Conner Rousseau hérite du “Valet noir”, Bart De Wever est sous pression, mais reste en lice pour le “16”
Le président des socialistes flamands a quitté la table des négociations fédérales. Conner Rousseau exige un projet socioéconomique plus à gauche. Face à ce blocage, le MR, la N-VA, Les Engagés et le CD&V ont décidé d’avancer seuls. Ils pourraient tenter de convaincre les libéraux flamands de prendre part aux discussions. Le Roi a donné un délai d’une semaine au formateur De Wever pour éclaircir la situation.
- Publié le 04-11-2024 à 18h17
- Mis à jour le 04-11-2024 à 18h24
Ce lundi, Bart De Wever a remis sa démission au Roi. Mais le chef de l’État n’y a pas donné de suite : il tient sa décision en délibéré. Le président de la N-VA dispose de quelques jours supplémentaires pour tenter, une fois encore, de démêler l’écheveau fédéral. Prochaine échéance royale : le 12 novembre.
Avant l’audience de ce lundi, une réunion « de la dernière chance » avait été organisée entre les cinq partenaires « arizoniens ». En vain. Conner Rousseau, le chef des socialistes flamands, a quitté prématurément cette entrevue. Selon ses vues, le contenu socioéconomique et budgétaire du projet « Arizona » est décidément trop ancré à droite. Après ce coup de théâtre, les quatre autres présidents sont restés ensemble durant une vingtaine de minutes. Ils ont déploré l’attitude du jeune socialiste et ont convenu de poursuivre le travail.
Deux grandes voies s’offrent désormais à un Bart De Wever démissionnaire. Soit il réussit à convaincre Conner Rousseau de reprendre, malgré tout, les discussions en vue de la constitution d’une majorité « Arizona » (N-VA, MR, CD&V, Engagés, Vooruit), soit il abandonne cette piste poursuivie depuis plusieurs mois. Dans ce dernier cas, il devra trouver d’autres alliés pour remplacer les socialistes flamands.
Plusieurs scénarios sont envisagés, mais il est clair que le plus cohérent politiquement consisterait à convaincre l’Open VLD de participer au pouvoir, à la place de Vooruit. Une « suédoise » de centre droit pourrait ainsi voir le jour, même si elle se heurterait à plusieurs difficultés. À commencer par le risque d’un refus net des bleus flamands.
Un seul « coupable » : Rousseau…
Lorsque, fin août, Bart De Wever avait jeté l’éponge une première fois en tant que formateur, la raison du blocage résidait dans l’opposition entre le MR et Vooruit sur le contenu de la future réforme fiscale. Il y avait donc deux responsables dans cette crisette : Georges-Louis Bouchez et Conner Rousseau. La situation est désormais différente : le Zwarte Piet ou, en français, le Valet noir, est passé dans les mains du seul patron des socialistes flamands. Il est désigné comme le fauteur de troubles principal.
Dans un communiqué de presse transmis lundi, Maxime Prévot a d’ailleurs accablé Conner Rousseau. « Vooruit porte une lourde responsabilité« , a affirmé le président des Engagés. Sur X, Georges-Louis Bouchez a également criblé de flèches les socialistes flamands : « Quitter la table des négociations avant d’avoir réellement négocié les points majeurs est une attitude irresponsable. D’autant que nous avons le pire budget de l’Union européenne ! Si vous faites de la politique et que vous n’êtes pas capable de prendre des décisions difficiles, alors vous devez faire autre chose« .
Dans le même registre, une source flamande au cœur des discussions peste contre Conner Rousseau : « Pourquoi, soudainement, Vooruit ne veut-il plus avancer sur la base de la super-note ? On ne sait pas. La dernière version est plus avantageuse pour les socialistes flamands que les précédentes ! Les socialistes ne veulent simplement plus négocier, ils ne veulent rien faire pour améliorer le texte. On ne dit pas ça après cinq mois de discussion« .
De Wever pas contesté
Un point important pour la suite : le rôle de formateur joué par Bart De Wever n’a pas été remis en question par le MR, le CD&V et Les Engagés. Si l' »Arizona » devait choir dans les oubliettes de l’histoire pour laisser la place à une autre formule, le patron des nationalistes garderait toutes ses chances d’occuper le 16, rue de la Loi. Pour autant, naturellement, que la N-VA fasse partie de la future coalition…