées uniquement sur des suppositions. « Certains perdent leur habilitation au prétexte qu’ils n’ont pas d’autorisation de cumul d’emploi, alors qu’elle est en réalité dans leur dossier administratif », s’indigne-t-il. Cela engendre insécurité, stress et perte de revenus pour les militaires concernés.

Le syndicat appelle donc à un traitement des habilitations basé sur des faits plutôt que sur des conjectures. Il exige également le remboursement des frais d’un militaire lors d’une procédure d’appel aboutissant à une rétablissement de son habilitation. « C’est normal. Quand vous commettez une erreur, vous devez en assumer les conséquences », conclut-il.