Corruption dans la police : signaux d’alerte à considérer.
Deux députés ont demandé des auditions du patron de la police, Eric Snoek, et du ministre Bernard Quintin, dont un député Groen et une députée N-VA. Environ 1776 membres de la police judiciaire ont répondu à une enquête interne, et près d’un tiers d’entre eux ont déclaré avoir été témoins d’ »ingérence illégale » au moins une fois au cours de leur carrière.
Demandes d’audition du patron de la police et du ministre Quintin
Deux députés ont déjà exprimé le besoin d’auditions concernant le patron de la police, Eric Snoek, et le ministre Bernard Quintin : un député Groen de l’opposition et, plus significatif, une députée N-VA, parti du Premier ministre. Que révèle ce rapport ? Ou plutôt ce « projet de rapport« , puisque la direction de la police fédérale ne l’a pas encore validé.
Ce document découle d’une enquête interne, ou plutôt d’un sondage interne auquel ont participé environ 1776 membres de la police judiciaire, jugés comme n’étant pas suffisamment représentatifs par la direction. Parmi ces répondeurs, près d’un tiers confient avoir été témoins d’ »ingérence illégale » au moins une fois au cours de leur carrière. Un peu plus d’un tiers mentionne avoir reçu une demande d’information illégale sur une personne ou un dossier. De même, un tiers affirme avoir assisté à la destruction de preuves ou d’argent saisi.
Exemples anonymes d’ingérence et de corruption policière
Les agents fournissent des exemples. Un juge de paix a adressé une plainte à mon directeur concernant une amende infligée à sa fille. Un membre du personnel, impliqué dans sa propre affaire de stupéfiants, éliminait d’autres dealers en menant des enquêtes à leur encontre. Un autre cas, qui retient l’attention des députés et des journalistes : un homme politique aurait tenté d’intervenir en faveur d’une organisation étrangère finançant son « équipe de football locale« .
Tous ces témoignages, anonymes, ne peuvent être vérifiés, mais nourrissent les préoccupations concernant une police qui n’agirait pas suffisamment contre la corruption.
Un rapport contesté
La direction de la police et le ministre contestent ces allégations. En effet, ils critiquent le rapport. Le ministre MR Bernard Quintin souligne la méthode : un sondage interne anonyme qui recueille des témoignages sans vérification et qui, par ailleurs, ne serait pas assez représentatif.
Ce contexte alimente néanmoins les suspicions des députés qui exigent des auditions. Car cette enquête, malgré ses failles, ne constitue pas un élément isolé. L’Office anti-corruption traverse une crise depuis que son ancien directeur a été inculpé pour violation du secret professionnel dans l’affaire du Qatargate. Ce dernier avait lui-même déposé une plainte auprès du Comité P, qui surveille les services de police, contre sa direction. Une autre pièce du puzzle : un rapport récent du parquet fédéral recommandait de renforcer la police anti-corruption et critiquait le manque d’ambition belge. Enfin, depuis quelques mois, le patron de la police fédérale, Eric Snoek, est l’objet de critiques de plus en plus vives, notamment de la part de la N-VA.
Vaste débat
Ce sujet ouvre la voie à un débat parlementaire plus large. Afin d’éviter une véritable crise de confiance. Le ministre Quintin évoque la possibilité d’un audit externe. Cela pourrait être une partie de la solution. La CSC Police estime qu’il est nécessaire d’instaurer une réelle protection des lanceurs d’alerte et un contrôle externe. De quoi alimenter un débat parlementaire approfondi concernant la lutte contre la corruption au sein des forces de police.

