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Comité de la paix : 5 questions sur le plan de paix pour Gaza voté à l’ONU.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté pour la création d’un comité de la paix présidé par Donald Trump, visant à assurer la transition à Gaza jusqu’à la réforme de l’Autorité palestinienne. La résolution stipule également la mise en place d’une force de stabilisation internationale, chargée de la démilitarisation de Gaza et de la protection des civils.

1. Ce vote du Conseil de sécurité de l’ONU est-il une victoire pour Donald Trump ?

Oui, ce vote constitue une victoire diplomatique pour le président américain, Donald Trump. Les États-Unis avaient exercé une pression sur les membres du Conseil de sécurité, en avertissant qu’un rejet de ce plan risquait de raviver la guerre à Gaza.

Donald Trump s’est réjoui, notamment, d’un aspect de ce plan.

Il concerne la création d’un comité de la paix, instance de gouvernance dont le président américain prendra la présidence.

Je pense que c’est l’une des choses les plus importantes que les Nations Unies aient jamais faites.

Donald Trump, président américain

« Il sera composé de moi-même et des dirigeants d’autres nations très importantes et très respectées. Ce sera quelque chose qui je pense sera très important« , a déclaré le président américain après le vote.

« Ça vient d’être approuvé par les Nations Unies. C’est formidable. C’est une grande chose. Je pense que c’est l’une des choses les plus importantes que les Nations Unies aient jamais faites.« 

Ce comité a pour mission d’organiser la transition dans la bande de Gaza jusqu’à ce que des réformes de l’Autorité palestinienne puissent être mises en place.

2. Qui a voté quoi ?

Le Conseil de sécurité de l’ONU est composé de 15 membres :

  • Les États-Unis, la Chine, la Russie, la France et la Grande-Bretagne sont des membres permanents et détiennent le droit de veto.
  • L’Algérie, le Danemark, la Grèce, la Guyane, le Pakistan, le Panama, la République de Corée, la Sierra Leone, la Slovénie et la Somalie sont des membres temporaires élus pour deux ans, sans droit de veto.

Deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU se sont abstenus : la Russie et la Chine. Malgré leurs réserves, ils n’ont pas bloqué le texte et n’ont pas vu l’opportunité d’exercer leur droit de veto.

Tous les autres pays ont voté en faveur du texte.

3. À quoi va ressembler la force de stabilisation internationale ?

Cette résolution du Conseil de sécurité de l’ONU reprend le plan de paix de Donald Trump.

Parmi les éléments de ce texte, qui a été modifié à plusieurs reprises, on trouve notamment la création

  • d’un comité pour la paix, qui sera l’organe politique de transition,
  • et d’une force de stabilisation internationale, chargée d’appuyer la sécurisation des frontières en coopération avec Israël et l’Égypte.

Cette force de stabilisation sera constituée de Casques bleus, dont certains proviendraient de pays à majorité musulmane comme l’Indonésie, l’Azerbaïdjan et d’autres, déployés sous un commandement unifié.

L’ambassadeur américain auprès des Nations Unies, Mike Waltz, lève la main pour voter en faveur d’un projet de résolution visant à autoriser la mise en place d’une force internationale de stabilisation à Gaza, le 17 novembre 2025 à New York. © Getty Images

C’est ce qu’a expliqué Mike Waltz, ambassadeur américain aux Nations Unies.

« La force de stabilisation internationale (stabilisera l’environnement sécuritaire), soutiendra la démilitarisation de Gaza, démantèlera les infrastructures terroristes, désactivera les armes et assurera la sécurité des civils palestiniens.« 

Mike Waltz précise que ces soldats escorteront l’aide humanitaire à travers des corridors sécurisés. Israël doit dans le même temps réduire progressivement sa présence. Une force de police palestinienne approuvée doit aussi jouer un nouveau rôle.

4. Où en est la question de la création d’un État palestinien ?

Ce plan envisage, à terme, la création d’un État de Palestine souverain et indépendant.

Pour la France, qui a voté en faveur de cette résolution, c’était un aspect essentiel. « Nous nous sommes assurés que le texte (…) inclue des éléments importants pour nous, notamment des références à la perspective d’un État palestinien« , a ajouté une source diplomatique.

La Russie, qui avait proposé un texte alternatif, a justifié cette initiative, en soulignant que la résolution américaine ne prenait pas suffisamment en compte la question de la création d’un État palestinien, en affirmant un « engagement indéfectible » pour une solution à deux États. La Russie s’est finalement abstenue.

Bien que la création d’un État palestinien soit mentionnée dans le plan de paix, elle est encore largement rejetée par le gouvernement de Netanyahu.

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, au Parlement israélien, la Knesset, avant un discours du président américain à Jérusalem, le 13 octobre 2025. © AFP

Un ministre israélien a d’ailleurs marqué une note menaçante hier, avant le vote au Conseil de sécurité. Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, figure de l’extrême droite, a déclaré à son premier ministre Benjamin Netanyahu :

« S’ils accélèrent la reconnaissance de cet État fabriqué, si l’ONU le reconnaît, vous (…) devez ordonner des assassinats ciblés de hauts responsables de l’Autorité palestinienne, qui sont des terroristes à tous égards (et) ordonner l’arrestation de Mahmoud Abbas. »

La création d’un État palestinien ne semble donc pas imminente. « Après la réforme de l’Autorité palestinienne et l’avancée de la reconstruction de Gaza, les conditions pourraient finalement être en place pour un chemin crédible vers une autodétermination palestinienne et un statut d’État« , stipule le texte.

Un avenir qui est clairement rejeté par Israël. Le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s’est engagé de son côté à organiser des élections dans environ un an.

5. Pourquoi la question du désarmement est-elle un point crucial de l’accord ?

L’un des objectifs de la force de stabilisation internationale, prévue dans le texte voté par le Conseil de l’ONU, est la démilitarisation de Gaza et le désarmement « des groupes armés non étatiques« , ainsi que la protection des civils et la formation d’une police palestinienne.

Le Hamas est dans le viseur. Le mouvement palestinien, responsable des attaques terroristes du 7 octobre, s’est engagé à restituer à Israël les corps des derniers otages, mais refuse de déposer les armes ou d’être exclu du pouvoir.

Suite au vote de l’ONU, le Hamas a exprimé son opposition à l’établissement d’une force internationale dont « la mission […] inclut le désarmement » des groupes palestiniens à Gaza.

Deux ans après les massacres, le Hamas demeure actif. Près de la moitié de ses combattants auraient été tués ces deux dernières années, mais durant cette même période, entre 10.000 et 15.000 jeunes auraient été recrutés pour les remplacer, rappelle Didier Leroy, chercheur à l’Institut Royal Supérieur de Défense (IRSD), dans « Le Monde en direct » le 7 octobre 2025 sur La Première.

L’enjeu pour la force de stabilisation internationale sera de désarmer ces combattants et de former une police palestinienne pour assurer la sécurité des civils.