Coulisses : la proposition finale de Bart De Wever qui a sauvé l’Arizona
Vendredi, pour sauver l’Arizona, le formateur fédéral a tenté de faire passer un compromis final, résumé sur une page. Plusieurs mesures ajustées en emploi et en fiscalité y figuraient. Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, a claqué la porte des négociations. Mais, en soirée, fumée blanche…
- Publié le 31-01-2025 à 21h52
- Mis à jour le 31-01-2025 à 23h16
Deux jours et deux nuits de négociation… En s’enfermant, mercredi à 13 heures, dans l’imposant bâtiment de l’École royale militaire, les présidents de parti savaient que cela allait durer. Bart De Wever, en tant que formateur du gouvernement Arizona, devait lever les derniers points de blocage. La supernota, c’est-à-dire les propositions de réformes socio-économiques, constituait le cœur des antagonismes entre les cinq partis.
Rapidement, beaucoup de difficultés dans différents chapitres du futur accord ont pu être levées…. Mais les négociations sur la fiscalité, l’emploi, les pensions, le budget, n’avaient pas encore débuté. Elles n’ont véritablement commencé que jeudi en fin d’après-midi pour se prolonger tard dans la nuit. Vendredi matin, les forçats fédéraux, épuisés par leur marathon, ont repris les réunions en « plénière » (les représentants des cinq partis discutent ensemble en présence du formateur), suivies de « bilatérales » (Bart De Wever a des entretiens séparés, parti par parti, afin de rapprocher les points de vue).
Entre-temps, on apprenait que le formateur était attendu chez le Roi à 18 heures… Au mieux. L’après-midi, les négociations ont pris une tournure plus théâtrale, voire tragique. Afin de mettre la pression sur ses partenaires, Bart De Wever a distribué une note d’une seule page reprenant plusieurs mesures ajustées en fonction des souhaits des différentes formations. Ce document de compromis était, selon ses propres mots, sa proposition finale. Le texte était à prendre ou à laisser. En cas de rejet, Bart De Wever irait au Palais remettre sa démission.
La taxe sur les plus-values… Encore elle
Que trouve-t-on dans cette note que La Libre a pu se procurer ? Plusieurs ajustements de la future réforme du marché de l’emploi et de la future réforme fiscale « arizonienne ». Sur ce dernier thème, Bart De Wever a proposé d’introduire une taxe sur les plus-values boursières de 10 % pour les petits investisseurs, avec une exonération de 10 000 euros. Les moins-values sont également envisagées et sont « compensables dans l’année« , sans report possible d’un exercice fiscal à l’autre. Par ailleurs, « les plus-values historiques sont exonérées » – autrement dit, la mesure ne sera pas rétroactive. Pour rappel, les dernières versions de la « supernote » de Bart De Wever reposaient sur l’introduction d’une taxe de seulement 5 %, avec une exonération jusqu’à 6 000 euros.
Du point de vue du MR, cette augmentation du taux frappant les investisseurs – déjà frappés par le précompte mobilier sur les dividendes ou encore par la taxe sur les comptes-titres à partir d’un million – semblait très difficile à digérer. Mais, de toute évidence, le formateur de l’Arizona voulait donner des gages à Vooruit en taxant un peu plus lourdement « les épaules les plus larges ».
Bouchez claque la porte
Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, n’a pas apprécié la « note finale » de Bart De Wever et a claqué la porte des négociations durant l’après-midi. Les quatre autres partis de l’Arizona ont, au contraire, validé le document. Les libéraux étaient isolés. « Les discussions sont au bord du crash« , confiait alors une source proche des négociations. Le patron du MR estimait que l’équilibre global de la dernière offre de compromis du formateur n’était pas satisfaisant.
Pour rappel, Georges-Louis Bouchez a rappelé à plusieurs reprises qu’il était ouvert à tout, et donc aussi à une taxe sur les plus-values, pour peu que les contribuables voient leurs impôts baisser globalement. Le patron du MR est toutefois rapidement revenu s’asseoir aux côtés des autres présidents de parti et la plénière a pu se poursuivre, suivie de nouvelles bilatérales.
Il semble que cette crise n’était qu’une « crisette ». En soirée, vers 20 h 30, la rumeur a commencé à circuler : les négociateurs étaient tombés d’accord sur la supernota, sur le cœur socio-économique du prochain gouvernement. Les présidents de parti n’ont pas arrêté pour autant leurs palabres. En effet, très rapidement, ils ont ouvert le chapitre délicat des dossiers éthiques pour de derniers ajustements.
En soirée, Bart De Wever s’est rendu au Palais pour remettre son dernier rapport de formateur au chef de l’État…. et lui annoncer une bonne nouvelle après près de huit mois de discussion : la majorité Arizona, réunissant la N-VA, le MR, le CD&V, Vooruit et Les Engagés verra bien le jour.