Belgique

COP30 : l’Europe ne soutient pas le projet de texte

L’Union européenne abandonne le projet de texte de l’accord publié ce matin. Lors d’une conférence de presse conjointe, la ministre chilienne de l’Environnement, Maisa Rojas, a dénoncé une absence de cohérence entre les engagements passés et les textes aujourd’hui mis sur la table.


L’Union européenne abandonne le projet de texte de l’accord, que la présidence a publié ce matin. « Regardez ça », déclare Wopke Hoekstra, commissaire européen au climat. « Il n’y a rien de concret : aucune donnée scientifique, aucun bilan mondial (suivi des efforts climatiques des différents pays), aucune transition énergétique. Juste : de la faiblesse. Soyons clairs : nous ne pouvons l’accepter en aucun cas. »

Lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre fédéral belge du Climat, Jean-Luc Crucke, la ministre chilienne de l’Environnement, Maisa Rojas, n’a pas caché son exaspération. « Nous nous sommes mis d’accord sur une transition hors des énergies fossiles à la COP28, et tout le monde sait que cela demande un plan, car ce n’est pas en train d’arriver », a-t-elle rappelé, dénonçant une absence de cohérence entre les engagements passés et les textes aujourd’hui mis sur la table.

Le troisième projet d’accord soumis dans la nuit de jeudi à vendredi par la présidence brésilienne ignore purement et simplement les combustibles fossiles. Aucune feuille de route, aucune mention explicite de réduction, aucune allusion à la responsabilité de ces énergies dans le réchauffement climatique. Le texte se limite à saluer les « niveaux records de capacités d’énergies renouvelables », sans aborder l’autre versant de la transition énergétique.

Une omission jugée inacceptable par une large coalition d’États. Une trentaine de pays ont adressé jeudi une lettre commune à la présidence brésilienne, réclamant l’intégration d’un calendrier clair de sortie des énergies fossiles. « Nous ne pouvons pas soutenir un texte qui n’inclue pas de feuille de route pour une transition juste, ordonnée et équitable », préviennent-ils.

Malgré l’appel du président brésilien Lula à un plan structuré pour accélérer la transition, plusieurs grandes puissances, la Chine, l’Inde, l’Arabie saoudite, le Nigeria et la Russie, rejettent catégoriquement l’idée d’une feuille de route. Une position qui a plongé les négociateurs dans l’impasse.

L’Union européenne a fait savoir qu’elle n’excluait plus un scénario de « no deal ». « Ce qui est actuellement sur la table est inacceptable », a déclaré le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra. « Nous sommes vraiment face à un scénario sans accord. »

Depuis le début du sommet, le fossé entre pays favorables à une clarification des engagements et ceux qui veulent éviter tout langage contraignant s’est creusé. « Le texte qui est sorti est tout simplement inacceptable. Ce n’est pas une base sérieuse de négociation », a dénoncé Juan Carlos Monterrey Gomez, envoyé spécial du Panama pour le climat. « Ne pas nommer la cause de la crise climatique, ce n’est pas un compromis : c’est un déni, c’est criminel. »

Face à ces critiques, le président de la COP, André Corrêa do Lago, tente de maintenir le cap. « Nous pouvons absolument encore parvenir à un accord », a-t-il assuré à la VRT. Il appelle les délégations à renouer avec l’esprit de coopération : « Nous devons continuer à œuvrer ensemble, et non dans un esprit de qui gagnera et qui perdra ? »

Lors d’une séance plénière, il a également mis en garde contre les conséquences d’un échec : « Nous nous sommes battus pendant tant d’années pour l’Accord de Paris. Mais si nous ne parvenions pas à un accord, cela engendrerait d’immenses divisions. »

La sortie des énergies fossiles, longtemps taboue, était revenue avec force dans le débat international depuis la COP28. À Belem, ce retour s’est transformé en affrontement frontal entre visions opposées de la transition climatique. Si un compromis reste théoriquement possible, il semble s’éloigner à mesure que les positions se durcissent.

À quelques heures de la clôture officielle, l’avenir de la COP30, et la crédibilité du processus multilatéral climat, se joue désormais sur une ligne de texte : nommer, ou non, les énergies fossiles.