Covid-19 : les plus défavorisés touchés, autres maladies peu affectées.
L’étude HELICON, pilotée par Sciensano, montre que les communes les plus pauvres ont enregistré des taux d’infection nettement plus élevés. Les complications à long terme après une hospitalisation Covid-19 n’ont pas été réparties équitablement, avec un risque accru pour les patients à statut socio-économique défavorisé.
Les individus les moins favorisés ont subi des impacts plus graves durant la crise du Covid-19, et ce à plusieurs égards. L’étude HELICON, dirigée par Sciensano, révèle que les communes les plus défavorisées ont connu des taux d’infection significativement plus élevés. La vaccination a également enregistré une adhésion plus faible chez les jeunes adultes, les hommes, les personnes issues de l’immigration, ainsi que ceux ayant un revenu ou un niveau d’éducation moins élevés.
« Les personnes ayant, par exemple, un niveau d’éducation ou de revenu plus faible, courent souvent un risque accru d’être infectées par le Covid-19. Ces infections sont généralement plus sévères et ces personnes présentent également une probabilité plus élevée de mourir d’une telle infection », commente Laura Van den Borre, sociologue et coordinatrice du projet HELICON chez Sciensano. « L’impact des inégalités sociales est en réalité plus important que ce que l’on pensait. »
Ce constat n’est pas surprenant, souligne Marius Gilbert, épidémiologiste, professeur à l’ULB et vice-recteur à la recherche. « Nous savons que les inégalités sociales ont un impact significatif sur la santé. Avant la pandémie, il existait déjà un écart d’espérance de vie de près de 8 ans entre les 25 % des plus pauvres et les 25 % des plus riches de la population belge. Donc, presque une décennie, c’est énorme. »
L’étude confirme donc ce constat, également observé durant la pandémie de coronavirus. Cela signifie, selon le chercheur, qu’il est impératif de prendre en compte ces facteurs lors de l’élaboration d’un nouveau plan visant à minimiser l’impact d’une future pandémie. « Nous avons réalisé, pendant la pandémie, qu’il était compliqué d’atteindre ce type de public, c’est-à-dire des personnes n’ayant pas de médecin généraliste, qui n’ont souvent pas consulté de médecin depuis longtemps et qui sont peu sensibles à leur santé en raison d’autres problèmes. Cela a eu un impact, notamment en ce qui concerne le message sur la vaccination. »
**Tirer les leçons**
L’étude met également en lumière le fait que les complications à long terme après une hospitalisation pour Covid-19 n’ont pas été équitablement réparties. Les patients ayant survécu à une forme sévère de la maladie présentent un risque accru de complications cardiovasculaires et pulmonaires, ce risque étant encore plus élevé chez les personnes à statut socio-économique défavorisé.
« Nous devons tirer les leçons de cette crise et œuvrer à réduire les inégalités de santé », insiste Laura Van den Borre. « Cela ne peut que nous être bénéfique, notamment face à des crises futures, qu’elles soient liées au changement climatique ou à de potentielles guerres. »
Une autre conclusion, peut-être plus inattendue, concerne l’impact de la crise sur la prise en charge des autres maladies. Durant la pandémie, les retards de diagnostics, par exemple pour les cancers, ont suscité des inquiétudes. « Nous avons constaté des conséquences, mais l’impact est resté relativement modeste », explique la sociologue. « Le système de santé, notamment pour les cancers, a déjà comblé son retard et le préjudice lié au report des soins contre le cancer est resté assez limité. »
Enfin, les chercheurs ayant participé au programme HELICON soulignent les difficultés rencontrées pour collecter et croiser les données. Dans certains cas, ils ont dû attendre plus de trois ans pour obtenir les informations demandées : « Attendre trois ans et demi après une crise pour pouvoir trouver des réponses est tout simplement inacceptable pour la Belgique », conclut la chercheuse.

