Belgique

Démissions des présidents d’Ecolo et de Groen : crise de leadership ?

Bart Dhondt a prononcé un discours lors de « Refresh », l’événement politique estival annuel du parti écologiste flamand Groen, le samedi 30 août 2025 à Anvers. Selon Alain Gerlache, « les deux partis sont derniers dans les deux régions », précisant qu’Ecolo est le seul parti de gauche en Wallonie qui ne profite pas du désamour envers la majorité.


Aveu de faiblesse pour Bart Dhondt : selon sa propre analyse, il n’a pas réussi à s’imposer dans les médias ni dans l’opinion publique. Invisibilisé, « il n’a pas eu la chance de développer une histoire », d’après Ivan De Vadder.

Il n’était cependant pas le candidat naturel de Groen, rappelle le journaliste : « La candidate pour la présidence, c’était Petra De Sutter, qui a assez tardivement renoncé, pour briguer le poste de rectrice de l’Université de Gand. Et disons que Bart Dhondt a été désigné volontaire ». Un an plus tard, il n’a pas réussi à s’imposer « dans la particratie belge : il ne semble pas vraiment avoir le caractère qu’il faut, à côté d’autres présidents très visibles ».

Partout, les écologistes rencontrent des difficultés. « Les deux partis sont derniers dans les deux régions. Du côté wallon, Ecolo est le seul parti de gauche qui ne profite pas du désamour naissant envers la majorité », souligne Alain Gerlache. Le parti francophone souffre-t-il également d’un problème d’incarnation ?

L’implosion de la co-présidence d’Ecolo serait plutôt due à des divergences de ligne politique, pour le journaliste francophone : « Le parti a tenté de faire croire à une simple mésentente entre deux personnes, mais c’est passer sous silence la fracture idéologique entre une écologie centrée sur le climat, qui vise au large rassemblement, et une écologie plus radicale sur les questions sociales et sociétales comme le genre, le féminisme, l’immigration ». Soit la position de Samuel Cogolati contre celle de Marie Lecocq. La question est la même du côté néerlandophone. Pour Ivan De Vadder, « existentiellement, la question est la même pour Groen et Ecolo : est-ce qu’il faut devenir un parti de gauche, ou revenir au centre ? ».

La tension entre la fin du mois et la fin du monde traverse les mouvements écologistes depuis leur création. Mais la défaite de 2024 a exacerbé les critiques de part et d’autre, rappelle Alain Gerlache : « Les premiers accusaient les seconds d’être trop ‘wokes’, les seconds dénonçaient plutôt qu’Ecolo avait été trop ‘mainstream’ pendant la Vivaldi ». Qui pour recréer des ponts, « faire la synthèse et l’incarner ? », interroge-t-il.

Chez Groen, on se tourne vers les quelques bastions écologistes pour désigner le successeur du président démissionnaire. Ivan De Vadder fait le bilan : « Elke Van den Brandt a gagné les élections à Bruxelles, mais elle a annoncé ne pas vouloir être candidate. Il y a deux échevins de Gand, village gaulois écologiste dans la Flandre jaune, qui peuvent être candidats. En somme, on va chercher là où on a encore un peu de succès pour remettre le parti dans une dynamique électorale ».

L’important, pour les deux journalistes, est de clarifier la ligne. L’écologie politique n’est pas faible partout.

Au Danemark, les écologistes ont résisté à la montée de l’extrême droite lors des élections européennes et ont même pris la ville de Copenhague.

Alain Gerlache cite également les Greens au Royaume-Uni. Leur nouveau président, élu en septembre, Zack Polanski, a réussi à doubler les adhésions et les intentions de vote, atteignant 15%, et est considéré comme le président le plus populaire selon les derniers sondages. « Il rompt avec les travaillistes au pouvoir », analyse l’éditorialiste du Morgen. « Il prône une communication similaire à celle de Nigel Farage, leader de l’extrême droite britannique en tête des sondages. Sur le fond, il se revendique ‘éco-populiste’, en conciliant fin du mois et fin du monde ».

Est-ce qu’un tel leader moderne, connecté et combatif, inspiré par la campagne victorieuse de Zohran Mamdani à New York, une sorte de « Bouchez végane », comme le résume avec humour Alain Gerlache, pourrait sauver les écologistes belges ?

« C’est l’histoire que le parti veut raconter qui compte », nuance Ivan De Vadder. « Si une personnalité réussit à imposer cette histoire dans les médias et la société, le style de leadership ne fait pas la différence ». « Quelle que soit la communication, ça ne dispense pas d’avoir un message », abonde Alain Gerlache.

Le travail de refondation à Groen et Ecolo ne pourra pas se contenter d’un nouveau vernis sur les réseaux sociaux, mais devra arbitrer entre les lignes politiques et réussir à porter ensemble un même message.

► Écoutez l’intégralité de ce débat dans le podcast de *Matin Première* ci-dessus.