Belgique

Comment répondre au doute de son enfant sur Saint-Nicolas ?

Selon Bruno Humbeeck, psychopédagogue à l’UMons, « Certaines personnes ont un souvenir amer du moment où elles ont appris que Saint-Nicolas n’existait pas ». Aurélie Dupont, gestionnaire de projet à la cellule soutien à la parentalité à l’ONE, souligne que « douter est une étape normale du développement de l’enfant ».


« Comment Saint-Nicolas réussit-il à rendre visite à tous les enfants en une seule nuit ? », « Comment savais-tu ce qu’il allait m’offrir ? », « Pourquoi trouve-t-on les mêmes jouets dans les magasins ? »… Ces questions peuvent indiquer qu’un enfant commence à douter de l’existence de Saint-Nicolas. Comment réagir adéquatement dans ces situations ?

1. Y aller progressivement
Selon Bruno Humbeeck, psychopédagogue à l’UMons, le mot-clé est la douceur. « Certaines personnes gardent un souvenir amer du moment où elles ont appris que Saint-Nicolas n’existait pas, car la découverte a été trop brutale », explique le psychopédagogue. Il ajoute que si l’enfant montre des signes de doute, « il faut lui donner la possibilité de cultiver ce doute. Il est important d’observer comment il réagit et de se demander : montre-t-il des signes de résistance à cette idée ? Si c’est le cas, cela peut signifier qu’il n’est pas encore prêt et qu’il tient à cet imaginaire. »

Ce qui prime, selon Aurélie Dupont, gestionnaire de projet à la cellule de soutien à la parentalité à l’ONE, c’est d’être « à l’écoute et de respecter le rythme de l’enfant ». Comment y parvenir ? « Si l’enfant se pose des questions, par exemple, on peut lui retourner ses interrogations pour voir s’il est prêt à entendre la vérité », explique-t-elle.

2. Ne pas balayer le doute
Lorsque l’enfant exprime des doutes, il est essentiel de ne pas maintenir la croyance à tout prix. « On peut envisager cela comme un jeu bienveillant entre l’enfant et l’adulte », souligne Bruno Humbeeck. « Il est important d’évaluer si l’enfant désire toujours jouer et croire ». Il insiste sur le fait que l’adulte doit se poser la question : « S’amusons-nous encore ensemble ou le fais-je uniquement pour moi ? »

Aurélie Dupont partage cet avis, précisant que le doute est une phase normale du développement de l’enfant. Face à cela, « il ne faut pas mentir pour le plaisir de le faire. Si on sent que l’enfant est sur le point de découvrir la vérité, il ne faut pas enrober le sujet. Cela peut valoriser sa perception ».

3. Et si l’enfant se sent trahi ?
Apprendre que Saint-Nicolas n’existe pas peut amener l’enfant à ressentir une forme de trahison, note Aurélie Dupont. Dans ces moments, il est crucial de « ne pas minimiser les émotions ». « Il est nécessaire de discuter et d’expliquer pourquoi cette tradition est appréciée et pourquoi on y participe », indique-t-elle.

Bruno Humbeeck met aussi en avant l’importance de révéler la vérité de manière douce pour ne pas « faire honte à l’enfant ». Il souligne qu’il ne faut surtout pas se moquer de lui. Si la révélation provient d’un tiers, l’idée de jeu peut encore être utile. Le parent peut dire : « Ton ami pense ça. Mais toi, est-ce que tu souhaites que l’on continue ? »

4. L’enfant devient ‘gardien du secret’
Bruno Humbeeck rappelle que cette tradition a une fonction de rituel et que les parents doivent accompagner l’enfant dans ce processus. « L’enfant qui est prêt à ne plus croire est un peu comme celui qui choisit de ne plus monter sur les manèges. Il se dit : ‘Je n’y crois plus, donc je grandis' », évoque-t-il.

En cessant de croire, « l’enfant peut devenir le gardien du secret », ajoute Aurélie Dupont. Pour elle, « la question n’est pas tant de croire ou non, mais de vivre la magie des fêtes et la tradition ». Finalement, Bruno Humbeeck remarque que, quoiqu’il arrive, l’enfant continuera à recevoir des cadeaux.