David Clarinval (MR) : “Le gouvernement bruxellois ne s’inscrit pas dans la dynamique de la réforme du chômage”
Le ministre fédéral de l’Emploi et de l’Economie, qui est aussi le vice-Premier ministre MR au sein de l’équipe De Wever, revient entre autres sur l’échec des négociations entre employeurs et syndicats dans le cadre du groupe des 10. Malgré tout, il espère trouver une solution pour augmenter les chèques-repas. Au passage, il égratigne la Région bruxelloise…
- Publié le 14-06-2025 à 07h23
- Mis à jour le 14-06-2025 à 07h26

La réforme du chômage va donner lieu à des économies pour le fédéral. Mais, avec les exceptions prévues à la limitation aux deux ans, avec le phasage de la mise en œuvre de la réforme, le retour budgétaire pour l’Arizona sera-t-il au rendez-vous ?
L’impact de la réforme du chômage est de 1,6 milliard d’euros en 2026 et de 2,2 milliards en 2027. Ces réductions de dépenses sont toutefois des chiffres bruts car, dès l’année prochaine, nous allons aider les CPAS à prendre en charge les exclus du chômage. On estime en effet que parmi les 180 000 futurs exclus du chômage, un tiers recevra le revenu d’intégration sociale (RIS). Nous allons aider les CPAS à y faire face. On parle de plusieurs centaines de millions d’euros chaque année. Ils seront retranchés de ces diminutions de dépenses. Je me suis battu au sein du kern pour que, dès 2026, ces montants supplémentaires sont octroyés aux CPAS.
Vous partez du principe que ces personnes ne trouveront pas d’emploi ?
Non. Même pour ce tiers qui ira au CPAS, l’objectif est le retour au travail. Les partenaires régionaux ont un rôle à jouer. La réforme du chômage est un premier domino qui tombe. Les Régions vont avoir moins de chômeurs à suivre, mécaniquement. Elles doivent donc focaliser leur travail sur les personnes dès qu’elles tombent au chômage. À Bruxelles, j’ai entendu dire qu’Actiris ne contactait pas certains chômeurs avant deux ans… Cela ne va pas. Il faut un suivi plus rapide et individualisé des chômeurs de la part des Régions.
Craignez-vous que les Régions, justement, ne jouent pas le jeu ? L’objectif de 80 % de taux d’emploi pour 2030 tient-il toujours ? Le Bureau du Plan en doute…
On a quatre interlocuteurs. La Communauté germanophone a déjà anticipé la réforme, elle est prête, c’est formidable. En Flandre, le VDAB m’a fait savoir qu’il était prêt également. En Wallonie, j’ai vu Pierre-Yves Jeholet (ministre wallon de l’Économie et de l’Emploi, MR) : il m’a confirmé que la réforme est implémentée. Mais j’ai des craintes pour Bruxelles, c’est vrai. On voit bien que le gouvernement bruxellois, dans une situation d’affaires courantes, ne s’inscrit dans la dynamique de la réforme. J’espère que Bernard Clerfayt (ministre bruxellois de l’Emploi, Défi) pourra, malgré tout, faire le job. À Forest, un centre de distribution d’e-commerce de Delhaize va engager des centaines de personnes. Il y a beaucoup de possibilités d’emplois dans Bruxelles et ses alentours.
Syndicats et employeurs au sein du Groupe des 10 se sont quittés sans accord sur une augmentation du pouvoir d’achat. La marge d’augmentation des salaires hors d’index pour les années 2025 et 2026 est nulle. Les syndicats et les socialistes flamands réclament l’augmentation de la valeur des chèques-repas. Est-ce une possibilité pour vous ?
La procédure prévoit que le gouvernement prend les choses en main. On a quelques semaines devant nous. Je vais, dans les jours qui viennent, proposer à mes collègues du gouvernement de fixer la norme salariale. Les salaires vont augmenter de 5,5 % via l’indexation automatique des salaires dans les deux ans, c’est une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat. Mais il n’y a pas de marge supplémentaire à cette indexation. Cela a été acté par le Conseil central de l’économie. Dans l’accord de gouvernement, il est prévu d’augmenter le plafond légal des chèques-repas de deux fois 2 euros durant la législature. Je suis en faveur de cette augmentation des chèques-repas. Mais elle doit être neutre en termes de coût pour les entreprises et respecter la loi de 1996 sur la compétitivité. Il faudra donc être créatif. Je suis optimiste, on va trouver une solution.
Le gouvernement bruxellois a quémandé auprès des instances européennes des budgets pour finir les travaux d’aménagement du rond-point Schuman. Bart De Wever s’y est opposé et a critiqué un comportement « honteux » de la part de la Région, qui n’arrive pas à assumer son rôle de capitale de l’Union. Le projet dépend aussi de Beliris, instance où le fédéral est impliqué. Le fédéral doit-il mettre la main au portefeuille afin d’aider le gouvernement Vervoort ?
Il faut d’abord se demander si c’était une bonne idée de rendre ce rond-point totalement impropre à la circulation automobile. J’y passe régulièrement et cela m’inquiète : on va avoir des bouchons à n’en plus finir… Pour le reste, je trouve lamentable que la Région bruxelloise ne soit pas capable de payer ses factures. La Région est en quasi-faillite. Il est temps qu’un gouvernement digne de ce nom fasse les réformes nécessaires.