Belgique

Courses de fin d’année : analyse par IA de 5 ans de hausse des prix

Entre novembre 2021 et novembre 2025, le prix des œufs a augmenté de 50,3% par rapport à 2013, avec un indice de 150,263 en novembre 2025. En 2025, le prix d’une dinde complète est affiché à 5,79 euros du kilo, soit une augmentation de 45% par rapport à 2021 où elle était à 3,99 euros du kilo.


Les affichages publicitaires dans nos villes se sont ornés de promotions festives : offre 1+1 gratuit sur le champagne ici, réduction sur les zakouskis là… Les fêtes de Noël et du Nouvel An sont des moments propices pour certains consommateurs de se faire plaisir avec des produits exceptionnels.

Mais comment ont évolué les prix de ces produits au cours des cinq dernières années ? Quel était le prix d’une douzaine d’huîtres en 2021 et combien coûtent-elles aujourd’hui ? La même interrogation se pose pour le saumon fumé, la dinde, la bûche glacée ou des produits de base tels que le beurre ou les œufs, indispensables dans de nombreuses recettes.

Une analyse assistée par l’intelligence artificielle

Pour obtenir ces informations, nous avons retrouvé d’anciens prospectus de supermarchés portant sur novembre et décembre 2021, que nous avons comparés avec ceux reçus cette année dans vos boîtes aux lettres ou sur le tapis roulant des caisses. Notre étude a ciblé six enseignes bien connues des Belges : Aldi, Carrefour, Colruyt, Delhaize, Intermarché et Lidl.

Ce travail a impliqué des centaines de pages et des milliers de références, rendant une lecture manuelle impossible. Nous avons donc fait appel à une intelligence artificielle. Nous avons soumis tous les prospectus à cette IA, lui demandant d’extraire le prix des articles, leur dénomination précise, la quantité et le prix au kilo. Notre méthodologie est détaillée à la fin de cet article.

Le résultat est une vaste base de données que nous avons pu analyser. À chaque occasion, nous avons croisé les analyses de l’IA avec les visuels des prospectus originaux, notre objectif restant de retrouver des produits similaires sur une période de cinq ans.

Le chocolat et le foie gras en forte hausse

Concernant les prix, une majorité des produits a augmenté, souvent de manière significative. À titre d’exemple, une tablette de chocolat Côte d’Or noir affichée à 4,26 euros du kilo chez Colruyt en 2021 revient à 6,59 euros pour la même quantité en 2025, soit une augmentation d’environ 55%. Cette hausse est encore plus marquée chez Aldi, où le chocolat de marque Château, devenu Choceur, a augmenté de 128% (1,49 euro pour 400 grammes en 2021 contre 3,39 euros en 2025).

Cette flambée des prix du chocolat est en partie due à la hausse des cours du cacao. Comme expliqué début décembre, la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui fournissent environ 70% du cacao mondial et 82% du cacao utilisé par l’industrie belge, sont touchés par des problèmes graves : maladies des cacaoyers, conditions climatiques extrêmes et vieillissement des plantations.

Les récoltes ont chuté, entraînant une frustration des prix qui ont atteint des sommets historiques, multipliés par quatre, avec des prix dépassant les 12 000 dollars la tonne l’année passée, avant de redescendre aux alentours de 7 000 dollars cet automne.

Une inflation presque générale

Pour la dinde et le foie gras, les prix ont été impactés, notamment en raison de la grippe aviaire. En 2021 chez Delhaize, 80g de foie gras en promotion coûtait 6,39 euros. Aujourd’hui, ce même produit a vu son prix doubler, atteignant 12,89 euros. Nous avons constaté qu’une dinde entière coûtait 3,99 euros du kilo en 2021, contre 5,79 euros aujourd’hui (+ 45%).

Concernant le champagne, une bouteille de Vrancken Demoiselle était à 19,99 euros chez Carrefour en 2021. Ce même produit est désormais à 24,99 euros en 2025 (+ 25%). L’augmentation est moins significative chez Delhaize, où le prix promotionnel de deux bouteilles de Vrancken premier cru a augmenté de 15%. Le champagne connaît les hausses les plus importantes chez Aldi (Veuve Durand) et Lidl (Comte de Senneval), deux enseignes affichant 80% d’augmentation pour ce produit.

Les matières premières, comme le beurre et les œufs, sont également en hausse. Par exemple, chez Carrefour et Aldi, vous payez aujourd’hui 40% de plus pour la même quantité de beurre qu’en 2021. Une enseigne, Intermarché, se distingue avec une promotion pour quatre paquets de beurre de 250g, laquelle a vu son prix baisser de 10%.

Concernant les légumes et féculents, comme les carottes et les pommes de terre, les variations de prix sont importantes d’une enseigne à l’autre. Si certains prix ont doublé (à l’exception des pommes de terre chez Aldi, restées au même tarif), ces produits demeurent parmi les moins chers de notre panier.

Inflation et indexation salariale

Parallèlement à cette augmentation des prix en supermarché, de nombreux Belges ont vu leur salaire augmenter entre 2021 et 2025, grâce à l’indexation automatique (révisée dans le dernier accord budgétaire fédéral).

Selon l’Echo, « En quatre ans, entre le 1er janvier 2022 et le 1er janvier 2025, les salaires des 522 000 travailleurs relevant de la CP 200, la plus grande commission paritaire du pays, ont été indexés de 20,94%. »

Un autre chiffre, provenant du baromètre des salaires Jobat, précise que « le salaire brut moyen est passé de 4 333 euros en 2024 à 4 420 euros en 2025. Le salaire médian a également augmenté, atteignant 4 000 euros par mois. »

Quant à la question de savoir si vous avez gagné ou perdu en pouvoir d’achat durant cette période, la réponse est complexe et dépend de plusieurs facteurs (employé ou indépendant, locataire ou propriétaire…). En avril 2024, nous avions proposé un calculateur sur RTBF Actu pour faire le point sur cette problématique.

Un ticket de caisse interactif

Nous avons consolidé toutes nos recherches dans un ticket de caisse interactif disponible ci-dessous. En cliquant sur les logos en haut du module, vous pouvez naviguer entre les différentes enseignes. Si vous sélectionnez un produit de la liste, une fenêtre s’ouvrira vous montrant une capture d’écran du produit en 2021 et son équivalent en 2025.

En somme, selon les enseignes, la facture finale a crû de 40 à 60% entre 2021 et 2025.

Chaque produit est présenté avec un graphique indiquant l’indice des prix à la consommation (IPC) pour la catégorie concernée. Statbel, l’office belge de statistique, collecte ces données quotidiennement. L’IPC est un indicateur économique destiné à mesurer l’évolution des prix d’un panier de biens et services représentatifs de la consommation des ménages.

Dans le cas de l’IPC, les valeurs ne sont pas en euros, mais sous forme d’indice. Prenons par exemple les œufs. L’indice était de 102,524 en novembre 2021 contre 150,263 en novembre 2025 par rapport à une année de base de 2013. En d’autres termes, en 2013, le produit valait 100. En novembre 2021, le prix des œufs était 2,5% plus cher qu’en 2013 et en novembre 2025, il était 50,3% plus cher qu’en 2013. Le taux d’évolution entre novembre 2021 et novembre 2025 est également indiqué en haut à droite de notre graphique.