Clauses spécifiques pour les Algériens en France : piège réussi de l’extrême-droite.
Le RN a emporté un scrutin par 185 voix contre 184 sur la dénonciation de la convention de 1968, avec le soutien de l’extrême-droite et d’une partie des groupes LR et Horizons. Les quatre groupes de gauche ont obtenu 143 voix contre le texte sur un total de 195.
Le piège a fonctionné, provoquant un trouble au sein des rangs macronistes. Le Rassemblement National (RN) a obtenu une victoire historique dès son premier texte au cours de la journée, en dénonçant la convention de 1968, qui accorde des clauses spécifiques aux Algériens en matière d’immigration et de séjour en France.
Le scrutin a été remporté de justesse, par 185 voix contre 184, avec le soutien complet des membres d’extrême droite de Marine Le Pen et d’Éric Ciotti, ainsi que de la moitié des députés des groupes Les Républicains (LR) et Horizons.
« Quand le RN porte des projets ou des convictions que nous partageons, il n’y a aucune raison […] de ne pas voter ce que nous voulons pour notre pays », a déclaré le leader des élus de droite, Laurent Wauquiez, rappelant que son parti avait proposé une résolution similaire il y a deux ans.
Du côté du parti d’Édouard Philippe, le député Sylvain Berrios a également soutenu que « nous demandons cette dénonciation », affirmant qu’il s’agissait d’un « mandat donné au gouvernement pour qu’il fasse son travail ».
L’exécutif, de son côté, souhaite « privilégier la voie de la renégociation dans le cadre d’un dialogue exigeant avec l’Algérie », a déclaré le ministre des Relations avec le Parlement, Laurent Panifous, ajoutant que Paris n’aurait « rien à gagner à une aggravation de la crise » déjà présente avec Alger.
Cependant, Marine Le Pen, triomphante, a fait valoir qu' »il faut que le gouvernement tienne compte du vote de l’Assemblée nationale », se félicitant d’une « journée que l’on peut qualifier d’historique » pour son parti, dont les initiatives ont d’ordinaire été confrontées à une opposition de principe au Palais Bourbon.
La gauche a tenté de s’opposer au RN, dénonçant par exemple, comme l’Insoumis Bastien Lachaud, les « lubies racistes » et « l’obsession morbide » d’un parti qui « rejoue à l’infini la guerre d’Algérie ».
« Votre histoire, c’est celle d’un parti qui ne prospère que sur la haine de l’autre […] Hier les juifs, aujourd’hui les Arabes, et demain à qui le tour ? », a ajouté le socialiste Laurent Lhardit, tandis que l’écologiste Sabrina Sebaihi, elle-même franco-algérienne, a accusé « le RN et ses alliés (d’être) la dernière survivance politique de la haine coloniale ».
Les quatre groupes de gauche, y compris les communistes, n’ont néanmoins pas rassemblé suffisamment de voix pour faire obstacle, avec 143 votes contre le texte sur un total de 195.
Les critiques se sont particulièrement portées sur Gabriel Attal et son groupe Ensemble pour la République, dont seulement 40 députés sur 92 étaient présents, dont 30 ont voté contre le texte. Le leader du parti Renaissance, qui avait lui-même appelé à dénoncer l’accord de 1968, était absent lors du débat et du vote.
« Ils étaient où les macronistes ? », a questionné le chef du Parti socialiste, Olivier Faure. « Cette voix qui nous a manqué pour faire face au RN, c’est celle de Gabriel Attal », a également déclaré la cheffe de file des écologistes, Cyrielle Chatelain.
La députée LR Laure Miller a critiqué « l’amateurisme » et le « populisme poussé à son paroxysme » du RN, ainsi que cette résolution « brouillonne et inopérante ».
Suite à ce retournement de situation, le RN espère obtenir une seconde victoire grâce à sa proposition de loi visant à rétablir le délit de séjour irrégulier, qu’il considère comme une idée « majoritaire au sein de l’Assemblée », selon Marine Le Pen.
Si le temps le permet, le RN envisage d’autres initiatives à destination de la gauche, avec un texte pour « limiter les frais bancaires », inspiré d’une initiative communiste, et un autre demandant la « gratuité des parkings d’hôpitaux », également soutenue par La France Insoumise (LFI).
En raison de l’embarras suscité par cette situation, le député LFI Éric Coquerel a expliqué que son groupe a pour « règle de ne jamais voter un texte du RN » mais pourrait décider « de ne pas participer au vote ».

