Déblocage en vue dans les négociations bruxelloises ? L’Open VLD accepte de se “sacrifier” dans une coalition avec Groen, la N-VA et Vooruit
Cette ouverture de l’Open VLD, qui accepte le poste de commissaire du gouvernement, permettrait de régler la question centrale des portefeuilles, puisqu’il y a quatre partis néerlandophones pour trois postes au gouvernement bruxellois. Il n’y a toutefois pas encore d’accord et les discussions se poursuivent.
- Publié le 14-11-2024 à 12h01
- Mis à jour le 14-11-2024 à 18h06
Il y a enfin, pour la première fois depuis de longues semaines, de vraies raisons de croire à un accord pour former le futur gouvernement bruxellois.
La difficulté centrale est bien connue : l’exécutif bruxellois se compose nécessairement d’une majorité tant du côté francophone que néerlandophone. Et Elke Van den Brandt (Groen), formatrice néerlandophone, ne parvient pas à former de coalition dans son rôle linguistique.
Selon les informations de La Libre, les discussions se sont intensifiées ces dernières heures. Au point de connaître un début de déblocage
La piste d’une majorité entre Groen, la N-VA, Vooruit et l’Open VLD, sans la Team Fouad Ahidar, est désormais sur la table, avec une possible solution pour régler l’épineuse question de la distribution des postes.
En effet, le nombre de portefeuilles ministériels disponibles au gouvernement bruxellois reste un casse-tête puisqu’il n’y en a que trois pour quatre partis.
C’est pour débloquer cette situation que David Leisterh (MR), formateur francophone du gouvernement bruxellois, avait évoqué l’idée d’un commissaire du gouvernement « qui serait chargé de la gestion du budget bruxellois. »
L’ouverture de l’Open VLD
En coulisse, l’Open VLD a enfin fait une ouverture en acceptant de prendre ce poste de commissaire en charge du budget. Les libéraux flamands hériteraient également d’une vice-présidence du Parlement bruxellois et d’une présidence de la VGC (Commission communautaire flamande).
Vooruit pourrait ainsi conserver un poste de secrétaire d’État.
Les libéraux flamands font une vraie concession puisque, même s’ils ont obtenu autant de sièges (2) que Vooruit, ils sont arrivés devant les socialistes en termes de voix.
David Leisterh s’est dit « très content qu’une coalition soit sur la table ». » Mais j’attends encore la confirmation officielle de tout le monde que c’est bien la proposition de coalition qui nous sera formulé », commente le probable futur ministre-Président bruxellois. « Je tiens à souligner le sens de l’État de l’Open VLD. Ce n’était pas à eux de faire ce sacrifice mais ils le font. »
L’Open VLD n’est toutefois pas en position de force : l’actuel ministre Sven Gatz (hospitalisé depuis plusieurs jours) et ses troupes savent qu’ils ne sont pas incontournables puisqu’ils pourraient être remplacés par le CD&V (1 siège).
« Les discussions sont en cours. Il y a des avancées, confirme une source socialiste. Mais il n’y a aucun accord. »
L’affaire n’est donc pas encore réglée. « Il y a encore des discussions du côté néerlandophone car, même si Vooruit garde son portefeuille de secrétaire d’État, il reste un problème. Si Groen et la N-VA placent une femme au gouvernement, le dernier poste doit revenir à un homme », glisse une source bien informée.
Il doit en effet y avoir au moins un homme et une femme dans le groupe linguistique néerlandophone du gouvernement.
Vooruit ne veut pas « sacrifier » Ans Persoons
« Or les premiers éléments qui remontent indiquent que Cieltje Van Achter (N-VA), ministre flamande des Affaires bruxelloises, prendrait aussi le poste de ministre bruxelloise, avec une double casquette, comme l’a déjà fait Guy Vanhengel, reprend la même source. Pour Groen, c’est Elke Van den Brandt qui serait ministre. Dans ce cas de figure, Ans Persoons (Vooruit, actuelle secrétaire d’État à l’Urbanisme, NdlR) ne pourrait pas rester au gouvernement. Ce serait assez difficile pour eux d’accepter qu’elle saute…«
« On doit d’abord discuter du fond. La question de savoir qui deviendra ministre ne doit se poser qu’à la fin », a réagi Cietlje Van Achter (N-VA).
Pour Elke Van den Brandt, la perspective d’un gouvernement avec la N-VA ne sera pas simple à faire accepter à des députés et militants Groen, dont beaucoup sont hostiles au parti de Bart De Wever.
Selon plusieurs sources, l’écologiste ne rejette toutefois plus cette piste, étant donné les profondes difficultés déjà rencontrées pour trouver des partenaires et la pression croissante liée à la longueur inédite de la formation gouvernementale.
guillement Je tiens à souligner le sens de l’État de l’Open VLD. Ce n’était pas à eux de faire ce sacrifice mais ils le font. »
Le PS préfère le CD&V à la N-VA
La prudence reste de mise. L’affaire, nous avertissent certains insiders, peut encore capoter.
D’autant que d’autres possibilités, qui incluent le CD&V à la place de la N-VA, ou le CD&V à la place de l’Open VLD, sont encore discutées.
Le PS, sans mettre de veto formel, n’est guère emballé par la perspective d’une montée de la N-VA au gouvernement bruxellois, à laquelle ils préfèrent le CD&V. Les socialistes plaident, à l’instar des Engagés, pour une majorité dans laquelle chaque parti francophone retrouverait son parti frère néerlandophone (Open VLD, Vooruit, CD&V en plus de Groen).
Cette majorité néerlandophone avec le CD&V, et sans la N-VA, ne tiendrait toutefois qu’à un siège. Ce qui serait très court, d’autant plus que la première suppléante Groen a rejoint la Team Fouad Ahidar…
Enfin, l’Open VLD, malgré son ouverture sur le poste de commissaire, est tout de même jugé un peu gourmand par certains partenaires puisqu’il réclame également la présidence d’organismes parastataux importants comme Actitris et Citydev.
Entre le PS et le MR, un début de détente
La situation, côté francophone, connaît également des évolutions.
Les tensions entre le MR, le PS et même Les Engagé avaient connu une forme d’escalade ces derniers jours en Région bruxelloise après l’annonce d’une majorité inédite PS-PTB-Écolo à Forest et des remous autour de la question du décumul des mandats. Une forme de détente a été amorcée lors de la réunion « plénière » qui s’est tenue au Parlement francophone bruxellois de la Cocof (Commission communautaire française) entre les leaders des trois partis : Georges-Louis Bouchez et David Leisterh pour le MR, Maxime Prévot pour les Engagés et Ahmed Laaouej pour le PS.
La nécessité d’éviter que les tensions communales contaminent la Région a été soulignée lors de cette réunion et les négociations bruxelloises ont repris côté francophone également.
La confirmation a été donnée publiquement jeudi matin sur BX1 et LN24.
Malgré quelques expressions critiques vis-à-vis des socialistes, le président du MR, Georges-Louis Bouchez, s’est montré relativement rassurant. « La réunion m’a rassuré sur la capacité de boucler un accord dans les trois ou quatre semaines, pour autant que les néerlandophones avancent, mais je sais qu’ils avancent de leur côté », a-t-il expliqué.
Une nouvelle réunion sur les matières liées à la Cocof devait avoir lieu ce jeudi pour poursuivre les négociations. Avec enfin un accord dans quelques semaines ? Les prochaines heures pourraient être décisives côté néerlandophone.