Cinq leçons pour comprendre le concept de nation fasciste.
Des partis et gouvernements en Europe et aux États-Unis se revendiquent du « nationalisme », avec une certaine fascination pour les régimes fascistes du 20e siècle. L’historien Xosé Núñez Seixas souligne que « tout fasciste est nationaliste, mais tout nationaliste n’est pas nécessairement fasciste ».
En Europe, tout comme aux États-Unis à l’époque de Trump, certains partis et gouvernements affichent leur allegiance au « nationalisme », parfois avec une certaine fascination pour les régimes fascistes du 20e siècle. Le nationalisme et le fascisme, deux idéologies politiques fréquemment confondues. Dans le média en ligne d’analyses The Conversation, l’historien Xosé Núñez Seixas apporte toutefois une nuance à cette observation : « Il est vrai que tout fasciste est nationaliste, mais tout nationaliste n’est pas nécessairement fasciste. »
Sur La Première, le professeur à l’Université de Santiago de Compostelle définit le nationalisme comme « l’activation politique et sociale du sentiment d’appartenance national ». L’extrême droite du siècle dernier a radicalisé ce sentiment national, « s’est approprié une version xénophobe et conservatrice du nationalisme », donnant naissance à ce que Xosé Núñez Seixas appelle « la nation fasciste ». Voici cinq critères qu’il évoque et qui restent applicables aujourd’hui.
### La nation fasciste, une vision paramilitaire et darwinienne de la société
Le premier critère se caractérise par une **vision paramilitaire de la société** : « Dans l’armée, il y a quelqu’un qui commande et des soldats qui obéissent, il y a une hiérarchie très claire. » Ainsi, la nation doit fonctionner de la même manière, les citoyens devant accepter de sacrifier leurs droits individuels pour sa défense. L’unité sociale et la solidarité nationale reposent sur des valeurs martiales, telles que « l’héroïsme ou l’interclassisme, c’est-à-dire l’idée qu’en face de l’ennemi, tous les nationaux sont égaux. »
Par conséquent, la nation fasciste « porte toujours la guerre, la violence envers le voisin ». Cet expansionnisme s’appuie sur les sentiments nationalistes de frontières à récupérer, comme l’illustrent l’Italie ou l’Allemagne après la Première Guerre mondiale. Il repose également sur « l’impérialisme des continents et des races » et une **vision darwinienne de la société**, deuxième critère de la nation fasciste. « Les fascistes, comme les néofascistes, pensent qu’il y a des nations fortes et des nations faibles. Donc il faut appartenir au club des nations fortes pour survivre. L’inégalité parmi les nations, le peuple, les races, etc. doit se résoudre à travers la guerre et la domination », explique l’historien.
### La loyauté des partisans tournée vers l’État et son chef
Les régimes fascistes « maintenaient qu’à la différence des conservateurs traditionnels, la politique était toujours en dehors de la sphère du religieux », analyse Xosé Núñez Seixas. Bien que certains de ces régimes aient passé des accords avec l’Église, « la loyauté à la nation est au-dessus de Dieu ».
La religion est l’affaire des prêtres, tandis que la politique est l’affaire des **leaders** fascistes. C’est là le quatrième critère de la nation fasciste : le ** »national-étatisme »**, à savoir l’imbrication de l’État et du régime nationaliste fasciste dans son fonctionnement.
### La figure charismatique du chef tout-puissant, un signe du retour du fascisme ?
La dernière caractéristique de la nation fasciste résonne particulièrement avec nos sociétés contemporaines. Pour l’historien, le ** »leader charismatique est au cœur du nationalisme fasciste »**, du Dulce italien au Führer allemand. Ce meneur serait « l’incarnation des vertus de la nation, le résumé de tous les héros nationaux du passé ».
Aujourd’hui, la quête de citoyens occidentaux pour un leader fort, capable de sortir des crises démocratiques, la désorganisation de l’État fédéral orchestrée par Donald Trump, ou le retour de l’impérialisme dans le monde, pourrait indiquer que le nationalisme fasciste n’est pas entièrement éteint. « Il y a des différences, on ne tue pas encore des gens. Cependant, comme disait Mark Twain, l’histoire ne se répète pas, mais parfois elle s’assemble. Il y a des éléments qui nous rappellent des époques passées. Il faut toujours être vigilant, » prévient Xosé Núñez Seixas.
► **Écoutez l’intégralité de cette interview dans le podcast Les Couleurs de l’info ci-dessus.**

