Colruyt : des prix jusqu’à 14% moins chers en Flandre qu’en Wallonie
Un tube de dentifrice Colgate Max White au charbon actif coûte 1,94€ à Braine-l’Alleud et 5,49€ à Lessines, soit 183% de différence. En 2022, le « commerce de détail en magasin non spécialisé à prédominance alimentaire » a obtenu une marge nette de 1,16%, représentant 300 millions d’euros de bénéfice sur 26 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Un tube de dentifrice Colgate Max White au charbon actif se vend à 1,94 € à Braine-l’Alleud et à 5,49 € à Lessines, ce qui représente une différence de 183 %. Un paquet de 66 tablettes de lave-vaisselle Dreft coûte 29,65 € à Sambreville ou Binche, alors qu’il est à 14,64 € à Waremme ou Andenne, soit exactement la moitié du prix.
Chez Colruyt, les prix d’un même produit peuvent varier considérablement d’un magasin à l’autre. « C’est encore plus vrai chez Colruyt que dans les autres grandes chaînes », déclare Christophe Echement, fondateur de Ping Price, une application qui permet de comparer les prix dans les supermarchés et hypermarchés.
« Colruyt peut avoir jusqu’à sept prix différents le même jour pour un même produit », constate-t-il, s’appuyant sur les données qu’il collecte et analyse chaque jour. « Et au cours d’une même année, ce prix évoluera à la hausse comme à la baisse assez régulièrement. » Colruyt a en effet fait du passage à la caisse un argument de vente : comparaison avec la concurrence, alignement sur les prix et promotions des magasins voisins. Les prix y sont donc particulièrement volatils.
Cette politique d’alignement par rapport à la concurrence a une conséquence surprenante : deux clients de Colruyt, situés à quelques kilomètres l’un de l’autre, ne paieront pas le même prix pour exactement le même produit.
Pour vérifier cela, nous avons constitué un « panier moyen » de 50 produits (des bananes, un jus de fruits, des tranches de filet de poulet, de la mozzarella, un vin blanc, du ketchup, des échalotes, etc.) sans connaître leurs prix à l’avance. Nous savions seulement, grâce aux indications de Ping Price, que ces produits pouvaient afficher des prix différents dans les différents supermarchés de l’enseigne.
Une précédente enquête a vérifié la déclaration de Comeos, la fédération du commerce et des services en Belgique, selon laquelle la grande distribution ne réalise qu’un euro de bénéfice sur un caddie de 100 €. Cette information provient d’un rapport du SPF Économie, qui indique qu’en 2022, le « commerce de détail en magasin non spécialisé à prédominance alimentaire » affichait une marge nette de 1,16 %. En d’autres termes, après paiement des produits, des charges, des salaires et des impôts, la grande distribution n’enregistre en moyenne qu’un bénéfice de 1,16 € par tranche de 100 € d’achat. À noter que cette marge est générée sur un chiffre d’affaires de 26 milliards d’euros, soit un total de 300 millions d’euros de bénéfice.
Reste la question centrale de cette enquête : au bout de cette chaîne de concurrence, les Belges ne sont pas tous égaux face aux prix des supermarchés.

