Belgique

Charleroi, une forêt tropicale : patrimoine archéologique et paléontologique méconnu

La Société Royale d’archéologie et de paléontologie a été créée au milieu du 19e siècle et se trouve au centre de Charleroi. Malgré des partenariats avec des chercheurs et des universités, les trésors archéologiques de la région manquent de moyens pour être conservés correctement.


Pour trouver la Société Royale d’archéologie et de paléontologie, un bon GPS est indispensable, car elle n’est pas très facile d’accès. Au détour d’un bâtiment dans le centre de Charleroi, un petit panneau sur une porte nous conduit vers une grande salle. À l’intérieur, des vitrines abritent des objets datant parfois de plusieurs milliers d’années. Dominique Van Geesbergen, le conservateur du lieu, souhaite mettre en lumière le patrimoine archéologique et paléontologique de Charleroi : « La société est l’une des plus vieilles sociétés scientifiques de Belgique, sa création date du milieu du 19e siècle. »

Pourtant, Charleroi n’est pas forcément la première ville qui vient à l’esprit lorsqu’on pense à l’archéologie. « Oui c’est vrai », concède le conservateur, « d’autres grandes villes wallonnes ont des départements d’archéologie, des musées même. C’est vrai qu’ici, c’est resté assez confidentiel. » Avant l’essor de l’industrie et le charbonnage, l’agriculture était l’activité principale de la région, qui a également connu des périodes où elle était une place forte militaire et commerciale, avec des forges et des artisans travaillant grâce à la présence de la Sambre.

La construction de la forteresse de Charleroi a été un tournant dans le développement de la région. « Et avant les dinosaures, pendant l’ère carbonifère », explique Dominique Van Geesbergen, « Charleroi était une forêt tropicale. » Des fossiles de cette époque ont été découverts dans les charbonnages : « À l’époque, la Société Royale recevait des fossiles trouvés dans les charbonnages par les mineurs. »

Il y a donc un véritable patrimoine historique à découvrir ici, notamment la plus grande collection de grès de Bouffioulx, ainsi qu’une pièce unique : « Il s’agit d’une urne gallo-romaine, certainement en marbre. C’est une pièce exceptionnelle parce qu’il est très rare d’en voir en dehors de l’Italie. Elle sera peut-être un jour classée comme trésor de la Fédération Wallonie-Bruxelles. »

Malgré des collaborations avec des chercheurs de l’Université Libre de Bruxelles et des universités du nord de la France, la Société Royale fait face à un manque de moyens pour conserver correctement ces trésors archéologiques. Elle espère poursuivre son travail de mise en avant de ces vestiges du passé et souhaite que le public puisse plus facilement venir les admirer, afin de réaliser que l’histoire de Charleroi ne se limite pas à son passé industriel.