Crise chez Ecolo : démission de Marie Lecocq et Samuel Cogolati
Marie Lecocq annonce sa démission ainsi que celle de Samuel Cogolati, coprésident d’Ecolo, au micro de Thomas Gadisseux sur La Première. Les coprésidents d’Ecolo ont informé ce lundi les membres du Bureau politique de leur impossibilité de poursuivre leur mission ensemble à la tête du mouvement.
« Cette séquence a assez duré, elle abîme le parti. Une coprésidence, c’est un duo. Samuel a été clair sur sa volonté d’arrêter. Je le regrette mais l’engagement que nous avons pris, nous l’avions pris à deux devant les militants. Je vous annonce que je remettrai ma démission à l’ensemble des militantes et des militants. Nous remettons donc collectivement, Samuel et moi, notre mandat entre leurs mains. C’est à eux de décider de la suite de l’histoire. » Marie Lecocq a annoncé sa démission, ainsi que celle de son coprésident Samuel Cogolati, au micro de Thomas Gadisseux sur La Première.
Les coprésidents d’Ecolo avaient déjà informé ce lundi les membres du Bureau politique de leur impossibilité de poursuivre leur mission ensemble à la tête du mouvement. « Je fais le constat qu’il n’est plus possible de continuer ensemble avec Samuel et je le regrette. »
Marie Lecocq a également indiqué que Samuel Cogolati lui avait demandé ce lundi matin, une demi-heure avant le bureau politique, de démissionner, en surprise. « C’est vrai », a répondu Marie Lecocq. « Je suis transparente avec vous, c’était tout à fait une surprise. D’autant que nous avions envoyé à l’ensemble du parti notre note stratégique validée ensemble, coécrite. Il y a encore des réponses que moi-même je cherche. »
La presque ex-coprésidente espère que la discussion prévue ce vendredi avec les militants permettra d’apporter des réponses, d’apaiser la situation, et « surtout d’aller de l’avant ».
Pourquoi a-t-elle décidé de s’exprimer ? « C’est tout à fait inacceptable. Cela fait des semaines que certains et certaines s’amusent, prennent le temps de faire du off, de faire des récits, de dénigrer notre parti. Mais pendant ce temps-là nos militants, nos bourgmestres, présidents de CPAS, n’ont pas arrêté de travailler. »
« J’ai refusé de participer à ce cirque, de mettre de l’huile sur le feu. » Elle dit sentir la colère des militantes et des militants, « qui disent que ce parti leur a été confisqué ces dernières semaines ». « Ils ont le droit de dire ‘ça suffit’. »
Marie Lecocq reconnaît aussi sa propre responsabilité. « Nous avons fait des erreurs et j’en ai fait, c’est évident, sinon je ne serais pas devant vous ce matin. »
Pour elle, il n’y a pas de fracture au sein d’Ecolo, pas d’opposition entre deux camps, un Ecolo des villes, un Ecolo des champs, pas de division quant à leur position sur la protection des minorités ou à l’ouverture à d’autres formations politiques : « C’est dangereux d’alimenter ce récit. Je l’ai vu écrit plusieurs fois dans la presse ces dernières semaines. Il y a une unité dans notre parti. La meilleure preuve de ça c’est notre note stratégique. » « On ne peut pas perdre du temps à faire semblant et à créer des crises qui n’existent pas », ajoute-t-elle. « Le parti c’est bien autre chose que la coprésidence. »
Elle insiste, malgré des divergences sur certains dossiers, la ligne politique des Verts est claire. « Le parti écologiste qui est le nôtre aujourd’hui, c’est un parti qui est engagé profondément dans les valeurs de la gauche, qui défend une société dans laquelle chacun, chacune, doit avoir un salaire digne pour le travail qu’il fait, dans laquelle chacun a droit à avoir accès à la santé, à l’enseignement. […] La semaine prochaine nous serons dans la rue avec les syndicalistes, les militants, les travailleurs, les travailleuses, les enseignants. Il y a une unanimité sur cette question. »
Un duo à la tête d’un parti en 2025, est-ce encore réaliste ? Ce n’est pas à elle de le décider, répond Marie Lecocq. L’assemblée de ce vendredi devra décider de la suite des événements : un calendrier, des élections, la transition jusqu’à ces élections. Une recomposition de son duo avec Samuel Cogolati n’est en tout cas plus possible : « Lundi matin, j’ai dû faire le constat que Samuel n’en avait plus la volonté. »
Marie Lecocq reste confiante, malgré tout, dans l’avenir du parti. « Ce parti a toujours pu faire preuve de beaucoup de résilience. Nous sommes passés par de nombreuses crises, nous avons toujours été en capacité de revenir. »
« Il faut avoir l’honnêteté de le dire : nous n’avons pas été à la hauteur », a déclaré Samuel Cogolati, coprésident démissionnaire d’Ecolo. « À Marie, je veux redire mon estime. Nous n’avons pas tout vu pareil, c’est vrai, écrit pour sa part Samuel Cogolati sur Facebook. Il faut avoir l’honnêteté de le dire : nous n’avons pas été à la hauteur. C’est pour moi un échec, que j’assume pleinement. » « Je regrette sincèrement que nous n’ayons pas réussi à retrouver, ensemble, le souffle commun nécessaire pour engager une transformation profonde. » Il dit avoir le cœur lourd et comprendre que beaucoup soient « en colère, déçus, inquiets ». Se tournant, lui aussi, vers le futur, il appelle à remettre l’écologie au centre des préoccupations « dans un monde qui vacille ».
Le feu couvait depuis quelques mois entre les deux coprésidents. Le duo avait pris les rênes des écologistes francophones le 13 juillet 2024 après la débâcle électorale du 9 juin.
Aujourd’hui, la démission de la coprésidence fragilise encore le parti. Un intérim confié à Stéphane Hazée et Zakia Khattabi est sérieusement évoqué par certaines personnalités, ou à tout le moins une formule où l’un et l’autre seraient présents.
Au mois de septembre, devant la multiplication des départs internes, les deux députés avaient déjà été sollicités afin d’épauler les coprésidents. Mais le scénario semble se heurter à des problèmes pratiques – les coprésidents actuels ont été élus par les militants et un intérim n’est pas prévu par les statuts du parti.
Il n’est pas sûr non plus que les intéressés soient désireux de gérer le parti dans des circonstances aussi difficiles au vu des responsabilités qu’ils exercent déjà ailleurs.

